mai 20, 2025

The Nice House by the Sea

Auteurs : James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno

Editeur : Urban Comics

Genre : Horreur, Science-Fiction

Résumé :

Aucun des douze convives de cette belle demeure en bord de Méditerranée ne connaissait Max. Elle connaissait pourtant chacun d’entre eux. Experts dans leur domaine, géants de l’industrie et du savoir moderne, chacun d’entre eux est l’excellence personnifiée. Pour échapper à la fin du monde et incarner l’avenir de l’Humanité, tous ont accepté en leur âme et conscience de se réunir dans ce petit paradis créé rien que pour eux, abandonnant vie et proches à leur triste sort. Survivre à la mort programmée de l’humanité ? Vivre éternellement ? Que pourrait-il y avoir de mal à ça ?

Avis :

Paru en février 2023, The Nice House on the Lake de James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno a fait grand bruit, jusqu’à remporter le fauve d’or au festival d’Angoulême 2024. Construit en deux tomes, le diptyque proposait de suivre plusieurs personnes enfermées dans une somptueuse maison au bord d’un lac, avant de découvrir que la fin du monde est arrivée, qu’ils sont les derniers représentants de l’espèce humaine, et qu’ils vivent dans une bulle manipulée par un extraterrestre qui répond au doux nom de Walter. Thriller autant horrifique que psychologique, on a vite compris pourquoi la série est devenue un incontournable du neuvième art, se construisant de façon maline, et laissant une fin ouverte sur le deuxième tome. C’est donc en toute logique que sort un troisième tome, ou plutôt le premier tome d’un deuxième cycle, The Nice House by the Sea.

On pourrait croire que les deux compères reprennent les mêmes bases que le démarrage de la franchise, mais avec des personnages différents. Et si on n’est pas loin de la réalité, James Tynion IV va aller plus loin, essayant de faire l’opposé de la première maison. C’est-à-dire qu’ici, les dix personnages sont au courant qu’ils vivent dans une bulle intemporelle, ils sont aux manettes de leurs corps et de la météo, et au lieu d’être un groupe d’amis qui se connaissent depuis le lycée, ce sont de parfaits inconnus avec des égos surdimensionnés. La base du récit est donc totalement différente, et cela va permettre de travailler de nouvelles psychologies, notamment à travers des visions différentes de l’éternité. Par exemple, l’historien de la bande, qui a 74 ans, fait de la gonflette pour se venger de sa vie d’avant où il était chétif.

Mais la grande force de ce récit est qu’il tisse des liens avec les deux tomes précédents. Plutôt que de rester dans une nouvelle maison avec des personnages hétérogènes, le scénario prévoit une rencontre qui va faire grand bruit, notamment à cause d’un protagoniste qui connait les habitants de l’autre maison, et qui va servir de liant pour attiser les conflits. Si on reste dans une démarche de thriller psychologique avec cette fois-ci quelques zinzins aux égos insupportables, on sent que la série veut aller ailleurs, lorgnant alors vers quelque chose qui est teasé depuis le début, un conflit entre les deux maisons, abordant alors la survie d’une manière différente. Car oui, il va être question de bataille, de lutte, avec des personnages qui vont se battre pour garder leur privilège. Un pinacle que l’on espère voir débouler dans le prochain tome, qui promet un peu plus d’action.

Le plus impressionnant dans tout ça, c’est que James Tynion IV arrive à tenir son scénario de bout en bout, tout en n’oubliant pas les personnages. Certes, certains sont beaucoup plus discrets que d’autre, mais dans son ensemble, chacun a sa particularité et son importance dans l’histoire. De plus, le récit se veut résolument moderne, mettant en avant un personnage transgenre, avec une mentalité complexe, et qui continue de se chercher. Et tous les personnages sont aussi hétéroclites que notre société, ce qui donne une image d’ensemble complète et intelligente. On peut aussi noter des thèmes forts, comme le deuil, l’ennui ou encore une réflexion sur ce que l’on ferait si nous étions immortels, mais bloqués dans une prison dorée pour l’éternité. The Nice House by the Sea va bien au-delà du simple thriller apocalyptique, jouant constamment sur plusieurs tableaux pour mieux nous surprendre.

On notera aussi que sur ce tome, la violence y est plus présente. Il faut dire que les personnages de la nouvelle maison sont complètement barges, avec notamment un écrivain machiavélique, une chanteuse qui est une véritable businesswoman ou encore un médecin complètement cinglé qui prend plaisir à torturer les corps avec sa petite machine extraterrestre. Le gore est plus présent aussi, avec notamment une scène de torture qui se lâche totalement, faisant presque référence aux sévices d’un Hellraiser. Et puis il y a ce dessin si particulier d’Alvaro Martinez Bueno, qui mélange plusieurs styles pour obtenir quelque chose de protéiforme, avec des explosions de couleurs pour marquer l’aspect étrange de la chose, ou encore des couches de couleurs ternes, évoquant alors les émotions tristes de certains personnages. Rien n’est laissé au hasard, et les planches servent à chaque fois le récit.

Au final, The Nice House by the Sea est encore une fois une réussite, qui se dirige tout d’abord vers quelque chose de totalement différent des premiers tomes, pour ensuite le rejoindre et créer une tension de zinzin. Si l’effet de surprise n’est plus là avec cette maison qui a protégé des gens de la fin du monde, on reste sur une démarche différente, des personnages différents, et une promesse de confrontation qui semble inéluctable, et très violente. Bref, on n’attend de pied ferme le quatrième tome, qui sera peut-être le dernier de la série.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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