avril 27, 2024

Dans la Mêlée – L’Amour est dans le Stade

Titre Original : In From the Side

De : Matt Carter

Avec Alexander Lincoln, Alexander King, Pearse Egan, Christopher Sherwood

Année : 2024

Pays : Angleterre

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Les tensions sont vives dans un club de rugby gay de Londres : l’équipe est à court d’argent et divisée. Lors d’une arrosée, deux joueurs de l’équipe, tout aussi attachés l’un à l’autre, s’engagent sans le savoir dans une liaison adultère. Les deux hommes doivent dissimuler leurs sentiments grandissants en conciliant leurs propres vulnérabilités et les démonstrations de machisme sur le terrain. Ou risquer de détruire le club qu’ils affectionnent.

Avis :

« Dans la mêlée » est le premier film de Matt Carter, un réalisateur britannique qui vient des effets spéciaux. Il commence sa carrière au milieu des années 2000 et il va se construire une sacrée filmographie. En l’espace d’une quinzaine d’années, il va travailler sur une cinquantaine de films, parmi lesquels on trouve des « Harry Potter« , des « Narnia« , « The Last Right« , « Minamata« , ou encore la série « Star Wars : Andor« . En parallèle de cela, c’est en 2015 qu’il réalise son premier court. Rugbyman et homosexuel, Matt Carter a fait partie d’une équipe de rugby dite inclusive (en plus d’être entraîneur et arbitre) et pour son premier film, il a voulu parler de quelque chose qu’il connaît bien.

On a bien cru qu’on ne le verrait jamais ce « Dans la mêlée« , car ce premier film de Matt Carter aura mis un temps fou pour arriver jusque chez nous, car le film était présent à l’édition Chéries-Chéris 2021, et finalement, c’est Optimal qui le sort en salle, avec une distribution pour l’honneur, et c’est vraiment dommage, car « Dans la mêlée » est loin des films que l’on a l’habitude de voir lorsque l’on trouve des personnages homosexuels au premier plan. Histoire d’amour évidemment contrariée, le film de Matt Carter est une histoire très simple, qui pourtant arrivera à tenir son spectateur pendant ses deux heures et quart. Oscillant entre romance, drame, trahison, esprit d’équipe et compétition, « Dans la mêlée » est un film touchant, porté par deux acteurs impeccables.

« Matt Carter y filme joliment les sentiments et le trouble de ces personnages. »

Au sein de l’équipe de Stag, après un match perdu, l’équipe sort en boîte pour se détendre et c’est là que Mark et Warren se rencontrent vraiment. Tous les deux sont en couple depuis quelques années, mais les deux hommes s’engagent dans une liaison qu’il faut désormais cacher aux yeux de leurs boyfriends, mais aussi à l’équipe même. Si, au départ, cette relation se limite à la passion, très vite des sentiments s’imposent et bientôt, ce qui ne devait être que sexuel va devenir bien plus compliqué.

À la lecture de son intrigue, ce premier film de Matt Carter est le genre de film qu’on a l’impression d’avoir déjà vu cent fois, et le seul élément qui a tout l’air d’être original, c’est le fait que cette histoire se déroule dans le milieu du rugby, sport que le cinéma filme très peu. C’est vrai que ce synopsis qui veut nous raconter une histoire d’amour qui va naître dans l’adultère, ça n’a rien de bien neuf, mais il serait vraiment dommage de s’arrêter à cela, car le film de Matt Carter offre bien plus que cela. Alors bien sûr, le film est loin d’être parfait, il est même un peu maladroit, notamment dans le suremploi de sa BO qui est pourtant jolie, et au-delà de ça, parfois, à certains instants, le film vire un peu dans le drame un poil poussé, mais face à de petites imperfections, « Dans la mêlée » a très largement de quoi se rattraper.

Cette romance commence par un joli coup de cœur et une belle rencontre. Puis l’histoire qui s’ensuit demeure belle, car Matt Carter y filme joliment les sentiments et le trouble de ces personnages. En un sens, il y a beaucoup de délicatesse qui s’échappe du film, et surtout de ses personnages. Avec ça, le film en profite pour aborder tout un tas de sujets qui là encore sont intéressants. Le réalisateur s’attaque aux idées et aux préjugés que l’on peut avoir quant au sport, au milieu sportif, et au-delà de ça, au milieu sportif gay. L’esprit d’équipe bien sûr, l’entraide, les soirées à boire des coups, et avec ça, il y a quelques touches de drame qui sont les bienvenues, ou encore les lois et les traditions dans leur rugby. Seuls les slowmotions lors des matchs sont un peu kitschouilles.

« Une histoire d’amour qui est d’ailleurs tenue par deux acteurs impeccables »

Puis, le réalisateur s’attaque au couple gay, offrant enfin une image simple, et des histoires simples qui sonnent comme universelles. À bien y réfléchir, c’est sûrement là la grande force de « Dans la mêlée« , la simplicité de ses histoires. Si dans des films « hétéros », le schéma qu’emprunte le film de Matt Carter, on le connaît par cœur, lorsque l’on se retrouve dans une histoire d’amour gay, cette trajectoire est déjà moins vue, et ça, c’est pas mal du tout. De plus, Matt Carter s’occupe beaucoup à filmer les émotions de ses personnages, et de vous à moi, et sans objectivité aucune, voir des barbus à la carrure de rugbyman (car oui les deux acteurs pratiquent aussi ce sport dans la vie) fondre en larmes face à leurs émotions qu’ils ont du mal à contrôler, moi, ça me touche beaucoup et c’est beau.

On apprécie aussi le fait que le film ne fasse pas dans les traditionnels sujets que sont le coming out, le sida, ou encore le rejet de la famille, des proches, ou plus encore, tomber dans un film militant… Bref, tous ces sujets qu’on a déjà vus et revus dans des films avec ce genre d’intrigue. Attention, je ne dis pas que ces films ne sont pas utiles ou justes, mais voir autre chose, ça fait du bien ainsi que de s’embarquer dans une histoire d’amour, juste une histoire d’amour.

Une histoire d’amour qui est d’ailleurs tenue par deux acteurs impeccables (Alexander Lincoln et Alexander King), qui se posent tout deux comme de très belles révélations, même si parfois, ils peuvent avoir des côtés un peu maladroits, mais ils sont tellement attachants qu’on a envie de tout leur pardonner, d’autant plus que c’est la première fois, à l’un comme à l’autre, qu’ils tiennent de tels rôles. Puis avec eux, le film offre des rôles intéressants dans les personnages qui sont au second plan, notamment Pearse Egan ou William Hearle.

« Dans la mêlée » se pose donc comme un joli film qui, malgré ses petits défauts, aura su m’emporter pendant deux heures et quart. Doté d’une histoire très simple, loin des clichés qu’on peut trouver et dont on a à l’habitude avec ce genre de film, « Dans la mêlée » mérite que l’on s’y arrête, pour la délicatesse de ses sentiments, pour la simplicité de son histoire d’amour, pour cette rencontre quelque peu en dehors du temps, puis pour cet esprit d’équipe bon enfant et tous ces barbus qui chantent et s’envoient des pintes avec toute la bonne humeur et la fête qu’il faut. Le film sera sûrement très mal distribué, donc si jamais vous avez la chance d’avoir un cinéma qui le joue près de chez vous, ce serait dommage de passer à côté.

Note : 14/20

Par Cinéted

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