septembre 26, 2025

Lorna Shore – I Feel the Everblack Festering Within Me

Avis :

Cela fait quelques années maintenant que le métal est devenu relativement mainstream. Pas au point de rivaliser avec la musique urbaine, mais il n’est pas rare de voir maintenant des albums de métal dans les meilleures ventes en France. Et parfois, cela concerne du métal très énervé. Pas juste du métal alternatif ou un groupe bien installé depuis des décennies, mais de relatifs jeunes qui beuglent à tout va. Si Lorna Shore se forme en 2009, c’est surtout à partir de 2021 et l’arrivée de Will Ramos au chant que la formation américaine devient quasi virale. Outre le chant d’outre-tombe impressionnant de maîtrise de son nouveau frontman, le groupe décide de calquer des orchestrations symphoniques à son Deathcore surpuissant pour faire des hymnes épiques et grandiloquents. Le résultat ne se fait pas attendre, et dès l’EP … And I Return to Nothingness, le succès est présent.

La plus grosse claque proviendra de Pain Remains, sorti en 2022, qui va faire un tollé et ameuter en masse des fans de tout horizon. Les prestations scéniques suivent, le groupe tient la route, et le guitariste Adam De Micco fait étalage d’un savoir-faire qui laisse bouche-bée. Bref, la machine est lancée, et rien ne semble pouvoir freiner le groupe. C’est donc trois ans plus tard que déboule le nouvel opus de Lorna Shore, au titre long comme un film de Christopher Nolan, I Feel the Everblack Festering Within Me. Ce cinquième album suit les pas de son grand frère, c’est-à-dire qu’il verse encore dans un Deathcore symphonique qui fait la part belle aux grognements de son chanteur, mais aussi à des orchestrations impressionnantes, qui permettent de donner un élan épique à chaque morceau. Pas de surprise donc, et c’est là que le bât blesse.

Alors attention, l’album est d’excellente facture. Il n’y a pas à tortiller du cul pour chier droit, ce cinquième album est une réussite sur quasiment tous ses points. On y retrouve tous les éléments qui ont fait le succès du groupe. Le skeud débute avec Prison of Flesh, un morceau percutant et doté d’une grosse force évocatrice où il est question de mal-être. Le démarrage est tonitruant, avec un énorme blast et un chant guttural qui fracasse tout sur son passage. On y retrouve quelques chœurs féminins étonnants, et le batteur semble provenir d’une autre dimension. Bref, c’est tout ce que l’on attend de Lorna Shore, avec un refrain qui use de toutes les ficelles du symphonique. Le problème, c’est que même si c’est plus abouti que sur le précédent opus, on reste sur une recette identique, et l’effet de surprise n’est plus.

Oblivion suit à peu de chose près les mêmes pas que le morceau précédent, avec une place un peu plus prépondérante pour les guitares, mais encore une fois, c’est l’aspect orchestral qui l’emporte sur le reste. Et le refrain qui, pour le coup, est vraiment excellent, avec ce cri du cœur qui hurle « what have we done ». In Darkness démarrera de façon plus calme, avec presque un moment solennel et religieux avant de partir en eau de boudin et de nous fracasser avec du blast à tout va et une puissance qui laisse béat. On notera tout de même que sur ce morceau, il y a plus de moments pour respirer, et que la structure est plus aérée, donnant alors plus de poids aux passages plus percutants. Unbreakable sera un titre étonnement plus épuré, plus direct, démontrant que le groupe peut aussi faire des titres plus mainstreams.

C’est alors que surgit Glenwood, et encore une fois, le groupe américain va surprendre. Malgré toute la violence latente du titre, on retrouve une belle sensibilité qui peut émouvoir. Une preuve que le Deathcore peut aussi se faire sensible, sans pour autant renier son style. Par la suite, la formation va se reposer un peu sur ses lauriers. Les morceaux sont bons, mais ils sont moins impactants, car ils reposent sur une construction connue et qui manquent d’éléments marquants. Lionheart, Death can Take me, War Machine ou encore A Nameless Hymn sont d’excellents titres, qui ont parfaitement leur place dans l’album, mais ce sont des pistes qui restent dans un carcan imposé, sans sortir du cadre que le groupe semble s’imposer. Forevermore, qui vient clôturer l’ensemble, sera plus intéressant dans sa montée en puissance, sa douceur au début, ses chants féminins et sa construction plus alambiquée.

Au final, I Feel the Everblack Festering Within Me, le dernier album de Lorna Shore, s’avère être un excellent album, qui suit les pas de son grand frère. On y retrouve tout ce qui fait l’identité du groupe, et son succès, avec un Deathcore massif, un chant possédé, et des orchestrations épiques. Néanmoins, même s’il peut paraître plus abouti que le précédent, l’effet de surprise n’est plus, et on espère vraiment que le groupe va se renouveler sur un prochain effort, sinon, on risque de tourner en rond, ce qui n’est guère bon signe…

  • Prison of Flesh
  • Oblivion
  • In Darkness
  • Unbreakable
  • Glenwood
  • Lionheart
  • Death can Take Me
  • War Machine
  • A Nameless Hymn
  • Forevermore

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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