
Avis :
La scène Power Métal est aujourd’hui trustée par des groupes qui, visuellement, peuvent tenir la route, mais sur l’album, c’est une autre paire de manches. Powerwolf, Sabaton et consorts se contentent souvent de refaire la même recette, et ne cherchent même plus à faire dans l’original ou le grandiloquent, préférant se concentrer sur des performances scéniques qui semblent marquer. Seulement, le Power Métal, c’est tout autre chose, et à la base, c’est là pour raconter des conflits guerriers dans un univers Fantasy, tout en jouant de sa technique pour faire des albums à thèmes qui tiennent la route. Il est loin le temps des Rhapsody of Fire avec Symphony of Enchanted Lands. Mais peut-il y avoir un sursaut ? Par exemple, les piliers du genre que sont Helloween peuvent-ils remettre au goût du jour ce Power Métal désuet et pourtant si épique ?
Giants & Monsters est le dix-huitième album studio des allemands, et on peut dire que les teutons ne font pas les choses à moitié. Fort d’un line-up qui n’a pas bronché depuis 2005 et le retour en grâce de Michael Kiske au chant en 2017, ainsi que de Kai Hansen à a gratte, Helloween est devenu une bête à sept têtes qui espère toujours impacter son monde avec sa musique spectaculaire et ses envies de grandiloquence. Quatre ans après un album éponyme plutôt bien reçu, le groupe allemand propose une nouvelle galette assez solide, avec pas moins de dix morceaux pour un peu plus de cinquante minutes d’écoute. Un album qui oscille entre titre joyeux, ensoleillés et plutôt courts, et plages relativement longues qui offrent un souci technique impressionnant, avec des guitaristes en état de grâce. Oui, ce nouvel effort est bel et bien une réussite.
Tout commence avec Giants on the Run, qui explore un peu toutes les facettes du groupe. Le chant est assez simple (et on pourrait lui reprocher de ne pas faire plus puissant ou varié), mais il va permettre de donner plus de poids aux guitares et à un refrain qui devient bien plus nerveux. Un refrain catchy qui rentre en tête très rapidement et dont on va chanter rapidement les paroles. Et puis les guitaristes nous offrent un solo solide, histoire de faire dans la démonstration technique. Seule ombre au tableau, le petit clavier sur le break qui ne sert à rien. Par la suite, le groupe nous balance deux titres assez concis, mais qui sont très différents. Savior of the World possède une rythmique rapide et un refrain assez kitsch, mais l’ensemble fonctionne plutôt bien, avec une voix de tête qui prend le dessus.

Quant à Little is a Little Too Much, on est plus dans un registre de Hard Rock old School qu’autre chose. Il s’en dégage un aspect Glam pas désagréable, mais on pourrait presque trouver le morceau déplacé dans cet album, en dehors du style que recherche le groupe. Heureusement, le groupe se reprend avec We Can Be Gods, l’un des meilleurs morceaux de l’album. Ici, on est dans une violence mesurée (on est sur du Power à tendance Heavy/Speed) mais qui donne lieu à des passages épiques, avec des chœurs qui donnent de l’épaisseur au titre. C’est très bien fichu, et surtout envoûtant. Dommage que le refrain soit si doux et si kitsch… Puis Into the Sun prend des allures de ballade dans son premier couplet, mais par la suite, le rythme s’emballe, le chant est plus puissant, et on va prendre un immense plaisir à entendre ce refrain marquant.
This is Tokyo est un titre qui est assez étrange. C’est-à-dire qu’il fait très Heavy des années 80, et il se trouve encore un peu déplacé au sein de la playlist et de l’ambiance recherchée par le groupe. Ce n’est pas mauvais, bien au contraire, mais on reste sur un titre qui ferait presque office de bouche-trou. Là encore, le groupe se fait malin en proposant alors Universe (Gravity for Hearts), un morceau-fleuve de plus huit minutes qui est une grosse claque technique. Le groupe se révèle pleinement dans cet exercice et offre un immense titre. Hand of God sera plus court, mais il aura une vraie puissance au niveau des riffs qui se feront bien incisifs. Bon, Under the Moonlight est certainement le titre le plus faible de l’album, avec son côté festif et joyeux, mais le final avec Majestic viendra nous prouver que Helloween est en grande forme.
Au final, Giants & Monsters, le dernier album des allemands de chez Helloween, est un très bon effort. Lorgnant toujours du côté du Power avec des teintes Heavy et Speed, le groupe propose un album qui a quelques petites faiblesses de cohérence avec deux morceaux qui ne semblent pas être faits pour ce skeud, mais qui arrive à jouer avec les sensations et les humeurs. Oscillant entre morceaux courts et percutants et plages plus longues où la technique est de mise, la formation teutonne impressionne par sa longévité et sa capacité à produire encore un album de qualité.
- Giants on the Run
- Savior of the World
- Little is a Little Too Much
- We Can Be Gods
- Into the Sun
- This is Tokyo
- Universe (Gravity for Hearts)
- Hand of God
- Under the Moonlight
- Majestic
Note : 15/20
Par AqME