juillet 27, 2024

Fallout Saison 1

D’Après une Idée de : Lisa Joy et Jonathan Nolan

Avec Ella Purnell, Aaron Moten, Walton Goggins, Moises Arias

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 8

Genre : Post-Apocalyptique

Résumé :

Une terrible catastrophe nucléaire contraint les survivants « privilégiés » à se réfugier dans des Vaults, des bunkers anti-atomiques construits pour préserver l’humanité en cas d’apocalypse. 200 ans plus tard, une jeune femme quitte l’Abri 33 et s’aventure à la surface, à la recherche de son père, dans un monde dévasté et violent. 

Avis :

Adapter des jeux vidéo en films ou en séries n’a jamais été une bonne idée. Les exemples sont multiples et on peut citer des étrons comme Alone in the Dark, Street Fighter ou encore la franchise Resident Evil, jusqu’à sa série produite par Netflix. Il est vrai que les bonnes adaptations sont rares, si tant est qu’il en existe. Car même si on éprouve de l’empathie pour le Silent Hill de Christophe Gans, on reste tout de même sur une adaptation moyenne, et non pas un chef-d’œuvre. Pourquoi donc le cinéma et la télé n’arrivent pas à adapter correctement des jeux vidéo ? D’une part parce qu’on ne joue pas, on regarde, ce qui fait que la projection n’est pas la même. D’autre part, parce que les scénarios sont figés et ne bougent pas comme un joueur peut l’espérer. Alors, est-ce une bonne idée de se borner à adapter ?

Vraisemblablement, Lisa Joy et Jonathan Nolan ont pris un pari très risqué en s’attaquant à la franchise Fallout. FPS oscillant entre le survival-horror et le post-apo, la saga de Bethesda est un véritable succès et de nombreux joueurs attendaient la série au tournant. Sachant pertinemment les enjeux d’une telle adaptation, les deux showrunners ont joué la carte de l’univers, plutôt que d’un jeu en particulier (même si on voit que le quatrième opus est le plus représentatif). Ainsi donc, avec ses huit premiers épisodes, Fallout se pose comme une série plutôt agréable, qui épouse un univers que même les non-joueurs peuvent comprendre. Assez jouissive dans son démarrage, peinant à se conclure de façon passionnante, cette première saison souffle le chaud et le froid, mais se place parmi les meilleures adaptations de jeu vidéo depuis belle lurette, en empruntant même des tons différents à chaque épisode.

Plutôt que de fournir un pot-pourri du lore et de ne suivre personne, les scénaristes ont bûché sur quatre personnages principaux, que l’on va suivre en fonction de leur mission. Et si trois d’entre eux s’entrecroiseront dans le monde du dehors, un autre va fouiner dans les abris pour découvrir quelque atroce vérité. De ce fait, on va suivre l’évolution de personnes, et non pas une mission précise d’un seul personnage. On va donc faire la connaissance de Lucy, une jeune femme qui a toujours vécu dans un abri, jusqu’à ce que son père se fasse kidnapper par une humaine de l’extérieur. Elle décide alors de sortir pour le retrouver. Son frère, quant à lui, reste dans l’abri et va mener l’enquête pour savoir comment sont rentrés les voyous de l’extérieur, et il va découvrir que derrière l’idylle des abris se cache un lourd secret inavouable.

Ces deux personnages sont assez intéressants dans leur parcours respectif. Si Lucy sort du cadre de par sa politesse et sa naïveté dans un monde régit par la survie, son frère va devoir s’affirmer dans un monde cadré et peuplé de faux-semblants. Tous les deux doivent grandir et apprendre à s’en sortir sans l’aide de leur père, faisant de leur parcours un vrai chemin initiatique pour connaître la vérité. A côté de ces deux personnages qui font partie du peuple privilégié des habitants des abris, on va croiser Maximus, un soldat qui rêve de devenir chevalier et d’arborer l’armure de ces derniers. Il a de l’ambition, mais il est un peu gauche et va constamment se fourvoyer dans les mensonges pour arriver à ses fins. Ici, on aura droit à une société religieuse et belliqueuse, belle métaphore des zélotes d’aujourd’hui qui veulent imposer leur croyance par la force.

Le problème, c’est que le personnage n’est pas très intéressant. Son background est à peine effleuré et son ambition le confronte à sa bêtise. Il est difficile de ressentir de l’empathie pour ce type, tant il est opportuniste et un peu benêt. Même l’acteur joue assez mal, ce qui ne fait que dégrader son image. Fort heureusement, on pourra compter sur La Goule, un personnage mystérieux qui est resté bloqué en plein western. Il s’agit du personnage le mieux traité, avec un énorme background étudié sur les deux derniers épisodes. Relativement méchant et sans pitié, il reste touchant de par son parcours de vie et sa condition de goule, être immortel mais qui se transforme progressivement en zombie s’il n’a pas ses médicaments. Walton Goggins est parfait dans la peau de ce monstre qui s’avère plus nuancé qu’il n’y parait.

Au milieu de tout ça végète tout un tas de sujets qui sont abordés avec plus ou moins de sérieux. Malgré les difficultés de survie, on constate que les humains se font toujours la guerre, qu’il y a toujours des castes et que même une guerre nucléaire ne calme pas les ambitions de certains. La réelle réussite de la série consiste aussi à changer de tonalité de façon assez radicale. Il n’est pas rare de voir des images gores avec une musique douce, voire funky. En effet, la guerre ayant éclaté dans les années 70, on est sur une playlist qui baigne dans ces années-là et le décalage entre l’image et le son est excellente. De plus, certaines touches d’humour permettent de dédramatiser certains effets gores, collant au mieux au jeu vidéo, qui était déjà très décalé de ce côté-là.

Et bien évidemment, il est difficile de passer outre les effets spéciaux qui sont plutôt bons. En explorant les terres sauvages, on va rencontrer toutes sortes de créatures plus ou moins infâmes, mais aussi des décors qui sont assez impressionnants. On sent que la série a du budget et qu’il n’est pas forcément passé dans les poches des producteurs ou des acteurs. Alors certes, il manque certaines créatures iconiques du jeu, dont certaines sont vues à travers des ossements ou des restes, mais il est sûr qu’avec le succès, les showrunners vont pouvoir se faire plaisir par la suite. En espérant néanmoins qu’au niveau du rythme, il y ait plus de justesse, car parfois, on sent que ça rame et que ça traine la patte, notamment sur la fin, qui peine à conclure.

Au final, cette première saison de Fallout se révèle assez plaisante. Le début est vraiment grisant, avec un univers intéressant, décalé et des personnages qui évoluent de façons différentes pour mieux nous cueillir. Il est dommage que le récit s’enlise sur sa fin, avec des backgrounds trop nombreux, cassant alors une rythmique bien en marche. On peut aussi pester sur des seconds rôles pas toujours intéressants, mais dans son ensemble, on reste sur une série prometteuse, prouvant que l’on peut adapter du jeu vidéo sans sombrer dans le navet condescendant.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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