septembre 26, 2025

Between the Buried and Me – The Blue Nowhere

Avis :

Quand on est un groupe de métal progressif, on a toujours tendance à vouloir dépasser les limites pour proposer des expériences uniques à son auditorat. Et parfois, ça va trop loin. On ne compte plus le nombre de disques qui ressemblent plus à de la branlette pseudo intellectuelle qu’à un effort destiné à un public. Dans ce genre d’exercice, on peut citer Steven Wilson qui, au sein de la rédaction, nous laisse totalement de marbre. Between the Buried and Me pourrait aussi rentrer dans cette catégorie. Groupe américain inclassable, il vient de sortir son onzième album, The Blue Nowhere, qui marque plusieurs changements, comme l’absence du guitariste Dustie Waring (c’est Paul Waggoner qui s’occupera de toutes les guitares), le fait que le groupe soit devenu un quatuor, ou encore que la formation ait changé de label, signant alors chez Inside Out Music.

Quand on aborde ce nouvel opus, on ne sait pas trop à quoi s’attendre, surtout qu’il est totalement original dans son approche, et doit se percevoir comme une expérience à proprement parler. La jaquette représente une tête de profil, avec un intérieur un peu bizarre, et c’est sans doute de cette psyché malade dont il va être question. En effet, le groupe ne se laisse pas aller à un seul genre, abordant toute une flopée de genres, s’éloignant volontairement du métal, pour le mélanger à des choses incongrues, mais qui fonctionnent à merveille, et font de cet album un voyage déroutant mais passionnant. D’ailleurs, le premier titre pose les bases. Things we Tell Ourselves in the Dark débute comme un délire funky, à grands renforts de clavier, cuivres et rythmiques syncopées où la basse occupe une place prépondérante. C’est délirant, et ça peut faire penser à du Faith No More.

Bien évidemment, les choses se déroulent de façon inattendue, avec notamment une voix qui se durcit au fil du temps, ainsi qu’une batterie qui va blaster petit à petit, jusqu’à parvenir à un moment grâcieux dans le refrain, puis une nervosité tacite sur la seconde moitié du titre. Ici, on est à huit de morceau, et l’ennui n’est jamais présent, avec toutes ces variations. Alors oui, on pourrait se sentir perdu, mais pourtant, tout tient la route dans une relative cohérence. God Terror se présente sous d’autres auspices. Le début se fait très malaisant, avec une ligne de basse sombre, un clavier très darkwave, et une évolution qui se dirige presque vers un Métal Indus à la Nine Inch Nails. Le résultat est noir, huileux, et il propose aussi un énorme break qui fait mal à la nuque. Bref, c’est complexe, plein de nuances, et ça frappe très fort.

Absent Thereafter semble provenir d’une rage trop longtemps contenue. Le démarrage est violent, percutant, mais avec toujours des éléments étranges qui viennent se glisser. On pense à cette guitare rock n’roll, à ces cuivres qui se glissent au sein d’un chant crié puissant, et à ce délire jazzy qui émane d’un peu partout. Jusqu’à un final honky tonk de l’enfer qui démontre toutes les nuances du groupe, qui pousse toutes les limites connues pour fournir quelque chose d’inédit et de complètement loufoque. Il est clair que cela peut en dérouter plus d’un, mais il faut voir ça comme le voyage d’un cerveau malade, à travers des expérimentations zinzins dont il en émane un délire créatif grandiloquent. Heureusement, Pause nous permettra de prendre un peu de recul avant de se prendre une nouvelle secousse via Door #3. Sur ce titre, le groupe joue la carte du clownesque, du cirque ambulant.

On y retrouve des riffs agressifs, un chant guttural, mais une orchestration qui fait écho à un spectacle sous chapiteau. Le côté Avatar (le groupe suédois, pas le film de James Cameron avec des schtroumpfs en images de synthèse) se fait sentir, mais avec des expérimentations qui frôlent l’indigestion tant ça part dans tous les sens, et sans vraiment se poser de limite. Mais c’est aussi ça qui est vraiment intéressant dans ce délire complètement fou. Psychomanteum propose un délire Death mais avec des bizarreries qui popent dans tous les sens, syndrome d’un cerveau malade qui peut nous perdre. Puis Slow Paranoia se la jouera opéra et valse, pour mieux nous cueillir sur son final orchestral puissant. Reste alors les deux derniers morceaux, beaucoup plus épurés. The Blue Nowhere permet de partir dans un nuage de douceur. Puis Beautifully Human clôture le tout avec beauté et épuration.

Au final, The Blue Nowhere, le dernier album en date de Between the Buried and Me, est un délire orgasmique qui peut laisser plus d’une personne sur le carreau. Doté d’une volonté créatrice folle, n’hésitant pas à dépasser toutes les limites pour expérimenter jusqu’à la lie, les américains déversent un laboratoire bouillonnant, où la fumée et les explosions font naître les plus belles particules, dans un mélange onirique, puissant et génial. Peut-être l’un des albums de l’année.

  • Things we Tell Ourselves in the Dark
  • God Terror
  • Absent Thereafter
  • Pause
  • Door #3
  • Mirador Uncoil
  • Psychomanteum
  • Slow Paranoia
  • The Blue Nowhere
  • Beautifully Human

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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