octobre 10, 2024

Invitation à un Meurtre – Laissez Agatha Tranquille!

Titre Original : Invitation to a Murder

De : Stephen Shimek

Avis : Mischa Barton, Chris Browning, Bianca Santos, Seamus Dever

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Policier

Résumé :

Quand un milliardaire reclus invite six inconnus dans sa propriété insulaire, Miranda Green, aspirante détective, trouve l’invitation très (trop) intrigante. Bientôt un invité est retrouvé mort, Miranda doit faire la lumière sur le complot malveillant qui se cache derrière cette rencontre pour faire ses preuves et sauver sa vie…

Avis :

En littérature, comme au cinéma, l’œuvre d’Agatha Christie ne cesse d’inspirer auteurs, réalisateurs et producteurs. Il peut s’agir d’adaptations formelles de ses propres ouvrages ou, à l’image de la saga La Reine du crime, d’itérations fantasmées sur sa vie, son parcours. D’autres encore proposent une formule similaire, mais s’éloignent des intrigues de référence. C’est notamment le cas d’Invitation à un meurtre, long-métrage d’origine française, tourné dans l’état de l’Illinois avec une atmosphère censée reproduire une île côtière britannique. En somme, un melting-pot des nationalités et des cultures qui laisse augurer un traitement épars quant à ses idées et sa retranscription d’un style policier à part entière…

En l’occurrence, le film de Stephen Shimek, coutumier des productions de seconde zone, s’appuie sur la notoriété de son modèle littéraire. On songe à ce perpétuel hommage pour les écrits de la romancière avec des citations explicites. Si le cinéaste ne cache pas son admiration, il use d’emblée de subterfuges grossiers pour amorcer son histoire. Cela vaut tout d’abord pour cette introduction où l’on assiste à un crime perpétré à l’aide d’un katar, sorte de poignard originaire de l’Inde. Dès lors, on peut s’attendre à une touche d’exotisme, à un mystère qui ne se contente pas d’avancer des intérêts sommaires. Seulement, l’intrigue déplace les pièces de son échiquier sans les utiliser à bon escient.

« L’histoire se pare de portraits stéréotypés. »

Par la suite, l’entame n’aura aucune conséquence, comme d’autres éléments du scénario. Au fil des pérégrinations des intervenants dans ce manoir reculé, on distingue çà et là de pseudo-indices à même de perdre les personnages et le spectateur. Il ne s’agit pas de fausses pistes, mais d’objets ou d’allusions qui ne servent à rien et n’ont aucun rapport avec l’affaire en devenir. Quant aux pans narratifs nécessaires à la mise en place du contexte, ils font office de remplissage et n’apportent aucun fonds, a fortiori en matière de caractérisation. L’histoire se pare de portraits stéréotypés, au background peu évocateur sur leur personnalité, leurs réactions ou, le cas échéant, leur mobile.

Dès lors, on vaque de conversations stériles en situations prévisibles. Au vu de leur contenu, les dialogues sonnent creux et présentent toutes les peines du monde à justifier de leur pertinence. Cela concerne également les hypothèses fumeuses qui, là encore, souhaitent orienter le public vers une vision biaisée des faits. D’un premier assassinat au suivant, l’on se dit que la montée en tension est graduelle, que tous les invités constituent de potentiels coupables ou victimes, en vain. L’exercice de suspicion demeure maladroit et les changements d’avis s’avèrent tout aussi impromptus que les explications fournies à l’emporte-pièce.

« Le réalisateur s’amuse à dissimuler ou exposer des clins d’œil à ne plus savoir qu’en faire. »

Faute de quoi, le réalisateur s’amuse à dissimuler ou exposer des clins d’œil à ne plus savoir qu’en faire. Au vu du cadre isolé, il est évident de penser aux Dix petits nègres, notamment avec l’imminence d’autres crimes, une éventuelle vengeance qui plane au-dessus de chaque tête ou ce curieux personnel. Plus saugrenu, on songe aussi à ces lapins qui semblent représenter chaque protagoniste et disparaissent au gré des victimes. Quant à l’affiche du film, évocatrice du Crime de l’Orient-Express, l’incursion ferroviaire ne dure que quelques minutes et ne distille aucune ambiance. Malheureusement, ce constat se vérifie également dans l’exercice du huis clos où l’on ne se sent à aucun moment pris au piège de la situation et de l’environnement.

Au final, Invitation à un meurtre amorce les enquêtes (ou « mystères ») de Miranda Green de bien piètre manière. Le métrage de Stephen Shimek régurgite tous les éléments et poncifs propres aux histoires d’Agatha Christie. Cependant, on ne distingue guère la subtilité et la singularité qui augurent d’une affaire criminelle complexe, à tout le moins imprévisible et déroutante. Il faut donc se contenter d’une mise en place laborieuse sans grand intérêt, d’investigations qui s’appuient sur des conjectures et non des indices. Au choix, ces derniers sont inutiles, improbables ou surfaits. Quant à la teneur des évènements, on nous dessert des justifications basiques, presque rocambolesques lorsqu’on tient compte des faits et de l’évolution de l’intrigue. En somme, un téléfilm du dimanche ultra-référentiel, maladroit et dénué de la moindre originalité.

Note : 08/20

Par Dante

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