De : Robert Schwentke
Avec Jodie Foster, Peter Sarsgaard, Sean Bean, Marlene Lawston
Année : 2005
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Résumé :
Kyle Pratt affronte le pire cauchemar qui soit : sa fille de six ans, Julia, disparaît sans laisser de traces… alors qu’elles se trouvent à plus de 11 000 mètres d’altitude, dans un avion, entre Berlin et New York…
Déjà ébranlée par la mort soudaine de son mari, Kyle lutte désespérément pour prouver à l’équipage et aux passagers, sceptiques, qu’elle est saine d’esprit, tout en finissant par se poser des questions…
Avis :
Robert Schwentke est un réalisateur allemand qui a fait ses premières armes dans son pays, avec notamment deux films, Tattoo, un thriller, et Eierdiebe, une comédie romantique. Il n’en fallait pas plus pour qu’il se fasse remarquer aux Etats-Unis, et il va donc céder aux sirènes d’Hollywood en 2004. On lui propose alors Flight Plan, d’après le scénario écrit par Billy Ray et Terry Hayes, à qui l’on doit Suspect Zero pour le premier, et Mad Max 2 pour le second. Thriller en huis-clos se déroulant uniquement dans un avion en plein vol, ce premier film américain pour Robert Schwentke va avoir la chance d’avoir Jodie Foster comme premier rôle, jouant alors une mère courage qui vient de perdre son mari, et qui doit quitter Berlin pour enterrer son défunt amour aux Etats-Unis. Mais sa fille de six ans disparait alors dans l’avion.
D’entrée de jeu, le réalisateur nous baigne dans une ambiance morose, pour ne pas dire dépressive. Le film commence directement avec la perte de cet homme, et cette femme qui doit prendre l’avion avec sa fille afin d’organiser les obsèques dans son pays natal. Le froid et la neige s’invitent, la petite fille, qui fait très mature pour son âge, semble avoir peur de sortir de son appartement, et il réside une sorte de tension entre elle et sa mère, qui parle peu et demeure extrêmement protectrice. Jusqu’à suspecter le chauffeur de taxi qui les mène à l’aéroport, au détour d’un bref regard dans le rétroviseur. Robert Schwentke nous plante une atmosphère lugubre devant laquelle on ne sait pas trop sur quel pied danser. Pourquoi tant de mystère ? Pourquoi cette petite fille a-t-elle peur de sortir ? Pourquoi cette mère est-elle si protectrice ?
« Flight Plan perd alors en efficacité sur son dernier tiers. »
Le travail autour de cette ambiance va jusqu’à la photographie, où les teintes bleues prédominent, renforçant ce sentiment de froid et de malaise. Le film en fait des caisses une fois à l’aéroport, entre la petite fille qui disparait car elle a faim, ou encore avec les précautions autour de l’avion afin de dégeler la carlingue à coups de canon à eau. Le réalisateur en fait beaucoup trop pour noyer le spectateur dans une flopée d’angoisses, entre le potentiel kidnapping, la disparition dans la foule, ou encore l’accident d’avion avec le fait que ce soit un nouvel engin avec de nouveaux moteurs, et le froid qui gèle les ailes. On a du mal à voir où le réalisateur veut aller, et cette froideur qui se dégage empêche de ressentir de l’empathie envers cette maman, à qui il va arriver un malheur.
Car oui, Flight Plan devient un thriller en huis-clos lorsque l’avion décolle, et que la petite fille disparait alors. A ce moment-là, le scénario va jouer sur plusieurs tableaux afin de mieux nous perdre et de multiplier les pistes. Traversant une épreuve douloureuse, on va alors se demander si cette petite fille a réellement existé, si elle n’est pas une invention afin de faciliter le deuil. On va ensuite se demander si ce n’est pas elle qui est morte à la place du mari. Puis petit à petit, à force de détails et de révélations, on va comprendre la direction du long-métrage qui, malheureusement, ne va que moyennement convaincre. La faute à un traitement trop terre à terre, et à une direction décevante qui révèle pot aux roses trop tôt. Flight Plan perd alors en efficacité sur son dernier tiers, enchaînant les révélations ubuesques.
« Jodie Foster, impeccable comme toujours »
Cette perte d’efficacité rejoint aussi une mise en scène qui manque de mordant, et qui n’arrive pas vraiment à jouer avec son décor. Certes, l’avion est tortueux et recèle de nombreuses pièces, mais tout cela manque de vie. Il y a une sorte de froideur qui se dégage des décors, tout comme des personnages, et finalement, rien ne se rend attachant. Que ce soit la mère, l’avion en lui-même, les différents protagonistes, en reste un peu en retrait de tout ce qui se passe. Jusqu’à la petite fille qui tire une tronche de six pieds de long et joue les surdouées. Le casting a beau s’évertuer à tout donner, de Jodie Foster, impeccable comme toujours, à Sean Bean (qui ne meurt pas pour une fois) en passant par Peter Sarsgaard, on n’arrivera pas à ressentir de l’empathie pour qui que ce soit. Et forcément, cela joue sur notre implication.
Au final, Flight Plan n’est pas un mauvais film, loin de là, mais il demeure un thriller froid qui n’arrive jamais à impliquer le spectateur dans son intrigue. Si les volontés de brouiller les pistes sont bonnes, et permettent aux spectateurs d’émettre différentes hypothèses quant à l’existence même de cette petite fille, le dernier tiers apparait comme poussif et accumule les révélations foireuses pour finalement s’étendre sur un final attendu, et quasiment décevant. Bref, Flight Plan est un thriller classique, qui manque de chaleur pour pleinement convaincre.
Note : 14/20
Par AqME