Crisix - Full HD - Lavisqteam.fr

Avis :

Si la tendance du moment est d’aller vers un Métal résolument moderne, qui aime brouiller les genres et les pistes, il reste quelques groupes qui veulent faire simple et efficace. Fondé en 2008 sous le nom de Crysys avant de devoir changer pour Crisix à cause d’un jeu vidéo, les espagnols ont rapidement faire parler d’eux grâce à un Thrash bas du front, parfois un peu crétin, mais diablement efficace. Entre riffs velus, chant rapide et maîtrisé et une pointe d’humour décomplexé, Crisix avait trouvé la recette magique pour faire du bruit. Présentant un line-up stable depuis leur début (sauf si l’on excepte la place du bassiste), les espagnols ont toujours su sortir de belles pièces, avec de sacrés moments de bravoure. Cinquième album qui intervient après un album de reprises, Full HD fait partie des excellentes sorties de 2022, donnant une véritable patate.

Ici, on rentre dans un cadre assez connu et sans fioritures. Onze titres, un poil plus de quarante-deux minutes d’écoute, on reste dans les carcans du genre. Et de surprises, il n’y en aura quasiment pas, puisque l’on reste sur un registre Thrash classique, à la limite du old school, mais en ces temps où il faut foutre de l’électro partout, ça fait un bien fou. Le premier morceau à venir est The Many Licit Paths, et après une petite introduction qui fait presque orientale, on va se prendre un bon gros riff dans la trogne. Le chant crié annonce la couleur, et rapidement, on va avoir envie de bouger la nuque dans tous les sens. La rythmique est parfaitement maîtrisée, et on sent qu’on est là pour faire des mosh pit (choque qui semble obnubiler le groupe), des walls of death et autres pogos.

Une fois l’album enclenché, rien ne pourra l’arrêter. C’est bien simple, les pistes vont s’enchaîner à un rythme infernal, et on va se régaler à chaque fois. Extreme Fire Hazard évoque aussi bien Slayer que les débuts de Metallica, et on va se surprendre à reprendre le refrain qui consiste à répéter le titre avec une voix un peu aigue. A noter une présence indispensable de la basse qui possède une ligne bien marquée, ainsi qu’un solo qui défrise bien. Full HD sera l’un des premiers morceaux avec quelques pointes d’humour. Cependant, le titre ne se réduit pas à cela, avec de belles variations et un changement de rythme qui donne bien envie de se démettre la nuque. Puis Macarena Mosh continue ce côté un peu potache et sale gosse qui fait rire, tout en n’oubliant pas le Thrash et l’aspect très nerveux de ce genre.

Speak Your Truth aura une intention différente. Ici, on renoue avec quelque chose de plus sérieux, de plus primaire, et qui est là pour taper. D’ailleurs, on lui accordera quelques éléments Hardcore, notamment dans le refrain qui se veut un gros coup de poing dans la gueule. Beast sera un peu plus classique. Techniquement, c’est irréprochable, le groupe veut même y mettre un peu d’ambiance dans son démarrage, et l’ensemble tient grandement la route. Mais globalement, on reste sur un titre attendu et auquel il manque une petite aura supplémentaire. On lui préfèrera John was Born for Metal, un morceau qui est plus construit, avec une belle montée en tension, et des envies de frapper dans le gras. Il est aussi un bel exemple d’un titre qui mélange le côté potache du groupe, avec un sérieux au niveau des mélodies et de la technique.

Ce jeu d’équilibriste, on le retrouve aussi avec Shonen Fist, une ode aux mangas et aux héros de notre enfance. C’est plutôt débile, mais ça a le mérite de faire rire avec ce « Kaméhaméha » en refrain, et le titre est plutôt court. W.N.M. United n’est pas là pour faire dans la dentelle, et on plonge dans un Thrash old school qui va vite et fort. Ce n’est pas pour rien que le chanteur hurle « mosh » en introduction. Le morceau est taillé pour la scène. Puis Boc de Biterna sera un morceau puissant, plus long que les autres titres, plus construit, qui permettra alors au groupe de montrer tout son talent. Enfin, Escape the Electric Fate clôture l’album de la meilleure des façons, avec un morceau assez long, bien structuré, et qui déboîte sévère sur sa fin. De quoi donner envie d’y retourner.

Au final, Full HD, le cinquième album de Crisix (sixième si on compte leur album de reprises), est une réelle réussite, un bon gros morceau de Thrash dans la tronche qui fait un bien fou. Certes, ça ne révolutionne pas du tout le genre, mais ça reste maîtrisé, avec une folle envie de faire bouger les foules. Il est juste dommage que le groupe se soit mis en pause pour une durée indéterminée, tant ils sont réjouissants à écouter…