
De : Paolo Sorrentino
Avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman, Silvio Orlando
Année : 2025
Pays : Italie, France
Genre : Drame, Romance
Résumé :
La vie, tel un long voyage, de Parthenope, de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine sans héroïsme, débordante d’une inexorable passion pour la liberté, pour Naples et les visages de l’amour. Les amours vraies, inutiles et celles indicibles. Le parfait été à Capri d’une jeunesse baignée d’insouciance. Et qui se termine en embuscade. Et puis tous les autres, les Napolitains, hommes et femmes, fréquentés, observés et aimés, désabusés et vitaux, leurs dérives mélancoliques, leurs ironies tragiques et leurs yeux un peu abattus. La vie, mémorable ou ordinaire, sait être très longue. Le cours du temps offre un vaste répertoire de sentiments. Et là, au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcèle, enchante, hurle, rit et sait nous faire mal.
Avis :
Immense metteur en scène italien, cela fait désormais plus de vingt ans que Paolo Sorrentino nous offre des bouts d’Italie, avec le talent qu’on lui connaît. Cinéaste pointilleux, il a réussi à s’imposer auprès des cinéphiles et du public au point qu’aujourd’hui, chaque nouveau film de son réalisateur résonne comme un événement, ou un cadeau, que l’on a très envie de voir. Après « Silvio et les autres« , Paolo Sorrentino a quelque peu déserté les salles de cinéma, pour se consacrer au petit écran avec la suite de sa série « The New Pope » et « La main de Dieu », film qui s’est fait grâce à Netflix.

Présenté au Festival de Cannes 2024, « Parthenope » est un film dont je ne savais absolument pas de quoi il allait parler, même si j’avais entendu des retours très partagés lors de son passage sur la Croisette. Certains hurlaient au chef-d’œuvre, quand d’autres hurlaient à la branlette intellectuelle. Pour ma part, je dois dire que j’en ressors déçu, tant j’ai eu la désagréable sensation de passer totalement à côté du film. Certes, visuellement, c’est sublime, mais comme le dit l’un des personnages à Parthenope « – Tu es devenue présomptueuse, dure et froide », et ces paroles n’ont cessé de résonner en mois pendant les deux heures et quart horriblement longues qu’a duré le nouveau Sorrentino, et j’en suis le premier attristé.
« Pompeux, lourd et froid »
1953, dans une petite crique aux abords d’une villa près de Naples, une jeune femme accouche dans l’eau, donnant naissance à une petite fille qui portera le nom de Parthenope. De sa naissance à sa jeunesse, de sa vie d’adulte à nos jours, la vie de Parthenope, une femme éprise de liberté …
Au moment où j’écris ces quelques lignes, il est 19h, et le nouveau Sorrentino était projeté au Festival du film Américain de Deauville à 16h30, ça veut donc dire que je m’apprête à écrire ces quelques lignes à la sortie de la projection, et la première chose qui me frappe, c’est que pour faire un synopsis de « Parthenope« , j’ai été obligé de lire le synopsis « officiel », pour être sûr de ne pas écrire des bêtises, c’est dire l’intérêt et surtout la compréhension que j’ai pu avoir du film de Paolo Sorrentino.
Pompeux, lourd et froid, alors même que l’on est bercé par le soleil de l’Italie, le souci de « Parthenope« , c’est son écriture et ce qu’il veut nous raconter. Il y avait de quoi faire avec la vie de cette femme. D’ailleurs, à prendre dans les grandes lignes, sa vie n’est pas si compliquée que cela. Par contre, son scénario l’est énormément. Paolo Sorrentino a voulu faire de ce film une lettre d’amour à Naples, mais il s’est surtout pris les pieds dans sa trame, et il s’est emmêlé les pinceaux. Le résultat ? Son histoire et son portrait ne sont que des saynètes qui n’ont qui très peu de liens les unes aux autres, si ce n’est que l’on suit le personnage de Parthenope dans ses malheurs, ses moments de joie, dans ses instants de séduction, dans ses envies, dans son idée d’une carrière d’actrice, avant de changer.
« cette lettre d’amour à Naples, Paolo Sorrentino « se l’est écrite » pour lui-même. »
Il y a presque quelque chose de l’ordre du rêve dans ce film, ce qui fait qu’en plus de nous perdre, bien souvent, on se pose la question de la réalité ou non, à l’image de cette séquence ô combien sublime de déambulation dans les rues de Naples au bras d’un amoureux, pour arriver jusqu’à cette pièce où un jeune couple s’apprête à faire l’amour devant l’intégralité de la mafia napolitaine afin de lier un pacte de paix… Des séquences comme celle-ci, il y en a beaucoup, et visuellement parlant, elles sont toutes plus belles les unes que les autres, mais cette beauté, elle est prise seule, sur la séquence en elle-même, car sur l’ensemble, du film, on s’y perd. Pire encore, au bout d’un moment, le film devient franchement lourd, avec cette désagréable sensation que cette lettre d’amour à Naples, Paolo Sorrentino « se l’est écrite » pour lui-même.
La vie de Parthenope est souvent ponctuée de drames, ou de moments plus difficiles, lorsque l’on prend les scènes seules, mais sur son ensemble, « Parthenope« , malgré les drames, n’arrive absolument pas à nous toucher. L’émotion est comme figée et manque cruellement d’émotions, ne convoquant que l’ennui, et ce sentiment est terrible. Un sentiment qui est d’autant plus compliqué à accepter, car le film est tenu par une actrice qui crève littéralement l’écran, Celeste Dalla Porta. Magnifique révélation, l’actrice est aussi talentueuse qu’elle est d’une beauté renversante, malheureusement pour elle, malgré l’excellence de son jeu, scène par scène, son personnage sur l’ensemble n’arrive pas à toucher.

Il est 19 h 30, et au moment où je me lance dans ces conclusions, plus je pense à « Parthenope« , plus j’écris, plus je me relis, et plus la déception grandit. Avec la vie de ce personnage qui s’étale sur plus de soixante ans, et avec tous les rebondissements qui jalonnent cette vie, Paolo Sorrentino avait de quoi faire une fresque magnifique et un portrait de femme bouleversant, malheureusement, il n’y sera pas arrivé. Pire, il se sera écouté parler, ou écouté rêver, et il ne restera que de très beaux moments de cinéma pris à part, et une actrice ô combien magnifique, Celeste Dalla Porta, et comme je suis quelqu’un de positif et d’optimiste, j’ai envie de me dire que rien que pour cette actrice, je ne regrette pas de m’être arrêté sur le nouveau Sorrentino.
Note : 08/20
Par Cinéted