décembre 10, 2024

L’Affaire Charles Dexter Ward

Auteurs : H.P. Lovecraft et I.N.J. Culbard

Editeur : Akiléos

Genre : Fantastique, Horreur, Thriller

Résumé :

Années 1920. Un patient s’est échappé de la cellule dans laquelle il était gardé pour raisons psychiatriques. L’évasion paraît irréelle, le patient semble s’être comme volatilisé. Il se nommait Charles Dexter Ward. Interrogé, le docteur Willett qui le suivait, sait ce qu’il lui est arrivé ; mais il sait aussi que nul ne le croira. Tout commença quelques temps auparavant, lorsque le père du garçon, inquiet, avait demandé à son ami et docteur de rencontrer son fils atteint de possible folie. Le jeune homme s’était passionné pour l’histoire de son ancêtre Joseph Curwen. Il semble que ce dernier ait vécu plus de cent ans au XVIIe et XVIIIe siècles. On le disait alchimiste, on le craignait, on l’évitait comme la mort. Ce marchand d’esclave avait la réputation de fricoter trop souvent du côté des cimetières. Portrait caché de son aïeul, Charles a pu le vérifier grâce à un portrait sur un tableau retrouvé. Des documents y était dissimulés, des textes énigmatiques expliquant – peut-être – l’extraordinaire « longévité » du sulfureux Curwen…

Avis :

H.P. Lovecraft aura laissé derrière lui un héritage assez impressionnant. S’il est mort dans la misère, on ne peut que remercier son meilleur ami, August Derleth, qui a décidé de faire publier ses œuvres post-mortem. Aujourd’hui, Lovecraft est partout, dans le jeu vidéo, au cinéma, à la télé, en jeu de rôle, jeu de société et il est même adapté sur d’autres médiums littéraires, comme le manga ou le comics. Paru en 2012, la version comic de L’Affaire Charles Dexter Ward ne va pas forcément attiser les foules, mais c’est tout de même I.N.J. Culbard qui est à la réécriture et au dessin, personne qui a déjà reçu un British Fantasy Award pour sa version des Montagnes Hallucinées, et forcément, cela attise la curiosité. Baignant dans une ambiance mortifère et pesante, cette version ne va malheureusement pas se faire aussi marquante que la nouvelle.

Si l’on se base uniquement sur le script, on retrouve tous les éléments chers à Lovecraft. Ici, on suit le Dr Willett qui est embauché par les parents de Charles Dexter Ward, car ils sont inquiets pour sa santé mentale. En effet, le jeune homme voue une passion pour les sciences occultes et semble terriblement attiré par l’histoire de deux hommes disparus qui auraient eu plus de 170 ans. Au fil de l’intrigue, l’histoire nous montre alors les changements qui s’opèrent en Charles, et comment ce Dr Willett va en arriver à la conclusion que rien ne peut être fait pour le ramener sur le bon chemin. Franchement, au niveau de l’histoire, il n’y a pas grand-chose à redire, et on retrouve les thèmes chers à l’écrivain. Il y a un vrai sentiment d’inéluctabilité qui se dégage du récit, et on voit les forces du mal se mettre en ordre.

De plus, on a aussi le point de vue d’un médecin qui va découvrir des choses inconnues, et qui va lui aussi sombrer dans une sorte de curiosité morbide, révélant alors les forces occultes qui sont en marche. Jouant sur une narration plus ou moins éclatée, avec comme point de départ la fin, avec la disparition de Charles, puis le récit du docteur avant d’arriver à une conclusion horrifique, L’Affaire Charles Dexter Ward se révèle être un bon complément à la nouvelle, même si on reste sur des rails similaires. Mais la question que l’on va se poser, c’est qu’est-ce qui fait que ce comic se fait moins fort, moins prenant, et tout simplement moins angoissant ? Et la réponse se trouve dans les graphismes d’I.N.J. Culbard.

Les traits sont relativement grossiers, les personnages ne sont pas beaux, tout comme les environnements qui sont assez fades. Si l’histoire se base surtout sur des discussions calmes entre personnages, jamais le dessinateur ne se frotte à l’occulte et aux monstres, et encore moins dans le laboratoire de Charles. Si cela peut laisser libre cours à notre imagination, avec un fort pouvoir de suggestion, on peut aussi mettre en cause l’inaptitude du dessinateur à faire des grands anciens, ou des monstres antédiluviens. Cela se confirme sur la fin du récit, où l’on retrouve un monstre relativement moche. De plus, même si les écrits de Lovecraft (et en particulier celui-ci) ne sont pas les plus mobiles et aventureux, on se retrouve face à un statisme qui ennuie et lasse à plus d’une reprise. On est loin, très loin, du travail de fourmi de Gou Tanabe.

Au final, cette version comic de L’Affaire Charles Dexter Ward n’est pas désagréable en soi, mais elle demeure quelconque et sans réel intérêt. Si on retrouve les éléments essentiels de la nouvelle, on reste tout de même dans l’attente d’une peur insidieuse qui se révèle pleinement sur la fin. Et tout cela à cause des dessins qui ne sont guère réjouissants, et qui manquent réellement d’impact. Bref, pour les collectionneurs de Lovecraft, c’est bien évidemment un immanquable, mais si l’on veut découvrir cette histoire, il vaut mieux se plonger dans la nouvelle.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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