avril 27, 2024

Bloody Sand – Coup d’Épée dans le Sable

Titre Original : It Stains the Sands Red

De : Colin Minihan

Avec Brittany Allen, Juan Riedinger, Merwin Mondesir, Dylan Playfair

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Bloody Sand suit les mésaventures de Molly, une femme psychologiquement dérangée au sombre passé vivant à Las Vegas qui en cherchant à fuir l’apocalypse zombie va s’enliser dans le désert Californien et se retrouver la proie d’un mort vivant solitaire et vorace qui va la traquer inlassablement.

Avis :

S’il y a bien un genre dans lequel il est difficile de se renouveler, c’est l’horreur avec des zombies. Depuis le succès mérité de George A. Romero et jusqu’à certaines trouvailles plutôt plaisantes, on a du mal à trouver de nouvelles idées qui pourraient amener à de d’autres pistes de réflexion. Malgré la multitude de lieux et d’époques dans lesquels on retrouve des morts-vivants, on a toujours tendance à retomber sur la fameuse morale à deux balles, comme quoi, la véritable menace vient de l’être humain lui-même. En ce sens, Bloody Sand (ou It Stains the Sand Red en version originale) donnait le maigre espoir d’avoir un brin d’innovation, et malheureusement pour nous, le jeune réalisateur va vite retomber dans le tout-venant, n’offrant alors qu’un long-métrage qui trouve rarement son équilibre entre vilaine farce et horreur frontale.

L’histoire est tout simple. On commence avec un plan de Las Vegas en ruine et des hélicoptères qui parcourent la zone. Après ce plan d’exposition qui nous plonge rapidement dans une dystopie classique, on va suivre une jeune femme qui fuit la ville avec son mec. Les rapports sont tendus, le type étant un malfrat macho, et elle, une pauvre fille accro à la drogue et l’alcool. Alors qu’elle s’arrête pour vomir, la voiture s’enlise, et un zombie fait son apparition, bouffant l’allègrement le vilain monsieur. La fille n’a plus le choix, elle doit fuir dans le désert à pied afin de rejoindre une piste de décollage à cinquante kilomètres de là. Sauf que le zombie a faim, et après finit son repas, il file à la poursuite de notre héroïne malgré elle. L’histoire sera alors une sorte de course-poursuite, avec quelques rencontres.

« Cette poursuite à pied va être assez redondante et tourne vite en rond. »

Bien évidemment, cette poursuite à pied va être assez redondante et tourne vite en rond. On aura toujours quelques séquences de sale gosse, notamment lorsqu’elle jette son tampon imbibé de sang au zombie pour le détourner, mais on reste dans un récit classique, qui établira deux choses : des flashbacks pour en apprendre plus sur la vie de cette femme et une amitié naissante entre elle et ce zombie. Il sera un peu son confident, lui avouant son passé tumultueux et l’abandon de son fiston à sa sœur, qui est plus maternelle. Le réalisateur daigne nous montrer quelques images fugaces d’un passé pas si lointain, réussissant à couper le peu d’élan qu’avait son film. Ce n’était pas nécessaire et ça joue constamment l’instant « pancarte » pour bien montrer que c’est touchant. Mais le schéma est trop classique pour que l’on se sente impliqué.

De plus, la relation entre elle et le zombie ne tient pas vraiment debout. Si elle arrive à le capturer avec un pneu et de la corde, il va devenir son confident, mais en plus de ça, il ne va jamais la mordre, obéissant presque comme un chien. Pourquoi ? Tout simplement dans l’espoir de donner plus de poids à la morale de l’histoire que l’on a déjà vu mille fois, les hommes sont pires que les morts-vivants. Construit comme un récit de rencontre, à chaque fois, notre héroïne va faire la connaissance avec des connards notoires. Tout d’abord deux frères qui semblent sympathiques et la sauvent du sable et de la déshydratation, mais qui seront deux gros racistes, la violant sans vergogne. Puis deux militaires qui vont la laisser en plan, mais s’amusant à tirer sur son zombie. Sans oublier les derniers malfrats, shootés à la cocaïne.

« Bloody Sand ne fait que ressasser encore et encore la même rengaine. »

Encore une fois, on sait très bien pourquoi ses rencontres se passent ainsi. C’est pour pointer du doigt la cruauté de l’homme, qui fait le mal de façon volontaire. Sous ses atours de road trip intimiste, Bloody Sand ne fait que ressasser encore et encore la même rengaine que l’on a depuis que le zombie a investi les écrans. Alors oui, la fin peut laisser sous-entendre que c’est dans les épreuves difficiles que l’on se révèle, et ce sera le cas pour notre personnage féminin, qui va accepter son statut de mère, allant alors sauver son fils, et laissant partir les hommes avec lesquels elle devait aller au Mexique pour se sauver les miches. Elle va devenir violente, tuer du zombie à coup de clé à mollette et embrasser pleinement son nouveau statut de femme forte. Certes, ce n’est pas nouveau, mais on peut y vivre un récit féministe.

A tout cela, il faut rajouter tout de même une réalisation qui n’est pas extraordinaire, mais qui fait beaucoup mieux que de nombreux films d’horreur indépendants. La mise en scène est propre, ça ne fait pas film de copains, et même si on aurait aimé avoir plus de cachet, Colin Minihan s’en tire avec les honneurs. Les maquillages de zombies sont bien fichus, les quelques effets gores évitent allègrement les CGI dégueulasses, et globalement, ce n’est pas si mal que ça. Même l’actrice principale, Brittany Allen, fait le taf, même si au début, elle est assez exaspérante. Au fur et à mesure du film, elle s’ajuste, prend conscience de sa nouvelle vie et des nouveaux devoirs qui lui incombent. Il est dommage qu’elle ne soit pas aidée par des seconds rôles plus forts, ou tout du moins plus marquants (et des acteurs moins catastrophiques).

Au final, Bloody Sand résonne comme un essai manqué. Le film n’est pas catastrophique comme bon nombre de ses compères, mais il reste vain et sans véritable enjeu. Derrière son concept malin, Colin Minihan nous ressasse la même rengaine sur la pourriture de l’humanité et ne trouve de justesse que dans l’évolution de son héroïne, qui va prendre conscience petit à petit de tout ce qu’elle a perdu au cours de sa vie. On aurait pu avoir un bon film, on se retrouve avec quelque chose d’à peine moyen, qui tire la langue sur la fin et ne possède pas un budget suffisant pour rendre une belle copie. Un coup d’épée dans le sable…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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