
De : Ashley Hays Wright
Avec Kyle Crary, Cadence Wright, David Owen Wright, Jaina Wright
Année : 2025
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Deux sœurs vivent isolées dans leur ferme, et doivent faire face à l’inimaginable, l’attaque d’un Bigfoot.
Avis :
Comme d’autres prédateurs naturels ou issus de la cryptozoologie, le bigfoot est une créature aussi prisée que malmenée dans le domaine du septième art. On ne compte plus les itérations où l’hominidé a fait les beaux jours de séries B convenues, sinon opportunistes et dénuées d’originalité. À l’image de Bigfoot Vs D.B. Cooper ou The Man Who Killed Hitler and Then the Bigfoot, on a eu droit à des productions qui rivalisent de stupidité pour aborder le sujet sous un angle « fun » et aberrant. Avec Bigfoot – Blood on the Farm, on s’immisce dans les affres de la série Z. À l’endroit même où des acteurs perdus dans leurs costumes de singe achetés au Walmart du coin s’amusent à effrayer deux sœurs dans une fermette isolée. Tout un programme !

Bigfoot – Blood on the Farm, c’est avant tout une affaire de famille. En l’occurrence, les Wright gèrent l’ensemble des aspects liés à leur pérégrination cinématographique. Cette dernière se noie sous un florilège d’autres productions tout aussi mal fagotées. Qu’il s’agisse de courts-métrages ou de films un peu plus consistants, ils sont parvenus à concrétiser une cinquantaine de projets, en l’espace de six ans. Un tel rendement ne peut que laisser perplexe quant à leur qualité finale et aux moyens déployés. Parmi ceux-ci, on peut évoquer Bigfoot – Grip of the Monster. Si l’équipe demeure presque la même devant ou derrière la caméra, la production reste indépendante du présent métrage.
« la créature se résume à un pauvre type en costume »
Dans un cadre champêtre, on découvre le quotidien d’une famille monoparentale qui s’évertue à maintenir un semblant de cohésion, à la suite d’un deuil. Dans le domaine des bobines méconnues, les Wright sont réputés pour insuffler quelques messages religieux qui lorgnent vers le prosélytisme. En l’occurrence, l’intrigue ne s’empêtre pas dans de telles considérations, mais elle s’attarde sur les vertus du labeur, sans oublier les valeurs de respect et d’abnégation qui découlent du cercle familial. À cela s’ajoutent une passion ostentatoire pour la pratique du survivalisme et l’indéfectible intérêt porté au 2e amendement de la constitution des États-Unis. Sur fond de musiques bucoliques, le décor est donc planté.
Aussi agaçante qu’improbable, la bande-son est de piètre compagnie pour exposer des séquences qui font la part belle aux corvées quotidiennes. Cela tient surtout à l’entretien de la maison ou à nourrir les animaux de la ferme. Autant de tâches censées traduire le courage et la maturité des deux jeunes protagonistes. La présence du Bigfoot est tout d’abord suggérée avant que les attaques ne s’ensuivent. En dépit de l’indigence de l’entreprise, la créature aime se faire remarquer. Comme évoqué un peu plus haut, elle se résume à un pauvre type en costume. Il suffit de s’attarder sur la difficulté de ses gestes et déplacements ou son faciès de caoutchouc pour constater l’ampleur de la catastrophe.
« Il n’y a aucune cohérence dans les confrontations ou leur issue respective. »
Aux quatre coins de la propriété, on assiste à une interminable traque où les rapports de force varient avec la constance de la bourse. Il n’y a aucune cohérence dans les confrontations ou leur issue respective. En toute décontraction, les actrices se cachent ou frappent à un endroit sensible pour se débarrasser de l’importun. Mention spéciale lors du combat à mains nues entre le bigfoot et l’une des deux sœurs. On peut aussi s’amuser des multiples blessures que la créature subit avant de revenir à la charge ou de la scène où la musique de l’autoradio le fait fuir. Au vu des piètres mélodies crachées par le haut-parleur, cela demeure toutefois compréhensible… Il reste une ultime séquence où le plan des jeunes filles s’apparente à un exécrable amalgame de MacGyver et Maman, j’ai raté l’avion.

Au final, Bigfoot – Blood on the Farm constitue une douloureuse expérience cinématographique. La proposition des Wright aboutit à un discours égotiste, où il est préférable de s’attarder sur ses propres vertus que de se confronter à l’intrus. Le bigfoot est ici le catalyseur de la cohésion familiale face aux terribles épreuves de la vie. Le film multiplie les fautes de goût et les approximations. L’ambiance sonore est exécrable, jamais dans le ton de la situation. Le casting n’exprime rien d’autre qu’un amateurisme manifeste. La réalisatrice se préoccupe aussi de dépeindre le caractère agreste du cadre. Enfin, le titre est mensonger puisqu’aucune goutte de sang ne sera versée, au profit de bons sentiments pleins de complaisance. Au vu de la brièveté de la bobine, tant de tares constatées en si peu de temps relèvent de l’exploit et pourraient même forcer le respect si l’ensemble n’était pas un désastre de tous les instants.
Note : 02/20
Par Dante