juillet 27, 2024

Joker – Les Derniers Jours d’un Clown

Auteurs : Scott Beatty, Chuck Dixon, Pete Woods

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros

Résumé :

Dans le Slab, la prison de sécurité maximale pour les criminels surpuissants, le Joker apprend qu’il est mourant. Il concocte alors un plan pour perpétuer son héritage, en partageant le venin qui l’a transformé en un sociopathe au visage pâle avec d’innombrables autres super-vilains. Pendant ce temps, Oracle, la première ligne de défense, est indisponible. Seule Black Canary répond présente pour essayer d’arrêter une émeute de malfaiteurs sanguinaires.

Avis :

Existe-t-il méchant plus emblématique que le Joker dans le monde du Comic book ? Il faut dire que la némésis de Batman fait partie de ces vilains ultra charismatiques qui ont bénéficié très rapidement d’un traitement de faveur dans les adaptations série et cinéma, et forcément, cela a permis au clown du crime d’avoir les faveurs du public. Forcément, ce méchant va devenir une manne financière non négligeable, et scénaristes et dessinateurs vont alors faire équipe pour faire des runs mettant en avant le grand méchant au sourire so bright. Dans les années 2000, c’est Scott Beatty, aidé d’Alan Moore, qui va prendre sa plume pour tenter d’imaginer ce que serait le dernier coup d’éclat du Joker s’il apprenait sa mort imminente via une tumeur à la tête. Il en résulte Les Derniers Jours du Clown, un sacré bordel organisé qui a plutôt bien vieilli.

Le pitch est relativement simple. Le Joker est enfermé dans la plus grande prison du monde, avec d’autres détenus tout aussi dangereux que lui. Cependant, on lui annonce qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau inopérable, et qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Alors, dans un dernier geste désespéré, et en s’acoquinant avec les autres prisonniers, il va faire un dernier coup d’éclat, voulant partir avec panache en emportant tout le monde avec lui. Divisé en six chapitres, Les Derniers Jours du Joker est un run qui est assez symbolique des années 2000. On retrouve de nombreux super-vilains et super-héros, on va avoir droit à un gros melting-pot d’aventures et de bagarres, et l’ensemble parle de tous les troubles de la bat-family. On pourrait presque croire à une histoire qui change l’histoire de l’univers DC, mais ce n’est pas vraiment le cas.

Bien évidemment, la première chose qui frappe, c’est la folie démesurée du Joker, qui s’avère bien plus intelligent qu’il ne le montre. Chaque chapitre présente une nouvelle étape dans son attaque, où il va d’abord jokeriser tous les détenus, pour ensuite tenter de perpétuer sa généalogie, avant de décider de partir avec le monde entier. On retrouve tous les atours du vilain qui change de costume constamment, qui arrive à trouver toutes les failles des gentils, et qui sait s’entourer de super-vilains aux pouvoirs divers et variés. Le run est à l’image du méchant, complètement fou, décomplexé et parfois un peu trop frénétique. D’ailleurs, afin de couper un peu la folie douce du Joker, on va suivre quelques héros qui tentent, à leur manière de survivre et de déjouer les plans du Joker. Cela permet de rompre un peu la rythmique, même si on notera quelques incohérences narratives.

Ainsi donc, on verra très peu Batman ou la Ligue de Justice (qui semble occupée ailleurs, alors que non…), et c’est surtout Oracle et Nightwing qui auront le plus de présence entre les pages. On retrouve le sempiternel discours sur le fait de ne pas tuer, contrairement au méchant, alors même que se pose la question de légitimité de l’assassiner une bonne fois pour toutes, afin d’éviter des récidives. Si ce n’est pas original, cela a le mérite de poser une réflexion maline sur l’auto-justice, avec une fin qui va mettre la Bat-Family face à ses responsabilités. Plus étonnant, le récit va mettre le doigt sur deux personnages secondaires qui auront fort à faire à replaçant la prison sur le bon plan dimensionnel, j’ai nommé Shilo et une marshal. Le premier est anciennement Mister Miracle et l’autre est une forte tête qui n’hésite pas à tuer du vilain.

Si le couple fonctionne, c’est aussi et surtout car leur aventure au sein de la prison qui sombre dans un trou noir ne s’arrête pas un seul instant. On aura du vilain à tours de bras (King Shark, Orca, Black Mass, Multi-Man…) et l’action ne s’arrête jamais. Néanmoins, les personnages étant peu connus (tout comme la chenille extraterreste Mister Mind), on aura plus de mal à ressentir de l’empathie pour eux. Et si c’est vrai aussi pour le côté « réalité » avec ceux qui combattent le Joker, c’est surtout car ils surgissent pour quelques cases avant de disparaître totalement, comme Huntress, Robin ou encore Black Canary. Il y a trop de personnages à gérer au sein d’une folie frénétique qui fait qu’il y a des méchants partout, des gentils à chaque coin de rue et que tout ce bordel semble parfois peu maîtrisé.

De plus, il faut aussi se faire aux graphismes. Non pas qu’ils soient mauvais, loin de là, mais chaque chapitre est dessiné par un auteur différent, et on notera quelques différences dans le trait. Si cela n’est pas forcément flagrant, les différences sont suffisamment remarquables pour nous sortir parfois de l’histoire. Notamment à un moment où le style du dessinateur se fait plus rond et presque plus joyeux que dans les autres chapitres. Alors, globalement, ça reste du très haut niveau, mais parfois, on frôle le cartoon, et ce qui sied bien au Joker ne sied pas forcément à un run qui se veut délirant, certes, mais aussi sérieux et tragique. De plus, il y a aussi un autre défaut majeur à ce run, ce sont les liens qu’il y a avec d’autres histoires chez d’autres personnages. De nombreuses résolutions se retrouvent dans d’autres stand alone indisponibles.

Au final, Joker – Les Derniers Jours d’un Clown est une histoire assez rocambolesque, pleine d’action et de rythme, allant même jusqu’à la frénésie parfois, se couplant parfaitement avec la folie du super-vilain. Néanmoins, outre les divers liens avec d’autres histoires pour avoir le fin mot de certains axes, on sent que ce bordel est parfois mal maîtrisé et le changement de dessinateur à chaque chapitre ne facilite pas notre projection dans cette folie douce. Tout comme le final, très abrupt, qui peut nous laisser sur notre faim. Bref, sans être un immanquable, ou même une grosse déception, ce run mérite d’être lu pour son foisonnement de méchants et de gentils, et pour voir un Joker complètement fêlé qui va mettre le monde sens dessus-dessous.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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