D’Après une Idée de : Phoebe Waller-Bridge
Avec Phoebe Waller-Bridge, Andrew Scott, Sian Clifford, Olivia Colman
Pays : Angleterre
Nombre d’Episodes : 6
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Alors que le destin lui joue un tour inattendu, Fleabag rencontre un prêtre qui la pousse à voir le monde différemment. Un an plus tard, les vieilles cicatrices sont toujours là et de nouveaux conflits pointent déjà le bout de leur nez…
Avis :
C’est en 2016 que Phoebe Waller-Bridge crée la surprise avec la première saison de Fleabag. Au départ one woman show, la jeune femme va alors tout faire pour adapter son spectacle sur le petit écran. Il en résultera une excellente surprise, une série tragi-comique à la fois drôle et poignante, peignant avec férocité le portrait d’une trentenaire à la dérive suite au décès de sa meilleure amie. Il faudra attendre trois ans pour voir la suite arriver. Une seconde saison qui sera aussi la dernière, puis l’actrice sera ensuite convoitée par Hollywood, pour jouer notamment dans le cinquième volet de la saga Indiana Jones. Et avec cette seconde saison, on va avoir droit à de nouveaux thèmes autour de cette famille dysfonctionnelle, où les relations se tendent constamment pour pas grand-chose.
Le premier épisode donne clairement le ton. On retrouve une Fleabag le nez en sang dans les toilettes d’un restaurant, et on va remonter en arrière pour comprendre ce qu’il s’est passé. Toute la famille est alors autour d’une table pour célébrer les fiançailles du père de Fleabag, et préparer le mariage, avec un jeune prêtre qui se trouve à table. Les choses dégénèrent lorsque la sœur de Fleabag fait une fausse-couche dans les toilettes, mais refuse d’aller à l’hôpital et de la dire. De ce fait, c’est l’héroïne qui couvre sa sœur en disant que c’est elle qui a fait une fausse-couche, et son beau-frère va faire une réflexion qui ne passe pas, le tout partant en presque bagarre générale. Pas de doute, cette deuxième saison s’annonce épique, tout en gardant sa double tonalité, à savoir le comique et le drame, alliant le tout dans un équilibre impressionnant.
Si le sujet de la fausse-couche va revenir plusieurs fois durant cette saison, ce n’est pas le thème principal, puisqu’ici, Fleabag va tomber amoureuse d’un prêtre, qui va lui aussi succomber à ses charmes. Pendant les six épisodes, les deux personnages vont se fureter, se tourner autour, tout en discutant de sujets forts et intéressants. Bien sûr, la foi sera au centre des débats, avec ce prêtre qui fait tout pour ne pas tomber dans les bras de l’héroïne, mais ce combat contre « Dieu » est bien difficile, abordant alors le célibat forcé des hommes d’église. Ce fil rouge amène une belle réflexion aussi sur l’église, les religions, et leurs règles restrictives complètement arriérées. Mais au-delà de l’intelligence de cette relation, on aura aussi un superbe couple de série entre Andrew Scott et Phoebe Waller-Bridge, qui sont vraiment beaux ensembles.
Il est évident que la série ne se cantonne pas qu’à cela. Fleabag est une série qui se focalise beaucoup sur la relation entre les deux sœurs, puisque si Fleabag n’est pas forcément heureuse en amour, il en va de même pour sa sœur, qui est avec un mec toxique et alcoolique. Elle préfère le tromper plutôt que le quitter, mais les discussions entre sœurs vont faire évoluer les choses, renforçant une relation fragile entre deux sœurs qui s’aiment malgré tout. On aura aussi droit à la place de la belle-mère dans une famille, surtout quand cette dernière est égoïste et tente d’effacer la place de la mère décédée. Et que dire de ce père aimant, qui essaye de dire à ses filles qu’il les aime, mais il semble bien maladroit. Ce même homme qui tremble à l’idée de se remarier, pensant alors faire une infidélité à sa défunte épouse.
Ce qu’il y a de vraiment excellent dans cette série, c’est que malgré l’importance des thèmes, et la fragilité des émotions, il y a toujours un humour bien dosé, qui va parfois très loin. Certains personnages sont plus excessifs que d’autres, à l’image de cet avocat impulsif et prétentieux, mais d’autres sont plus calmes et beaucoup plus drôles. On peut évoquer le collègue de boulot de la sœur de Fleabag, Klare, qui est aussi son sex-friend, ou encore le beau-fils de la sœur, qui joue du basson et se retrouve être un fieffé psychopathe. Tout ce petit monde a son petit grain, et cela donne des situations vraiment cocasses qui s’allient parfaitement avec les drames qui se mettent en place. De plus, la série offre aussi des dialogues ciselés, et s’éloigne du sexe, qui était l’un des sujets phares de la première saison.
Et si Fleabag brise toujours autant le quatrième mur, s’adressant directement à nous et jouant alors sur les perceptions et les non-dits, la grosse idée de génie revient au fait que le prêtre voit Fleabag faire et lui demande à qui elle parle. La scénariste nous place alors en tant que déité qui voit tout, et cela est vraiment très intelligent, jouant sur la religion, les croyances, et le pouvoir que nous avons, nous, spectateurs.
Au final, cette seconde et dernière saison de Fleabag est une vraie réussite, encore meilleure que la saison précédente. En fait, c’est tellement bon que l’on ne peut qu’être déçu de savoir que c’est la dernière, et que l’on ne recroisera sans doute plus jamais tous ces personnages un peu timbrés. Aussi drôle qu’intelligente, à la fois touchante et triste dans sa conclusion si juste et si émotionnelle, vous l’aurez compris, on est tombé amoureux de Fleabag, et son statut de série culte multirécompensée n’est pas du tout usurpé.
Note : 18/20
Par AqME