
De : Jim Cummings
Avec Jim Cummings, Robert Forster, Riki Lindhome, Chloe East
Année : 2020
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Horreur, Comédie
Résumé :
Un shérif d’une petite ville doit faire face à son mariage qui prend l’eau et à la rébellion de sa fille tout en mettant la main sur le criminel qui commet des meurtres brutaux à chaque nuit de pleine lune…
Avis :
Parmi toutes les figures horrifiques issues du cinéma fantastique, le loup-garou reste un petit peu à la traîne. On trouve, par exemple, beaucoup plus de films de vampires, de zombies ou encore de fantômes, que de ce pauvre homme coincé dans une malédiction le transformant en machine à tuer les soirs de pleine lune. Alors forcément, quand un type issu du cinéma indépendant américain comme Jim Cummings souhaite s’emparer du mythe, cela attise la curiosité. D’autant plus lorsque le film demeure encore confidentiel, et une exclusivité en France, disponible uniquement depuis peu sur Prime Video. The Wolf of Snow Hollow est une promesse. En effet, la communication autour du film promet un thriller horrifique teinté de comédie, avec des meurtres qui se déroulent dans une petite station de ski, et forcément, ça sent un peu le renouveau. Mais il ne faut pas oublier que ce long-métrage est seulement le second de son réalisateur.

Néanmoins, même si on se doute que le budget n’a pas dû être grandiloquent, dès le début, The Wolf of Snow Hollow est beau à regarder. La mise en scène n’est pas faramineuse, elle ne va pas combler nos rétines, mais on reste dans une volonté de faire du cinéma, et non pas un téléfilm. Jim Cummings met en avant de jolis décors hivernaux, ainsi qu’un couple qui décide se faire un petit weekend en amoureux. La tension va s’installer rapidement, non pas autour des amoureux, mais autour de l’homme du couple et des locaux. Le ton monte à cause d’insultes homophobes (une lutte redondante chez Jim Cummings), et on sent une certaine lutte des classes entre le pécore et le citadin. Mais les choses se calment vite, revenant alors à nos tourtereaux, et à une demande en mariage qui va tourner court.
« The Wolf of Snow Hollow est plus qu’un simple thriller. »
L’introduction permet alors de présenter le premier meurtre, jouant bien évidemment sur l’hors-champ pour titiller notre curiosité. En commençant comme cela, le réalisateur nous tient en haleine, et il va permettre d’introduire son personnage principal, ce pauvre flic qui lutte sur presque tous les fronts. On nous le présente comme un ancien alcoolique qui a arrêté de boire depuis trois ans, mais qui doit faire face à un divorce douloureux, une fille post-ado qui ne l’écoute pas, ainsi qu’un père shérif qui a un souffle au cœur mais qui refuse de lui céder sa place. Ajoutez à cela une équipe de bras cassés et la coupe est pleine pour ce policier sous pression qui perd pied au fur et à mesure de l’enquête, avec la pression des habitants, des médias et des touristes. En ce sens, The Wolf of Snow Hollow est plus qu’un simple thriller.
En jouant avec des codes sociétaux, Jim Cummings donne du poids à son personnage, qui devient alors très intéressant à suivre dans son évolution. Colérique, cédant parfois à ses pulsions, l’affaire en cours le met face à son incapacité à prendre des décisions, ou à écouter les gens autour de lui. Le long-métrage est bien plus qu’un film sur un potentiel loup-garou qui bute des gens les soirs de pleine lune. D’ailleurs, là-dessus, le scénario maintient constamment son suspens, ne voulant jamais dévoiler ses cartes autour de l’origine de c fameux loup-garou, certains cédant rapidement à l’existence même de cette créature légendaire, et d’autres, dont le héros, pensant qu’il s’agit-là d’un tueur en série se faisant passer pour un loup. Même au niveau de la mise en scène, Jim Cummings garde ses secrets, avec des attaques fugaces, mais qui prennent de plus en plus d’ampleur.
« une résolution trop fugace »
C’est là l’un des points forts de ce film, qui en dévoile, attaque après attaque, un peu plus, tout en arrivant à maintenir une tension palpable. Certaines scènes sont même belles à voir, à l’image de cette deuxième attaque où l’on va voir le loup se relever, montrant sa grandeur et sa stature. Même le final se révèle très plaisant à regarder, et cela malgré un manque flagrant de budget dans la technique, avec une scène d’action qui manque cruellement de vivacité et de violence. On sera néanmoins surpris par la tournure des choses. On pourrait reprocher au film de fournir une résolution trop fugace, mais la révélation finale est plutôt bien fichue d’un point de vue graphique. Certes, l’écriture est simpliste et il est impossible pour le spectateur de jouer l’inspecteur, mais la toute fin est plutôt satisfaisante, rentrant dans le carcan des films indépendants américains.

Au final, The Wolf of Snow Hollow est un film très intéressant de par son ton, et de par sa mise en scène. Les éléments comiques sont présents, mais ils demeurent assez discrets, et ne prennent jamais le pas sur la tension, ou cette envie de faire un thriller à part. Jim Cummings possède un univers très particulier, qu’il arrive à transposer dans tous les genres, tout en puisant dans des réflexions sociétales importantes et riches. Bien qu’imparfait, ce film démontre un réalisateur/acteur talentueux, qui peut se mettre dans tous les genres avec brio, trouvant un bel équilibre entre horreur, thriller, et un humour qui ne prend jamais le pas sur le reste.
Note : 14/20
Par AqME