février 10, 2025

Le Quatrième Mur – Ça ne Casse pas des Briques

De : David Oelhoffen

Avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa, Bernard Bloch

Année : 2025

Pays : France, Luxembourg, Belgique

Genre : Drame

Résumé :

Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.

Avis :

David Oelhoffen est un cinéaste français qui veut offrir des aventures de cinéma plus grandes que d’ordinaire. Depuis son premier film, « Nos retrouvailles« , sorties en 2007, le réalisateur a toujours voulu s’engager dans de grandes fresques. Ainsi, en 2013, sort « Loin des hommes« , film qui se déroule en Algérie en 1954. Puis est arrivé « Frères ennemis » en 2018, qui suit l’histoire de deux frères que tout oppose. Enfin, en 2022, David Oelhoffen s’aventure en Indochine en 1945.

Après presque trois ans d’absence, David Oelhoffen nous revient en posant sa caméra au Liban au début des années 80, et plus précisément en 1982 à Beyrouth, au moment des massacres de Sabra et Chatila. Adapté d’un roman de Sorj Chalandon qui est inspiré de sa propres expérience, l’écrivain ayant été reporter de guerre pendant une vingtaine d’années, « Le quatrième mur » avait tous les ingrédients pour se poser comme un grand film passionnant. Récit historique, réflexion sur la culture, et comment cette dernière, via l’art, peut apaiser mais aussi avoir ses limites. On ajoutera à cela que le film est tenu par un grand acteur… Bref, le nouveau film de David Oelhoffen avait tout pour nous emporter et se faire bouleversant, et malheureusement, si toutes les intentions sont là, je suis passé à côté de ce « … quatrième mur« , qui a eu bien du mal à me tenir.

«  »Le quatrième mur » a beaucoup d’arguments pour lui »

Liban, 1982, George vient d’arriver dans ce pays en guerre. George a fait une promesse à un ami mourant, celle de montrer « Antigone », avec des acteurs de communautés différentes. Le but, c’est de voler un bout de paix, au milieu de la guerre. Si, jusque-là, George arrivait à « circuler » dans la paix, enfin dans la ville, bientôt, les combats vont s’intensifier et tout remettre en cause…

Eh bien me voilà bien embêté devant le nouveau film de David Oelhoffen. Comme je le disais, d’où que je tourne mon regard sur le projet, « Le quatrième mur » est un film qui donne fortement envie que l’on s’arrête dessus. Sur le papier, on se retrouve face à une histoire qui se pose au Liban, alors en pleine guerre. Le film nous propose de suivre un homme idéaliste, qui souhaite mettre en place une pièce de théâtre, afin de démontrer le pouvoir de l’art face à la guerre. Plus largement, lorsque l’on se retrouve devant le film, « Le quatrième mur » a beaucoup d’arguments pour lui, et le premier étant la véracité avec laquelle il nous plonge à la même hauteur que son personnage principal, au cœur de ce conflit.

Il faut dire que pour cela, le réalisateur s’est donné les moyens de ses ambitions, étant parti tourner au Liban en 2022, et il a su profiter au maximum de ses décors, mais aussi de ses acteurs sur place, pour que tout, absolument tout, somme juste et vrai. Le réalisme de son film est alors saisissant d’un bout à l’autre. Que ce soit dans la découverte du pays, des conflits, la tension qui règne dans la ville, les scènes de guerre, ou celle des répétitions de théâtre, avec tous ces personnages qui cohabitent l’espace d’un temps, David Oelhoffen livre un travail extraordinaire. De plus, le film est tenu par un excellent Laurent Lafitte, qui est soutenu par tout un tas d’acteurs plus ou moins connus qui, eux aussi, sont excellents et offrent quelque chose d’entre guillemets captivant à l’écran.

«  »Le quatrième mur » est un film qui va manquer de tension dramatique. »

Mais voilà, malgré tout ça, je ne peux pas dire que ce « … quatrième mur » m’a emporté et tenu d’un bout à l’autre de son histoire. C’est dommage, car je vois bien ce que le réalisateur essaie de faire, je comprends la puissance de son message, tout comme il est très intéressant de partir dans ce pays à cette époque-là, pour en analyser le conflit, mais au bout du compte, « Le quatrième mur » est un film qui va manquer de tension dramatique. Si l’on suit ces personnages avec intérêt, ce dernier n’est finalement pas aussi grand que l’histoire, la politique, la guerre, et l’époque le demandent.

Je suis resté en permanence en dehors, assez peu touché finalement par les destins brisés, par la guerre qui finit par rattraper tout le monde et s’imposer. Avec ça, s’il y a bien des idées et des scènes qui se font plus « intenses », comme c’était déjà le cas avec « Les derniers hommes« , ce « … quatrième mur » est long, très long. Le film manque de rythme, et alors même qu’il ne fait même pas ses deux heures, j’ai vraiment senti passer ses dernières. Là encore, David Oelhoffen n’arrive pas à nous embarquer dans son histoire, qui est pourtant, sur le papier, très forte.

Lorsque je conjugue tous ces éléments, ce « … quatrième mur » se pose comme une déception. Si le film sait se faire intéressant, notamment de par l’époque et l’endroit, il a bien du mal à se faire prenant et touchant. Tout est là, et pourtant, je suis resté sur le bas-côté attendant que l’histoire et les personnages m’emportent, et ça, ce n’est pas arrivé. Dommage, vraiment dommage.

Note : 09/20

Par Cinéted

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