
Titre Original : Eenie Meanie
De : Shawn Simmons
Avec Samara Weaving, Karl Glusman, Andy Garcia, Randall Park
Année : 2025
Pays : Etats-Unis
Genre : Action, Thriller, Comédie
Résumé :
Une jeune femme, ancienne conductrice en fuite, reçoit de la part de son employeur une chance de sauver la vie de son ex-petit ami.
Avis :
Il y a des carrières qui ne s’expliquent pas. Les choix et les envies de tout un chacun font que parfois, des acteurs et des réalisateurs prennent des directions étonnantes, ou s’enferment dans des genres, au point de ne pas avoir la carrière escomptée. Si Shawn Simmons est un jeune réalisateur qui a commencé dans les séries, on verra plus son nom dans les génériques en tant que scénariste. Plus étonnant, la carrière de Samara Weaving peut interroger. Cette dernière suit les pas de son oncle, Hugo Weaving, mais elle s’enferme très vite dans l’horreur, ou plutôt la comédie horrifique. Talentueuse, on attendait la jeune femme ailleurs que sur des films préconstruits et taillés pour le streaming, mais visiblement, ses choix sont tout autre, et la voilà aux commandes de Wild Speed Girl, thriller, film d’action et comédie qui souffre de son aspect presque télévisuel.

Le pitch du film raconte la vie de Edie, une jeune femme dont le père adoptif lui a appris tous les rouages du truandage, et notamment comment conduire une voiture lors d’un braquage ou d’un délit de fuite. Le film débute alors dans les années 90, avec pour introduction un beau-père qui lui demande de fuir la police, lui indiquant que sa mère a sur elle une forte quantité de cocaïne, et qu’elle risque alors la prison. L’ambiance du film est donc posée, on sera sur un long-métrage évoquant les gangsters et l’Amérique des laissés-pour-compte, ceux qui vivotent comme ils le peuvent, en tentant alors de braver les interdits. Cependant, nous n’aurons pas de course-poursuite, l’introduction s’arrêtant sur les larmes de cette adolescente qui doit déjà prendre des risques et voir sa vie chamboulée. Un choix artistique ou un manque de budget, on ne sait pas trop.
« Shawn Simmons montre un joli savoir-faire »
Quoi qu’il en soit, le film fait alors une longue marche en avant, puisqu’on se retrouve vingt ans plus tard, avec une Edie qui essaye de se ranger en faisant des études de droit. On remarquera que malgré toutes les bonnes volontés du monde, elle semble attirer le malheur sur elle, puisqu’en parallèle de ses études, elle bosse dans une banque, qui va se faire braquer, et elle va en ressentir blessée à la tête. On lui annonce alors qu’elle est enceinte, et elle décide d’aller voir le père pour lui dire. Mais ce dernier est aux prises avec la mafia, car il doit de l’argent à l’ancien employé d’Edie. Pour rembourser cette dette, elle va devoir jouer les conductrices pour son amour, et faire de nouveau équipe avec la mafia. A partir de ce moment-là, le film se réveille un peu.
En effet, la mise en scène devient plus dynamique, et on a droit à des séquences d’action qui tiennent la route. Entre le fait de sauver son homme, qui se retrouve nu dans la rue, et semer les patrouilles de police pour se retrouver tranquille, Shawn Simmons montre un joli savoir-faire, même si on a connu mieux. Il ne faut pas oublier que le film n’a pas bénéficié d’une sortie en salle, et ce n’est pas anodin. Là-dessus, l’histoire devient un peu plus nébuleuse, mais elle va tout faire pour présenter ce nouveau personnage, John, un looser magnifique, un aimant à merde, mais pour qui Edie éprouve de véritables sentiments. On aura droit à des flashbacks qui permettent la construction du duo ; et de façon globale, c’est plutôt bien fichu. Ce n’est pas la panacée, mais ça fait amplement le job, avec une belle évolution des sentiments.
« le film va pêcher sur certains aspects importants. »
Néanmoins, le film va pêcher sur certains aspects importants. Notamment la création de l’équipe qui demeure simpliste au possible, avec des seconds rôles qui ne sont pas du tout travaillés. La mise en place du plan est cahoteuse au possible, avec un certain sens de la non-préparation. On sent que le scénario ne mise pas forcément là-dessus, mais plutôt sur l’action finale, qui se veut nerveuse. Mais là encore, un gros défaut vient s’inviter à la fête, l’arrivée d’un bad guy qui résonne avec le background du duo, mais qui manque cruellement d’épaisseur. Il y avait bien mieux à faire avec tout ce bazar, et forcément, les séquences d’action manquent d’impact. On regarde cela de manière détachée, sans éprouver la moindre crainte pour les personnages. Et pourtant…
Le film offre un dernier tiers très intéressant dans sa démarche. Le scénariste et réalisateur décide alors de donner un aspect dramaturgique à son couple et à son histoire, avec un geste déchirant, et pourtant nécessaire. Là-dessus, le film est vraiment malin et propose quelque chose d’inattendu, et qui permet de travailler autour de la liberté, de son libre-arbitre, et des choix à faire pour pouvoir vivre sainement, tout simplement. Loin des clichés du couple à la Bonnie & Clyde, Wild Speed Girl s’évertue à proposer une version différente, dramatique, et savamment bien amenée. Néanmoins, la toute fin est bien trop longue et moins impactante que prévu, et on se demande bien pourquoi le réalisateur décide d’étirer son film sur un tout dernier acte inutile, et pas forcément intéressant. Il y avait tellement mieux à proposer.

Au final, Wild Speed Girl est un film qui est injustement noté sur les méandres du net. Si on est loin d’un thriller d’action à tendance humour vraiment excellent, on reste dans le divertissement honnête qui essaye de raconter une histoire originale, tout en proposant une fin dramatique, voire tragique. La mise en scène est correcte, les scènes d’action sont lisibles et bien fichues, et les acteurs sont plutôt bons et investis, ce qui fait que ce film, directement tombé sur la plateforme Disney+, mérite amplement le coup d’œil, ne serait-ce que pour passer une agréable soirée sans forcément se prendre la tête.
Note : 14/20
Par AqME