
Titre Original : Choi-Jong-Byeong-Gi Hwal
De : Han-Min Kim
Avec Park Hae-Il, Ryu Seung-Ryong, Chae-Won Moon, Mu-Yeol Kim
Année : 2011
Pays : Corée du Sud
Genre : Action, Historique
Résumé :
Lors de la deuxième invasion mandchoue de la Corée, 500 000 civils sont faits prisonniers. Au beau milieu de combats acharnés, se bat un archer coréen entré dans la légende mais dont les historiens ont oublié le nom. Ceci est son histoire…
Avis :
Sans l’ombre d’un doute, la Corée du Sud profite d’une excellente réputation en matière de productions cinématographiques, notamment dans le domaine du polar et du thriller. Pour d’autres registres, le pays du matin calme se démarque par un mélange des genres qui interpelle par le contraste de sa tonalité, de son rythme. Une grande légèreté est alors susceptible de côtoyer des élans dramatiques poignants. On peut le constater avec le film catastrophe The Last Day ou l’éprouvant et non moins remarquable The Host. Deux exemples représentatifs d’un cinéma singulier qui ne s’embarrasse guère des fondamentaux inhérents à un style particulier.

Lorsqu’on se penche sur le cinéma historique coréen, on peut distinguer une approche symptomatique des tendances précitées. Avec War of The Arrows, on découvre une première partie empreinte d’insouciance où l’humour burlesque détonne avec la teneur des évènements à venir. En l’occurrence, la seconde invasion mandchoue du royaume Joseon, au XVIIe siècle. Si l’on peut symboliser ces séquences par une parenthèse salvatrice dans des existences percluses de souffrances et de désillusions, on note d’emblée des choix artistiques maladroits. En effet, le film de Han-min Kim joue davantage sur la dimension légendaire du personnage et de la période, moins sur une reconstitution historique rigoureuse.
« l’approche manichéenne est flagrante, à la limite de l’hagiographie »
Qu’il s’agisse de conflits historiques ou contemporains, il est vrai qu’on a du mal à se départir d’un parti pris, a fortiori lorsqu’il est question de son propre pays. Avec le présent métrage, l’approche manichéenne est flagrante, à la limite de l’hagiographie quant à ses protagonistes. Le scénariste et le cinéaste multiplient les instants de bravoure, l’héroïsme désintéressé face à un rapport de force déséquilibré. En cela, la trame ne présente aucune nuance ni ambivalence dans son déroulement. Le constat est tel que le sort des différents intervenants ne suscite guère de doute. Non seulement il est possible de deviner qui va trépasser, mais aussi à quel moment.
On peut également avancer certaines réserves quant au déroulement des faits. Là où l’on pouvait entrevoir un amour fraternel indéfectible, le parcours de cet archer anonyme (du moins, dans l’héritage de la véritable histoire) se révèle vite un symbole patriotique pour défendre son royaume. Il n’est pas ici question de remettre en cause les évènements ou le statut d’oppresseur de la Mandchourie. On regrette plutôt un manque de recul flagrant qui délaisse toute objectivité pour entretenir un mythe contestataire. Ce dernier se destine davantage à fédérer un sentiment d’appartenance communautaire qu’à présenter une rébellion légitime.
« les trucages numériques achèvent toute crédibilité. »
À cela s’ajoutent certaines séquences douteuses, en particulier celles qui impliquent des animaux. On peut évoquer les chiens d’attaque de l’introduction, mais surtout la scène du tigre. Au-delà du caractère surréaliste de cette confrontation, les trucages numériques achèvent toute crédibilité. L’évolution narrative se perd progressivement dans des élans de témérité absurdes. Preuve en est avec ces sauts de cabri pour atteindre l’autre versant d’une falaise. Et que dire de ce dénouement qui renvoie à quelques passages emblématiques de western où l’arc se substitue au revolver ? Certes, les affrontements ou les poursuites en forêt s’avèrent intenses, mais ils ne dépassent jamais le stade du divertissement.

Au final, War of the Arrows s’avance comme un métrage assez prévisible dans son traitement et la teneur de son propos. Han-min Kim ne s’embarrasse guère d’une reconstitution méticuleuse. Le cinéaste privilégie un angle adulateur, entretenant les mythes d’autrefois pour préserver des valeurs patriotiques surannées. On ne distingue donc aucune nuance dans la progression de l’histoire. Certes, le film se veut efficace pour orchestrer les affrontements à l’arc ou gérer le rapport de force entre les deux nations. On apprécie aussi un rythme constant et une belle fluidité dans un périple qui emprunte les atours d’une mission suicide. Pour autant, il est difficile d’occulter cet héroïsme inconsidéré et l’esprit de sacrifice qui, bien que courageux, manquent de réalisme et d’objectivité.
Note : 12/20
Par Dante