Avis :
Il est très compliqué de s’écarter de ses modèles lorsque l’on a envie de faire de la musique. On a tous en tête une bibliothèque mentale qui fait que bien malgré nous, on ressasse parfois le passé et ce qui nous a construits. Prenons un exemple tout simple, Motionless in White. Groupe de Metalcore fondé en 2005 en Pennsylvanie autour du chanteur Chris Cerulli, la formation va se stabiliser à la fin des années 2000 pour fournir un premier album remarqué en 2010 avec Creatures. Continuant son petit bonhomme de chemin, Motionless in White va subir les adages du temps avec des changements de line-up, mais surtout une évolution constante et des références qui se voient de plus en plus. Un soupçon de Marylin Manson pour le style, quelques éléments de Slipknot pour la violence brute de certains morceaux, un peu d’Adema pour rajouter de l’émotion, des prestations scéniques toujours intéressantes et même quelques allusions à Rob Zombie, Motionless in White, c’est un peu un pot-pourri de tout ça et même si on prend un sacré plaisir à écouter chaque album, on en ressort toujours un poil mitigé à cause de cette propension à refaire des choses déjà entendues. Avec Disguise, cinquième opus du groupe, la ligne blanche est presque franchie, et on se demande parfois si le groupe a des choses à dire ou s’il veut juste être vu.
Le skeud débute avec Disguise, le titre éponyme de l’album. La surprise n’est pas de mise puisqu’il s’agit du premier single pour vendre l’album et globalement, on reste très clairement dans du Motionless in White. C’est assez dense, on retrouve un chant crié dans les couplets et un chant clair dans les refrains, ainsi que des paroles qui collent au groupe, sur le mal-être et l’apparence en société. Il n’y a pas grand-chose à dire sur ce titre, c’est propre, la production est lourde et globalement, on passe un agréable moment sur ce titre. C’est d’ailleurs peut-être celui qui est le plus personnel du groupe, à savoir celui qui ressemble le plus à l’identité propre de la formation et de son image. Avec Headache, le groupe continue sur sa lancée et offre un autre excellent titre, même s’il ressemble énormément au précédent, que ce soit en termes de structure ou de rythmique. Cependant, difficile de ne pas céder face aux « shut up » hurlés par le chanteur qui s’en donne à cœur joie. C’est puissant et toujours fait avec une énergie débordante. C’est avec C0de que les choses vont changer. Si on retrouve toujours une violence intrinsèque à l’ensemble, on se rapproche doucement d’un métal indus à consonance à la Korn. Le couplet est en chant clair, le refrain se veut ultra catchy et très accessible et on se retrouve finalement avec le morceau le plus mercantile de l’album, malgré quelques cris bien sentis et des riffs toujours plus lourds. Avec Thoughts & Prayers, le groupe part sur les sentiers du Nu-Métal surpuissant et cela ressemble à s’y méprendre à du Slipknot. On pourrait presque croire à du plagiat et même si ça reste efficace, cela peut déranger un poil…
Legacy, qui entame en quelque sorte la seconde moitié du skeud, se veut plus doux, plus touchant dans sa façon d’arriver, et on va vite noter comment le groupe espère donner de l’émotion dans son titre. Moins de cris, un clavier plus présent et surtout, un refrain relativement pop avec des éléments électro. On sort un petit de l’album avec ce morceau, même s’il contient des passages un peu plus puissants. Fort heureusement, le groupe revient au galop avec Undead Ahead 2 : The Tale of the Midnight Ride. Grandiloquent dans sa façon de faire, sortant les violons et les chœurs féminins, on nage en pleine orchestration dantesque et c’est tant mieux. Cela permet au groupe de montrer sa faculté à créer des éléments plus gothiques et qui collent parfaitement à leur imagerie. Le titre demeure intéressant, même s’il reste dans la droite lignée de ce que propose le groupe, avec son refrain toujours catchy et entêtant. Par la suite, on fera face à deux morceaux un peu bouche-trou. Holding on to Smoke est très classique et n’existe que pour son final surpuissant, alors qu’Another Life est un peu la ballade de l’album, qui ressemble étrangement à du Adema, qui fut à la mode au début des années 2000, ce qui fait un peu démodé, malheureusement. Si la fibre nostalgique peut fonctionner, sur sa construction, on reste dans quelque chose de très banal. Mais la surprise viendra du très Rob Zombie Broadcasting From Beyond the Grave : Death Inc. Mélange de rock, métal et électro diffusé sur les ondes radio, le titre est sympathique, lourd, même si, encore une fois, il reste trop référencé. Brand New Numb est un morceau générique relativement décevant mais qui s’ancre rapidement dans nos cerveaux, ce qui provoque finalement un sentiment étrange. Enfin, Catharsis est générique à souhait et clôture l’album de la plus discrète des façons.
Au final, Disguise, le dernier album en date de Motionless in White, est symptomatique de ce groupe qui reste sympathique au demeurant. En effet, Si l’album peut tourner en boucle et les refrains rentrent très vite en tête, on entend trop les influences et on sent que le groupe peine à raconter vraiment quelque chose. Groupe de poseur ? Peut-être, mais on ne peut nier le talent du groupe et son énergie débordante, qui transparait dans cet album inégal, mais relativement agréable.
- Disguise
- Headache
- C0de
- Thoughts & Prayers
- Legacy
- Undead Ahead 2 : The Tale of the Midnight Ride
- Holding on to Smoke
- Another Life
- Broadcasting From the Grave: Death Inc.
- Brand New Numb
- Catharsis
Note: 14/20
Par AqME