
Titre Original : The Ministry of Ungentlemanly Warfare
De : Guy Ritchie
Avec Henry Cavill, Alan Ritchson, Eiza Gonzalez, Alex Pettyfer
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Action, Comédie, Guerre
Résumé :
L’histoire de la toute première organisation de forces spéciales créée pendant la Seconde Guerre mondiale par le Premier ministre britannique Winston Churchill et un petit groupe de responsables militaires, dont l’auteur Ian Fleming. Cette unité de combat ultrasecrète, composée d’une équipe hétéroclite de voyous et de francs-tireurs, entreprend une mission audacieuse contre les nazis en utilisant des techniques de combat tout à fait non conventionnelles et tout à fait « non gentleman ». En fin de compte, leur approche audacieuse a changé le cours de la guerre et a jeté les bases du SAS britannique et de la guerre moderne des opérations secrètes.
Avis :
Quand on évoque Guy Ritchie, on pense immédiatement à un cinéma nerveux, bourré d’idées de mise en scène. On pense aussi à des films de mafieux anglais, dans un univers joyeusement déjanté, où la violence côtoie un humour british un peu particulier. Cependant, fort d’un succès mérité, le réalisateur a parfois succombé aux cloches d’Hollywood pour faire des films de commande. Aladdin est un exemple parmi d’autres, mais on peut aussi évoquer son Roi Arthur qui ressemble plus à un jeu vidéo qu’une relecture de ce mythe. Depuis une paire d’années maintenant, Guy Ritchie se fait assez discret au cinéma, alors qu’il enchaîne les longs-métrages. Ces derniers se retrouvent surtout sur les plateformes de streaming, ce qui lui laisse sans doute les coudées franches pour faire des films comme il l’entend. Mais est-ce si bien que ça ?

Sur les trois films qu’il a faits entre 2023 et 2024, les trois se sont retrouvés directement sur Prime Video, sans passer par la case salles obscures. On ne cherchera pas les raisons de cet état de fait, mais force est de constater que malgré des castings zinzins (Henry Cavill, Jake Gyllenhaal ou encore Jason Statham en tête de gondole), le réalisateur est boudé par les cinémas, et il se réfugie alors chez Amazon, qui doit fournir un peu plus de budget. Mais cela n’est pas tout le temps synonyme de bon film. Si The Covenant avait visiblement convaincu, ce ne fut pas le cas de Operation Fortune : Ruse de Guerre, et Le Ministère de la Sale Guerre est totalement passé inaperçu, alors même qu’il s’inspire (entre gros guillemets) d’une histoire vraie de la Seconde Guerre mondiale, et qu’il possède un gros casting, avec des acteurs bankables.
« Le Ministère de la Sale Guerre est totalement passé inaperçu »
Le pitch est assez simple à comprendre. On va suivre une bande de cinq mercenaires qui vont devoir saboter trois navires de guerre allemands qui alimentent les U-Boot, ces sous-marins indétectables qui empêchent les américains de venir sur le sol européen. Pour faire cette opération, le gouvernement anglais, sous l’égide de Churchill, décide de créer un groupe illicite, qui ne doit se faire repérer ni par les nazis, ni par les anglais, sous peine de finir en taule, ou pire. Histoire de bien définir la tonalité de son film, Guy Ritchie propose une introduction nerveuse, où l’on va voir le groupe en action, éliminant à lui tout seul un immense navire de guerre allemand. Les blagues fusent, les personnages ont des rôles bien définis, et on retrouve une patte humoristique plutôt plaisante, qui est un peu la signature de la filmographie du cinéaste.
Par la suite, l’histoire va suivre des rails assez attendus. On revient en arrière, et on nous présente les personnages avec leurs spécificités. On a le leader (Henry Cavill), la brute épaisse (Alan Ritchson), le pro de la navigation (Hero Fiennes Tiffin), l’artificier (Henry Golding), la manipulatrice (Eiza Gonzalez), le cerveau (Alex Pettyfer) et l’infiltré (Babs Olusanmokun). Tout ce petit monde va faire ce qu’il doit faire, sans être trop inquiété. Bien évidemment, pour donner de l’épaisseur au scénario, le film prévaut une première mission de sauvetage, puisque celui qui a les informations, le cerveau de l’équipe, est prisonnier d’un camp nazi. De ce fait, cela permet à Guy Ritchie de montrer les capacités de chacun, et de s’amuser avec une mise en scène dynamique et un humour déluré, où les nazis vont prendre très cher. C’est divertissant, même si on sent que la réalisation aurait pu être plus inspirée.
« l’histoire aurait pu être plus déjantée. »
Bien évidemment, la suite de l’histoire est classique, avec un bateau à couler, mais les choses ne se passent pas comme prévu, et le groupe va devoir trouver des astuces pour se surpasser et réussir sa mission. Et c’est un peu là que le bât blesse. Le cinéaste traine un peu de la patte, notamment lorsqu’il faut aborder le personnage de Eiza Gonzalez. On sent un certain amour pour cette actrice, et parfois, c’est long pour rien, notamment les phases de drague avec le commandant nazi. De même, le voyage en bateau manque de ferveur et surtout de tension. On ne craint jamais vraiment pour les personnages, car hormis leur haine des nazis, ils n’ont pas un énorme background. Certes, l’attaque du bateau avec l’élimination de tous les ennemis est assez grisante, mais on a connu le réalisateur beaucoup plus inspiré. En fait, rien ne reste vraiment en tête.
Et c’est d’autant plus dommageable que l’histoire aurait pu être plus déjantée. La bande originale laisse à supposer que les choses vont prendre un tournant à la fois nerveux et drolatique, mais ce ne sera pas le cas. En fait, le film est juste divertissant sur l’instant, et il s’oublie assez vite, alors même qu’il aurait dû être un moment quasi jouissif. On pourrait presque dire que Guy Ritchie a voulu se prendre pour Tarantino, mais que cela n’a pas vraiment marché. Alors ce n’est pas mauvais, mais entre ce casting de folie et l’histoire promise, on est en droit d’en attendre davantage, surtout par un cinéaste qui a un tel bagage culturel et filmique. Même les acteurs sont un peu éteints, Henry Cavill se contentant du minimum, Alan Ritchson assez mal à l’aise dans la peau de ce golgoth homosexuel, ou encore Alex Pettyfer totalement inexpressif.

Au final, Le Ministère de la Sale Guerre est un film qui est agréable à regarder une fois. Il se fait divertissant sur l’instant, on ne s’ennuie guère, et on a une partie historique assez sympathique, même si on se doute qu’elle est romancée à l’extrême. Pour autant, elle n’est pas non plus spectaculaire, et c’est sans doute ce qui manque pour que le divertissement soit total. Bref, c’est un film sympathique, mais loin derrière de nombreux film de la filmographie de Guy Ritchie.
Note : 13/20
Par AqME