juillet 20, 2025

Lorna Shore – Pain Remains

Avis :

C’est un fait assez rare, mais ça existe, certains groupes continuent de jouer et de tourner, alors qu’ils n’ont plus un seul membre d’origine dans leur line-up. C’est le cas de Lorna Shore qui fait beaucoup parler en ce moment, notamment grâce à son orientation plus symphonique, mais aussi grâce à l’omniprésence de son nouveau leader, Will Ramos, sur les réseaux sociaux. Fondé en 2009 mais sortant son premier album en 2015, le groupe se destine surtout à un Deathcore relativement classique avec déjà un line-up totalement modifié sans aucun membre originel. Si le groupe connait un succès tout relatif, c’est à partir de 2021 et de l’EP …And I Return to Nothingness, en présence de Will Ramos, que le groupe va prendre une autre dimension, en incorporant des partitions symphoniques dans ses compositions. Pain Remains est le quatrième album studio de Lorna Shore.

Et bien évidemment, il a fait beaucoup de bruit, au point de devenir un évènement dans le monde du Métal. Car si certains considèrent le groupe, et cet album, comme une cacophonie qui n’a que la violence comme lien avec le métal, d’autres ont décidé de reconsidérer le groupe et d’y voir une belle évolution, avec un mélange intéressant entre symphonie grandiloquente, et une violence accrue dans les moments Deathcore. Et n’en déplaisent aux puristes qui voient le métal comme une musique qui doit rester underground, voire réservée à des iconoclastes élitistes, Lorna Shore est un groupe qui fonctionne, et Pain Remains est un album solide à plus d’un titre, qui arrive à faire passer la pilule Deathcore de façon plus accessible. Comment est-il possible de ne pas considérer le premier titre comme du métal dans sa manière la plus globale ?

L’entrée en matière, Welcome Back, O’Sleeping Dreamer est un torrent de baffes, avec une orchestration magistrale qui donne alors plus de poids à l’ensemble. Certes, c’est bourrin à souhait, mais il y a une vraie volonté de fournir de l’émotion avec le côté lyrique. Cela en est même dantesque tant ça envoie, avec cette sensation de visiter l’un des cercles des enfers. Into the Earth part dans quelque chose de plus virulent, avant de lâcher quelques nappes de clavier pour édulcorer le blast de la batterie et le chant guttural de Will Ramos. Pour autant, le groupe continue son petit bonhomme de chemin avec des passages d’une rare virulence, à la limite de l’humain dans ses gargarismes. La prestation vocale est insensée, et le jeu des gratteux force aussi le respect dans leurs changements de tonalité et de vitesse. Sun//Eater tente une approche différente avec un début symphonique.

Cela a pour but de faire monter la tension crescendo, jusqu’à un blast d’outre-tombe qui s’accorde parfaitement avec les mélodies lyriques. Le morceau est maîtrisé à la perfection, et il n’est pas étonnant que le groupe ait choisi ce titre pour vendre leur album. Cursed to Die peut se faire plus accessible de par son côté moins violent dans la batterie et les riffs. Il n’en demeure pas moins un très bon titre qui permet de voir le côté plus « doux » (toutes proportions gardées) de Lorna Shore. Soulless Existence sera moins dans la connivence pour nous bousculer un peu, mais avec un côté mélancolique inattendu. Bien entendu, la voix diabolique du chanteur joue avec cette ambiance si particulière, mais l’ensemble s’accorde parfaitement pour offrir un titre massif qui ressemble à un gros parpaing que l’on se prend volontiers dans la tronche.

Apotheosis continue son travail de sape avec toujours ce mélange d’orchestre symphonique et de Deathcore qui n’est pas là pour faire joli. Le titre est plus virulent que les précédents, et il faudra plusieurs écoutes pour en apprécier les différentes nappes. Tout comme Wrath d’ailleurs, un morceau plus court, mais d’une percussion qui passe au travers le béton armé. A partir de là, les trois derniers morceaux jouent sur une même ligne. Pain Remains I : Dancing Like Flames s’octroie le droit d’un début très calme, pour ensuite mieux nous sauter à la gorge, alors que Pain Remains II : After I’ll Done, I’ll Disappear part sur des chemins tortueux pour continuer à nous faire du mal et nous secouer. Enfin, Pain Remains III : In a Sea of Fire est la pièce maîtresse de l’ensemble, avec plus de neuf minutes de violence, de douceur et de virtuosité.

Au final, Pain Remains, le dernier album en date de Lorna Shore (au moment où ces lignes sont écrites), est une réussite sur tous les plans, démontrant que le Deathcore n’est pas qu’une affaire de gargarisme, de breakdowns poussifs et de violence sans aucun sens. Les américains le démontrent avec un skeud puissant et virtuose, qui laisse K.O., mais avec le sourire aux lèvres, et une sensation étrange, entre colère, délivrance, mélancolie et une forte envie de mettre des orchestres de partout. Bref, c’est très bon !

  • Welcome Back, O’Sleeping Dreamer
  • Into the Earth
  • Sun//Eater
  • Cursed to Die
  • Soulless Existence
  • Apotheosis
  • Wrath
  • Pain Remains I : Dancing Like Flames
  • Pain Remains II : After I’ll Done, I’ll Disappear
  • Pain Remains III : In a Sea of Fire

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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