avril 25, 2024

Libertad – Langueur Estivale

De : Clara Roquet

Avec Maria Morera, Nicolle Garcia, Vicky Pena, Nora Navas

Année : 2022

Pays : Espagne, Belgique

Genre : Drame

Résumé :

Espagne, l’été. Libertad fait irruption dans la vie de Nora, 15 ans et bouscule le calme habituel de ses vacances en famille. Ces deux jeunes filles que tout oppose nouent alors une amitié profonde qui marquera leur entrée dans l’adolescence.

Avis :

Aujourd’hui, c’est dans le cinéma espagnol qu’on s’aventure, pour aborder le premier film de Clara Roquet. Si le nom de la jeune femme ne nous parle pas, en Espagne et en Amérique Latine, la réalisatrice est une scénariste qui a une très belle réputation. Clara Roquet est entrée dans le monde du cinéma par le biais de l’écriture en 2014 en coscénarisant le film de Carlos Marques-Marcet « 10.000KM » et depuis elle a confirmé son talent en collaborant avec Jaime Rosales sur « Petra » ou encore Ventura Durall pour « L’ofrena« . En parallèle de cela, c’est en 2015 qu’elle commence la réalisation avec un premier court, qui sera suivi l’année suivante par un autre, avant de passer à la réalisation de quelques épisodes de séries télévisées.

Son premier court-métrage, « El Adiós« , suivait une femme qui avait quitté son pays, la Bolivie, pour venir en Espagne s’occuper d’une vieille dame. Avec son premier long-métrage, « Libertad« , Clara Roquet prolonge un peu cette histoire-là, tout en proposant un film très personnel qui s’aventure sur un petit crush totalement platonique et en un sens, le temps d’un été. Solaire et tendre, bourgeois et social à la fois, si le film peut apparaître comme longuet, et parfois maladroit, il reste porté par deux jeunes actrices qui crèvent l’écran et malgré l’ennui qui peut s’installer parfois, Clara Roquet nous donne tout le temps envie d’aller un peu plus loin, histoire de savoir jusqu’où ce petit amour de vacances va aller.

Province de Gérone, un été, Nora, quinze ans, vient passer ses vacances dans la maison familiale avec sa mère, ses oncles et sa grand-mère qui est malade. C’est Rosanna qui s’occupe de sa grand-mère. Cette femme est venue de Colombie et elle est au service de la famille de Nora depuis un petit bout de temps maintenant. Cet été-là s’annonce sans surprise, enfin jusqu’à ce qu’arrive Libertad, la fille de Rosanna. Très vite, Nora et Libertad, qui ont sensiblement le même âge, deviennent amies, et Libertad entraîne Nora dans ses virées nocturnes ou à la plage avec ses copains. Nora est alors fascinée par Libertad au point qu’il n’y a plus qu’elle. Cette rencontre va la bouleverser et sûrement la marquer à jamais.

« Libertad » est le genre de film qui s’inscrit parfaitement dans la catégorie des histoires d’amour le temps d’un été. Vous savez, ces petits films pleins de soleil qui nous font généralement du bien en distillant leur charme, autour d’une intrigue que l’on connaît déjà. Pour son premier film, Clara Roquet nous entraîne donc dans une belle région côtière pour nous y raconter, non pas une histoire d’amour, mais une fascination, celle d’une jeune adolescente de quinze ans qui croise une autre jeune fille, qui est à l’opposé des gens qu’elle croise habituellement. De cette rencontre va naître une jolie histoire d’amitié, faite de rires, de virées nocturnes, d’expériences, de regards discrets ou non, de sorties à la plage ou de virées en scooters. Bref, des vacances d’adolescentes remplies, amusantes et pleines de charme. Ainsi, on se laisse facilement emporter dans toute cette exaltation, et l’on se plaît à suivre cette amitié, qui comme je le disais plus haut, sans tomber dans l’histoire d’amour, fait naître aussi chez l’une des jeunes filles une sorte de fascination quasi-hypnotique.

Derrière cette histoire d’amitié, Clara Roquet en profite aussi pour aborder tout un tas de sujets, comme la famille, les valeurs, les différentes classes sociales qui se mélangent jusqu’à un certain point, ou encore la vieillesse, la maladie et le rôle des enfants auprès de leurs parents. Bref, « Libertad » ne manque pas de sujets et tous sont intéressants. Or, comme je le disais aussi, « Libertad » est un premier film qui est imparfait, et à force de vouloir intégrer trop de sujets au sein de son film, finalement, en cours de route, « Libertad » perd un peu en intérêt et le film peut se faire « confus » dans le sens où l’on ne sait plus grand vraiment de quoi la réalisatrice a vraiment envie de parler. Il y a bien cette histoire d’amitié féminine qui tient sur tout le film, mais elle est aussi souvent atténuée par l’ensemble des sujets qui font des va-et-vient. À cela, s’ajoute aussi un rythme qui perd lui aussi en intérêt. Alors que le film de Clara Roquet est court, au milieu de celui-ci, au gré des clashs et des jalousies, des longueurs s’installent et un ennui gagne du terrain.

Bon, heureusement la réalisatrice arrive à relever son film avec un joli final finement amené et puis derrière ça, il y a ces deux actrices principales qui malgré les maladresses de l’œuvre nous donnent envie de les suivre encore et encore. Il faut dire que Clara Roquet a sorti de son casting sauvage deux comédiennes qui crèvent l’écran. Maria Morera qui campe Nora captive et intéresse grâce à ce regard qu’elle porte sur sa nouvelle amie, et derrière ça, sur la naïveté qu’elle peut avoir envers les liens familiaux. Puis face à elle, il y a la jeune Nicolle Garcia qui dans la peau de Libertad est tout simplement incroyable. Magnétique, dotée d’un regard sidérant, d’une nonchalance captivante, pleine d’espoir, de rêve et d’une liberté touchante, la jeune femme peut se vanter d’être le diamant brut de ce film et il ne serait pas étonnant qu’on la retrouve chez d’autres, tant on ne voit presque qu’elle.

Partagé entre intérêt et un rythme qui parfois redescend, porté par deux jeunes actrices qui sont de belles découvertes et dont on a envie de suivre les personnages en permanence, malgré parfois l’ennui qui peut s’installer, ce premier film signé Clara Roquet est une jolie petite sortie estivale. Le film a les défauts d’une première œuvre, avec notamment la volonté d’aborder trop de choses en même temps, mais derrière ça, derrière le ventre mou, finalement, l’ensemble est joli, sympathique et intéressant. « Libertad » ne marquera pas notre vie de cinéphile ou de spectateur, mais pour son côté solaire, pour son regard sur la vieillesse, ou encore pour ces deux jeunes actrices en tout début de carrière, « Libertad » mérite qu’on s’y arrête au moins une fois.

Note : 11/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.