Avis :
S’il y a bien un genre qui demeure ringard à bien des égards, c’est l’AOR, ou ce que l’on appelle aussi le Hard Rock mélodique. Il faut entendre par là qu’il y a des guitares, beaucoup de clavier, une voix claire avec pas mal de trémolos et des textes qui parlent surtout d’amour. Le problème avec ce genre, c’est qu’il est constamment chanté par des soixantenaires qui doivent certainement prendre une pilule bleue pour bander, et forcément, ça fait de la peine de les entendre chanter des conquêtes qu’ils n’auront plus. Mais trêve de moquerie, le genre semble plutôt bien se vendre, et pour preuve, il y a même un label spécialisé là-dedans, AOR Heaven. Et parmi toutes les productions de cette maison de disques, on retrouve Escape, un groupe britannique dont Fire in the Sky est le troisième album.
Le groupe se forme au début des années 2010, et c’est en 2012 que sort leur premier album, Unbreakable, chez Z Records. Ils enchainent l’année suivante avec Borderline, toujours chez le même label, puis il semblerait que le groupe se mette en pause. En effet, outre un changement de maison de disques, le groupe change la graphie de son nom et mettra huit ans pour accoucher de ce troisième opus qui nous préoccupe entre ces lignes. Un album qui reste dans la veine de l’AOR que l’on a l’habitude d’entendre, qui ne révolutionne rien, et qui a même du mal à rester en tête, la faute à un aspect lisse trop marqué, et une absence de prise de risque, tout en se prenant bien trop au sérieux. La preuve en est dès le démarrage avec Lost and Found qui pose les bases de ce que l’on va entendre.
Dès le début du morceau, on entend le clavier qui se donne à fond, occultant presque les guitares. D’un point de vue mélodique, ça rentre dans le tout-venant du genre, et on reste circonspect sur l’efficacité du titre, même si on peut garder un petit solo sympathique. Les choses auraient pu devenir plus sympathique avec Heroes in the Night, mais là encore, l’aspect sirupeux prend trop rapidement le dessus. Le premier riff démontre un talent certain, mais rapidement, tout est noyé par un clavier omniprésent et une rythmique qui se veut presque Pop. D’un point de vue paroles, ce n’est pas non plus la panacée, malgré un refrain qui peut se faire entêtant. Encore faut-il supporter le côté mou de la chose. Temptation est aussi un morceau complètement transparent qui joue beaucoup trop sur sa mélodie du refrain pour tenter de rester dans les mémoires. Mais ça reste totalement vain.
Et avec Restless Heart, on touche clairement le fond du fond du genre. Il s’agit d’une ballade insupportable, où le clavier prend plus d’importance que les grattes, et on s’ennuie très fort à l’écoute. C’est typiquement le genre de titre où l’on imagine la foule allumer ses briquets. Et nous, ici, on n’aime pas vraiment ça. Something to Believe In reste un titre plus dynamique, mais il démarre comme Heroes in the Night, et s’essouffle très rapidement, dès le début du premier couplet. Escape reste bien trop dans son cocon confortable, et cela commence à ennuyer fortement. Blinded by a Lie essaye de renouer avec des riffs plus lourds et plus agressifs, mais le groupe adoucit vite cela avec son clavier qui vient scander une petite mélodie. Heureusement, le rythme est plus relevé que pour les autres morceaux, et cela donne un peu plus d’ampleur au titre.
Coming Home peut se voir comme l’un des meilleurs titres de l’album. Le refrain est plus plaisant, il y a un côté eighties qui n’est pas désagréable, mais le plus gros problème réside dans son côté déjà-vu. Borderline se la joue bien trop Soft Rock qui se repose sur ses lauriers, et on a aussitôt entendu le titre qu’on l’a oublié. Destiny essaye d’être un peu lourd dans son introduction, mais le refrain rempli de gimmicks dessert complètement l’aspect technique des musiciens, et notamment du batteur. Pui Walk on Water sera juste un marchepied pour le dernier morceau, qui justifie à lui tout seul l’écoute de l’album. En effet, Fire in the Sky est un morceau fleuve de plus de neuf minutes, et pour le coup, il fonctionne bien, car il passe par plusieurs strates en évitant un ennui certain. Après, il est aussi trop calibré pour se faire marquant.
Au final, Fire in the Sky, le dernier album d’Escape, n’est pas un mauvais effort en soi, mais il rentre pleinement dans le cadre de l’AOR et cela reste un tantinet saoulant. Le groupe anglais ne sort jamais de sa zone de confort et ne révolutionne en rien un genre désuet qui ne peut que plaire à quelques papys rockeurs qui ont du mal avec les choses un peu plus virulentes de maintenant. Bref, un album lambda qui rentre bien trop dans sa case Hard Rock mélodique pour marquer notre écoute.
- Lost and Found
- Heroes in the Night
- Temptation
- Restless Heart
- Something to Believe In
- Blinded by a Lie
- Coming Home
- Borderline
- Destiny
- Walk on Water
- Fire in the Sky
Note : 10/20
Par AqME