
De : Kirk Jones
Avec Robert De Niro, Drew Barrymore, Kate Beckinsale, Sam Rockwell
Année : 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Résumé :
Un homme veuf décide de jouer les touristes à travers les Etats-Unis et de réunir ses quatre enfants, disséminés dans tout le pays, afin de reprendre contact…
Avis :
Le monde de la distribution, au cinéma, est un univers étrange, et qui est parfois peuplé de non-sens. En effet, il n’est pas étrange de se retrouver avec des films mineurs et mauvais dans les salles de cinéma, alors que des films portés par de grands acteurs sortent directement en DVD, voire sur des plateformes de streaming pour disparaître totalement par la suite. Comment est-il possible qu’un film comme Everybody’s Fine ait été privé de salles obscures en 2010 ? Je veux dire, entre Robert De Niro, Drew Barrymore, Sam Rockwell, Kate Beckinsale, une BO signée en partie par Paul McCartney, ainsi qu’une histoire touchante dans laquelle De Niro joue un rôle tendre, comment se fait-il que ce film ait été boudé ? La réponse réside peut-être autour du réalisateur, Kirk Jones, pas assez bankable, alors qu’il est quand même derrière le succès Nanny McPhee.

Quoi qu’il en soit, Everybody’s Fine demeure un film assez rare dans lequel Robert De Niro joue le rôle d’un veuf qui souhaite revoir ses quatre enfants, qui se sont éloignés aux quatre coins de l’Amérique pour vivre de leur travail. Alors qu’il organise une soirée afin de retrouver sa famille huit mois après le décès de sa femme, aucun enfant ne peut venir, à cause de contraintes professionnelles. Il décide alors de partir en road trip pour les retrouver, et voir ce qu’ils sont devenus. Le long-métrage détient un pitch assez simple, autour d’un père se faisant vieillissant, se retrouvant esseulé au décès de son compagne, et qui décide alors de renouer des liens avec ses enfants qui sont partis vivre leur vie ailleurs. Le scénario est simple, mais il se veut touchant, et va permettre de peindre trois portraits très différents qui se recoupent autour d’un évènement.
« Le scénario est simple, mais il se veut touchant »
En premier lieu, ce père va se rendre chez l’un de ses fils qui ne répond pas. Il va faire quelques rencontres incongrues, jusqu’à ce qu’il décide de partir voir sa première fille qui travaille dans la pub. Il va alors retrouver son unique petit-fils avec qui il va partager de bons moments, puis sa fille qui semble heureuse dans son travail. Un élément va mettre un petit grain de sable, l’arrivée de son mari qui semble mal à l’aise d’être ici. Cette première rencontre va nous montrer que ce père est quelqu’un de très aimant, de très simple, et la journée qu’il va passer avec sa fille lui permettra de la découvrir dans son travail, et de voir qu’elle est épanouie. Et cela malgré un mensonge qu’il a bien vu, mais contre lequel il ne peut pas faire grand-chose.
La deuxième rencontre sera plus cordiale. Il file voir son fils qu’il pense être chef d’orchestre. Il arrive en pleine répétition et se rend compte que son fiston n’est que percussionniste dans la troupe. Les deux hommes enchaînent alors les discussions, jusqu’à aller à une légère dispute autour de la déception que peut ressentir un père lorsque son fils ne fait pas le métier attendu. Tout cela se termine assez bien, mais on se rend compte que cet enfant ment aussi à son père sur sa carrière. Des mensonges qui seront un fil conducteur pour protéger cet homme qui est atteint d’une maladie cardiaque, et dont les enfants veulent le préserver. Des mensonges qui prennent racines dans le bien, tout en faisant le mal. Et cela prendra une plus grande ampleur autour du fils absent, car entre chaque rencontre, les trois enfants s’appellent pour parler de ce fameux David.
« il y a un aspect cheap qui peut être dérangeant. »
On apprend petit à petit des choses sur ce quatrième enfant, qui est toujours absent, et qui semble être dans un hôpital au Mexique. Avant une conclusion plus ou moins attendue, ce père va rendre visite à sa dernière fille, qui est danseuse. Elle l’accueille à bras ouverts, les chose se passent de façon idyllique, jusqu’à l’arrivée d’une amie qui doit faire garder son bébé. Comprenant vite que cette arrivée impromptue n’est pas anodine, voilà que le père devient grand-père en gardant ce petit bébé. Là encore, la rencontre se fait très touchante, car les rapports humains sont simples et beaux, mais surtout crédibles. Les acteurs sont formidables, et ils arrivent à nous toucher au plus profond avec des thématiques que l’on peut tous connaître. C’est la grande force de ce long-métrage, qui trouve un parfait équilibre entre justesse, simplicité et émotion.
Néanmoins, tout n’est pas parfait non plus. En premier lieu, la façon dont le père apprend que tous ses enfants lui mentent est plutôt étrange. Le scénario met en avant un côté fantastique qui ne colle pas vraiment au côté terre à terre du film. De plus, au niveau de la réalisation, il y a un aspect cheap qui peut être dérangeant. Kirk Jones n’est pourtant pas un nouvel arrivé, mais on a la sensation que le film fait très « auteur », avec une image qui n’est pas forcément jolie, et un manque de budget évident. D’un autre côté, cela permet d’avoir l’impression d’être vraiment à côté des protagonistes, et de vraiment vivre un moment volé d’une famille qui va malgré tout se réunir, car le pire amène toujours le meilleur, et renforce les liens d’une famille qui s’était un peu étiolée.

Au final, Everybody’s Fine est un film relativement réussi, qui joue sur sa simplicité pour nous toucher au plus profond. Ce remake d’un film italien (Ils Vont Tous Bien) se révèle être à la fois touchant et beau par les sentiments qu’il explore, et par ces enfants qui veulent protéger leur père, alors fragile et déjà marqué par la mort de son épouse. Il est dommage que d’un point de vue technique, Kirk Jones n’essaye de jouer avec son objectif, et reste sur une mise en scène classique, voire parfois terne. En tous les cas, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit-là d’un film réussi, avec un Robert De Niro qui a rarement été aussi émouvant.
Note : 15/20
Par AqME