décembre 11, 2024

Virtual Revolution – Encourageons la SF Française

De : Guy-Roger Duvert

Avec Mike Dopud, Jane Badler, Jochen Hägele, Maximilien Poullein

Année : 2016

Pays : France, Etats-Unis, Canada

Genre : Science-Fiction, Policier

Résumé :

A Paris, en 2047, la grande majorité de la population passe le plus clair de son temps dans des mondes virtuels. Nash, un hybride, partage son temps entre univers réel et virtuel. Tueur à gages et détective privé, il est chargé de traquer et éliminer les terroristes qui menacent le système en place…

Avis :

On a souvent tendance à l’oublier, mais la France est le pays de la science-fiction et des films de genre. C’est assez difficile à croire, mais les premiers films de Georges Méliès étaient déjà des films de SF ou des simulacres de films d’horreur, et il ne faudrait pas oublier que dans la littérature, un certain Jules Verne était précurseur dans sa catégorie. De nos jours, la science-fiction s’est surtout envolée du côté des Etats-Unis, à Hollywood, là où les moyens sont plus grandiloquents, et les producteurs un peu moins frileux à balancer quelques nouveautés issues d’un cerveau malade, et non pas d’une franchise déjà connue. De ce fait, il est toujours intéressant de voir des réalisateurs français se frotter au genre, même si celui-ci demeure assez intime, et avec des moyens financiers limités. C’est le cas pour Virtual Revolution de Guy-Roger Duvert.

Film d’anticipation se déroulant à Paris en 2047, le scénario nous propose de suivre Nash, un homme qui passe beaucoup de temps dans un monde virtuel, et qui a pour métier d’être une sorte d’enquêteur freelance. Il va alors être mandaté par une société qui fabrique des jeux de réalité virtuelle, car des terroristes menacent, voire exécutent, certains joueurs qui passent trop de temps sur les jeux en ligne, et forcément, cela fait tache dans l’ordre nouvellement établi. Et en menant son enquête, Nash va découvrir quelque chose de beaucoup plus complexe. Réalité virtuelle, jeu en réseau, monde réel laissé à l’abandon, grandes sociétés qui endorment les consciences, on sent bien que le film en a sous la semelle, et se veut plus intelligent qu’il n’y parait. Seulement, avec de petits moyens et de grandes ambitions, Virtual Revolution demeure-t-il un film réussi ?

« le réalisateur fournit énormément d’efforts pour implanter une ambiance particulière »

La première chose qui va frapper, c’est bien évidemment sa mise en scène, ses effets spéciaux et son côté un peu cheap. On ne va pas se leurrer, le film de Guy-Roger Duvert ne va pas s’appuyer sur ses CGI pour nous marquer, et le metteur en scène utilise surtout cela pour planter un décor qui évoque Blade Runner. On est dans un univers cyberpunk assumé, qui ne crache jamais sur ses références, et c’est tout à fait honorable. Néanmoins, les incrustations extérieures demeurent assez kitschs, et on sent bien que le budget fut tout riquiqui. Mais malgré cela, le réalisateur fournit énormément d’efforts pour implanter une ambiance particulière, entre vision nihiliste d’un monde qui ne va vivre que dans la fiction, et bouffée d’espoir au sein d’un groupe qui lutte pour réveiller tout ce monde qui dort. Ce n’est pas parfait, mais il y a une réelle volonté.

Les décors sont relativement réussis, mais si, là aussi, on ressent une patte artisanale qui fleure bon la débrouille. Mais qu’importe, les sièges pour jouer au jeu sont bien fichus, on ressent aussi le côté laissé à l’abandon des rues et de la ville, et l’ensemble forme quelque chose de cohérent. Et même si certains costumes font relativement fauchés, ou tout du même très stéréotypés, à l’instar du premier ennemi avec ses tuyaux dans le dos, on prend du plaisir à évoluer dans ce monde sombre et qui semble sans espoir. Un espoir qui n’apparait jamais vraiment, se reflétant alors dans son personnage principal, qui n’arrive pas à faire le deuil de sa femme, et qui va être tiraillé par plusieurs choix, découvrant au fur et à mesure les réelles intentions des « terroristes » et ce que cache la société qui l’a embauché.

« Virtual Revolution se fait bien trop ambitieux. »

D’un point de vue scénaristique, Virtual Revolution se fait bien trop ambitieux. Le démarrage est assez canon, avec cette ambivalence des lieux, entre le jeu virtuel et la réalité morbide, on a énormément de scènes d’action, avec un réalisateur qui a de bonnes idées de mise en scène, mais au bout d’un moment, on va sentir que ça patine. L’écriture pédale dans la semoule, elle nous perd autour de tergiversations pas forcément intéressantes, et surtout, on ne comprend plus grand-chose entre trois parties qui ont des enjeux différents. On assimile vite le fond, avec ce groupe qui veut éveiller les joueurs pour les faire retourner dans la vraie vie et la société qui veut les maintenir dans leur rêverie pour une question d’argent, mais l’arrivée d’un troisième groupe sème un peu la pagaille, et on se perd assez vite dans le délire du scénario.

Il y avait moyen de faire plus simple et plus efficace, et cela gâche un peu l’ensemble. D’autant plus que d’un point de vue rythmique, on se retrouve avec un début tonitruant, entre baston crédible et affrontements dans un jeu vidéo très dynamiques, puis petit à petit, le soufflé redescend pour ne parvenir qu’à quelques moments de parlottes qui manquent de clarté. Le film n’arrive pas à trouver un rythme constant, et cela casse un peu notre attention. Et c’est dommage car, on le redit, d’un point de visuel, ça fourmille d’idées, de références, mais l’écriture manque de lisibilité et l’intrigue se doit d’être bien plus claire. C’est d’autant plus dommage que le casting est plutôt bon, avec des comédiens investis dans leurs personnages respectifs.

Au final, Virtual Revolution est un film imparfait, et on pourrait facilement le descendre pour son côté cheap et son scénario vraiment trop brouillon, mais ce ne serait pas rendre justice au travail de Guy-Roger Duvert. Très ambitieux, voulant renouer avec une SF cyberpunk relativement crédible au sein d’un futur proche, on ne peut que ressentir tous les efforts pour accoucher d’un tel bébé, difforme, mais bourré de belles intentions et d’idées visuelles distillées avec parcimonie. Bref, il s’agit d’un film français qui aurait mérité un plus beau soutien et qui démontre une belle envie de faire du genre dans notre pays, chose devenue trop rare.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.