septembre 26, 2025

Alpha – Loup(é)?

De : Albert Hughes

Avec Kodi Smit-McPhee, Johannes Haukur Johannesson, Marcin Kowalczyk, Jens Hulten

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Aventure

Résumé :

En Europe, il y a 20 000 ans, durant l’ère Paléolithique supérieur, un jeune homme part braver une nature dangereuse et inhospitalière afin de retrouver le chemin de sa tribu.

Avis :

Les films historiques sont monnaie courante. Il y a en a pour toutes les époques, pour tous les goûts, et cela va du film fantastique au film historique pur et dur. Cependant, il y a une époque qui est moins représentée que les autres, la préhistoire. Il faut dire que ce n’est pas facile de faire un film autour des hommes préhistoriques, car on a peu d’éléments historiques sur leur mode de vie, leur façon de communiquer, et la barrière de la langue peut en refroidir plus d’un. Ceci étant, il existe des longs-métrages qui ont pris ce risque, et cela s’est avéré payant à plus d’un titre. Séparé de son frère pour on ne sait quelle raison, Albert Hughes décide en 2018 de faire Alpha, un film sur le premier homme préhistorique à apprivoiser un loup. L’idée peut paraître saugrenue et difficilement mettable en images, et pourtant…

Le film débute de suite sur une bande d’hommes préhistoriques qui chassent l’auroch. Dans cette bande, on devine rapidement qui est le chef, et il a amené avec lui son fils, dont c’est la première chasse. Très vite, le réalisateur nous montre qu’il ne vise pas forcément un film historique, puisque les hommes parlent normalement, et ne communiquent pas entre eux avec des borborygmes. Cela va permettre de rendre le film lisible, et plus facile d’accès, même si on a tout de même un drôle de décalage. Ce début va alors mettre en place l’élément perturbateur, à savoir le fiston qui se prend dans les cornes d’une bestiole, et cette dernière le balance du haut d’une falaise. Le garçon est laissé pour mort sur une corniche, et histoire de lui donner un peu d’épaisseur, le réalisateur va faire un rapide flashback.

« Albert Hughes propose alors une belle vision de l’amitié entre l’homme et l’animal »

Là, on apprend comment ce jeune homme s’est retrouvé chasseur, on y voit quelques rituels un peu barbares, puis une longue marche pour atteindre le fameux troupeau avec une autre tribu. Cela n’apporte pas grand-chose au moulin, mais l’essai est louable, nous présentant alors un adolescent un peu faiblard, loin des attentes de son père, et qui refuse tout bêtement d’ôter la vie à un sanglier pour nourrir la tribu. Bref, on retrouve le sempiternel couplet du fiston qui fait un peu honte à son paternel, ce dernier attendant que son fils soit meilleur que lui, plus fort, plus violent, plus sanglant. Par la suite, le film suit un chemin tout tracé. Le jeune homme survit à sa chute, et il va avancer pour retrouver sa tribu. En cours de chemin, il blesse un loup, il va alors le soigner, et il va devenir son acolyte, jusqu’à sa tribu.

Et le film s‘arrête-là. Alpha est juste l’histoire d’un long chemin parsemé d’embûches lors duquel l’homme et l’animal vont s’allier pour survivre. Dans son fond, le film de Albert Hughes propose alors une belle vision de l’amitié entre l’homme et l’animal, montrant que les deux se complètent pour survivre, jusqu’à devenir des frères. Et quand l’un est en difficulté, l’autre est là pour l’aider, usant de stratagèmes propres à son espèce. Bien évidemment, le film met aussi en exergue que l’on peut paraître faible, mais que lorsqu’il n’y a plus de choix pour survivre, il faut devenir fort. Le héros est obligé de s’obstiner à faire du feu, tout comme il va devoir tuer pour se nourrir. C’est l’histoire d’un passage à l’âge adulte, mais qui se fait avec un compagnon, démontrant que seul, il est parfois difficile de se dépasser, et que l’aide d’un autre est primordial.

« On peut le dire, Alpha est un film qui est laid »

Néanmoins, Alpha n’est pas forcément un bon film. Il est perclus de petits défauts qui font que l’on peut très vite d’ennuyer. Et en premier lieu, on peut évoquer la mise en scène. On peut le dire, Alpha est un film qui est laid. Le réalisateur use et abuse de fonds verts, cela se voit, et l’ensemble manque cruellement de décors naturels. Tout comme les gros animaux qui peuplent le long-métrage, les images de synthèse ne sont pas optimales. On a un petit effet « 300 », mais cela ne colle ni avec l’époque, ni avec l’ambiance choisie. De plus, le choix de faire parler ses personnages en anglais ne fonctionne pas. On a du mal à croire à ce langage déjà si développé, où des insultes peuvent sortir de la bouche du héros. Et au niveau du casting, Kodi Smit-McPhee n’est guère convaincant, malgré son envie de bien faire.

Au final, Alpha demeure un film divertissant sur l’instant, mais auquel il manque plein de petits points d’intérêt. On sent que le réalisateur veut faire un personnage faible qui est obligé de devenir fort, mais il n’arrive pas à le rendre empathique. On aura plus de ressentis pour le loup, alors même qu’il a moins de background. De plus, la réalisation manque d’épaisseur et de grandiloquence. Si les évènements que vit le héros sont impressionnants, on reste face à un film blindé de fonds verts, et qui a l’envergure d’une salle de bains peinte en vert. Bref, aussi divertissant soit-il, Alpha manque le coche d’être un film « préhistorique » intéressant.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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