avril 16, 2024

Spook the Horses – Empty Body

Avis :

Certains groupes de musique ne rentrent dans aucune case. C’est-à-dire que certaines formations essayent constamment de brouiller les pistes sur leur style. Elles essayent de mélanger plein de genres pour aboutir à de nouvelles expériences sonores, et bien souvent, c’est assez galvanisant. Et Spook the Horses en est un exemple parmi tant d’autres. Groupe néo-zélandais de six gaillards qui veulent taper du poing, Spook the Horses se veut expérimental, violent, misant tout sur une musique lourde, puissante, mais complexe à appréhender. Et on ne peut pas dire le contraire avec Empty Body. L’artwork de la pochette annonce la couleur, et le groupe le dit lui-même dans sa bio, nous sommes dans l’expérience, le mélange des genres et la recherche de bousculer les codes. Cependant, si l’intention est bonne, la limite avec un truc presque inécoutable n’est jamais loin, et cela se pose avec cet album.

Le skeud débute avec Self Destroyer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’expérience est bien là. Mélange étrange de Doom, Thrash et de Post-Métal, le groupe propose un son puissant, lourd, porté par un chant hurlé maîtrisé, mais qui manque clairement de rythme. On s’attend à ce que le morceau décolle vraiment, mais ce ne sera jamais le cas. Il restera sur son tempo sur toute sa longueur et ne proposera aucune véritable variation. Il s’agit d’un monolithe imposant, mais qui manque de finesse. Avec Cell Death, le groupe apporte un peu de variation. Plus doux dans ses riffs, avec quelques solos marquant le fin du titre, le groupe montre qu’il est capable de faire des choses plus accessibles et moins dans la recherche absolue d’expérience. Counting Days on Bone sera un retour en arrière, avec là encore un son rugueux et immobile.

En fait, à la première écoute, le principal problème de Spook the Horses, c’est qu’il reste dans une volonté de produire des morceaux lourds, mais pas forcément entraînants. L’ensemble manque clairement de rythme et d’une envie de faire bouger dans les pits. Il sera même difficile de headbanger et pourtant, les riffs sont bien là, et la violence est très prégnante. Apology Rot débute avec un chant crié et quelques grattages de cordes pour poser une ambiance morbide. On pourrait croire alors à une inspiration un peu Black teintée de Death, mais encore une fois, le rythme lent empêche de véritablement se plonger dans le titre. Et on est loin de l’ambiance délétère d’un Doom des familles, ce qui fait que cette hybridation ne marche jamais vraiment. Writhing sera dans le même délire, mais en apportant un peu plus de variations et de rythme au sein même de la composition.

Alors il est vrai que pour vraiment apprécier Empty Body, il faut plusieurs écoutes. Mais a-t-on vraiment envie de se replonger encore et encore dans une musique qui se veut complexe mais qui ne travaille que trop rarement son ambiance ? Car c’est là aussi un problème. Spook the Horses veut marquer par ses tons radicaux, mais en oublie souvent de poser une atmosphère délétère ou angoissante. Les rythmes guerriers manquent cruellement de ferveur et ne sont pas vraiment fédérateurs. Mais on ne peut ignorer The Maw. Il s’agit certainement du titre le plus intéressant de l’album. Violent mais maîtrisé, proposant une vraie descente en enfer, le morceau démontre que le groupe peut se faire plus accessible, malgré sa volonté de taper fort. Mais derrière, Watermark ou même Inheritance, ne marquent pas vraiment. La faute à des compositions peut-être trop complexes, ou tout du moins pas assez marquantes pour convaincre.

Au final, Empty Body, le dernier album en date de Spook the Horses, est un étrange moment. Long et insidieux, le groupe propose une réelle nouveauté dans la recherche des sons et des genres. Cependant, malgré toute la bonne volonté du monde, il manque au groupe néo-zélandais une véritable ferveur. Une ambition qui leur permettrait de se dégager de cette violence lente et de proposer quelque chose avec plus d’envergure. En l’état, cet album est plutôt bon, mais il lui manque une ligne directrice pour mieux poser une ambiance qui correspondrait à l’image dépressive du groupe. Bref, un album complexe, peut-être trop.

01. Self Destroyer

02. Cell Death

03. Counting Days on Bone

04. Apology Rot

05. Writhing

06. Gestalt

07. The Maw

08. Watermark

09. Inheritance

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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