
Titre Original : The Untold
De : Jonas Quastel
Avec Lance Henriksen, Andrea Roth, Russell Ferrier, Philip Granger
Année : 2002
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Un milliardaire se lance dans le sauvetage de sa fille, disparue depuis peu dans les forêts de la Colombie Britannique…
Avis :
Malgré les témoignages, les photographies ou certaines prises vidéo, l’existence du bigfoot ou du sasquatch n’a jamais été avérée par le corps scientifique. Ce n’est pas faute d’expéditions, d’observations plus ou moins éloignées ou de la découverte d’empreintes de pieds gigantesques. Ce qui s’avance comme l’un des plus grands mythes de la cryptozoologie fait également les beaux jours du cinéma de genre. Depuis les années 1970, les productions se sont enchaînées avec une réussite toute fluctuante. D’honorables séries B en innommables navets, la créature de la forêt est déclinée sous toutes les coutures. À l’image de Traque sauvage, ses atours sont souvent (et malheureusement) peu flatteurs.

Bien que convenu, le prétexte du présent métrage a le mérite d’amorcer l’intrigue sans préambule. Une brève présentation des faits et des protagonistes permet de s’insinuer dans les méandres des contrées reculées de la Colombie-Britannique. Avec pour tête d’affiche Lance Henriksen, ce téléfilm part sur des bases honnêtes, non pour fournir un moment de cinéma d’exception, mais un divertissement intéressant. Preuve en est avec un traitement empreint de sobriété, sans doute pour susciter l’authenticité d’évènements qui semblent s’inspirer de faits réels. Il n’est donc pas question de sombrer dans le sensationnalisme. Le métrage de Jonas Quastel s’affranchit même d’un second degré dédaigneux, trop coutumier à ce type de productions.
« l’intrigue se montre bavarde et lente »
Pour autant, de bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film, à tout le moins acceptable. Très vite, l’intrigue se montre bavarde et lente. Au lieu d’instiller une sensation de peur ou de danger, eu égard à la présence du bigfoot, on nous assène une pénible randonnée dans un cadre mal exploité. À ce titre, l’enchaînement des séquences manque de fluidité. La faute à un montage erratique où les coupes sont évidentes. Il est difficile de distinguer une avancée dans les profondeurs de la forêt. On a surtout l’impression que le casting se contente d’arpenter des zones prédéfinies pour présenter une action ou un fait spécifiques.
Là où il est essentiel de maîtriser la gestion spatiale des lieux, a fortiori d’un environnement sauvage, on assiste à une expédition de sauvetage mal organisée qui réussit l’exploit de ne pas se perdre. La chance leur sourit également lorsqu’il tombe sur les éléments et les objets qu’ils convoitent, sans trop d’efforts ni de recherches. Ce constat se vérifie aussi quand certains membres de l’équipe partent de leur côté ou s’enfuient. Peu importe leur sens de l’orientation, le reste du groupe emprunte la même direction avec une grande précision. À bien des égards, la progression s’avère donc poussive et invraisemblable, en considérant l’étendue de la forêt et le manque de repères notables.
« un métrage qui ne présente pas de grand intérêt »
Quant au bigfoot, il tarde à se montrer. Alors que sa présence est à peine suggérée durant la majeure partie du métrage, ses rares manifestations se cantonnent à des grognements et de furtifs passages entre les arbres où l’on remarque à peine sa silhouette. Cela sans oublier une vue subjective avec une perception « améliorée » pour distinguer ses proies. On pourrait soupçonner une vision thermique, mais le résultat est plus que douteux pour confirmer cette capacité. Enfin, quand on l’aperçoit dans son ensemble, le design de la créature privilégie des trucages classiques à des effets numériques hideux. Ce qui rend son apparence plus crédible que le reste du film.

Au final, Traque sauvage est un métrage qui ne présente pas de grand intérêt, tant son scénario se révèle creux et circonspect dans l’évocation des faits. Si le traitement s’avère sérieux et évite tout pastiche du sujet, l’intrigue s’empêtre dans une pénible exploration. Le manque d’évènements notables et les découvertes opportunes de l’expédition rendent l’ensemble trop évident pour être plausibles. Si le cadre n’est jamais exploité à bon escient, la créature reste également en retrait, sûrement pour laisser le temps aux protagonistes de déblatérer leurs lignes de dialogues d’une pauvreté affligeante. En l’absence d’une présence manifeste, on recourt à une vision thermique ratée. Au même titre que le montage ou la progression générale, un subterfuge vain et bien maladroit.
Note : 08/20
Par Dante