mai 3, 2024

Insomnium – Heart Like a Grave

Avis :

Fondé en 1997 à Joensuu, en Finlande, Insomnium s’est rapidement faire un nom sur la scène Death mélodique. Après une démo en 1999, le groupe sort son premier album en 2002 et l’accueil sera plus que chaleureux. Depuis, sans jamais faire de pause, les finlandais ont imposé leur musique dans le monde du métal, avec un chant Death, mais apportant toujours une pointe de mélancolie à chacun de ses titres. De ce fait, les album d’Insomnium se vivent et se ressentent, même si certains titres sont là pour faire bouger les foules. Heart Like a Grave est le huitième album de la formation, et il est le premier dans lequel le guitariste Jani Liimatainen joue, chante et compose quelques paroles. Et comme d’habitude, le groupe délivre une galette stratosphérique, qui dépasse l’heure d’écoute, pour un bonheur le plus total.

Wail of the North pourrait presque se voir comme une introduction plus que comme un titre normal de l’album, et pourtant, malgré sa courte durée (pour le groupe s’entend), on va déjà entendre toutes les particularités de l’effort. C’est à la fois lent, mélancolique, doté de plusieurs nappes d’écoute, et surtout, ça donne une puissance impressionnante, avec une voix grave appuyée. Pour autant, il s’agit d’un Death doux, qui évoque à bien des égards les chants vikings et tout ce que l’on peut s’imaginer autour des mythes scandinaves. C’est puissant, mais ça reste aussi doux qu’une fourrure. Cela sera confirmé avec Valediction, qui démarre en trombe pour ensuite mieux nous cueillir avec des cordes en plus, et surtout, un chant clair qui vient surprendre, donnant une certaine modernité à l’ensemble. C’est bien foutu, bien pensé, et on en redemande. Il y a un juste équilibre entre tous les ingrédients.

Puis Neverlast va continuer à nous surprendre, car Insomnium va chercher à se diversifier en prenant exemple sur… In Flames. Si ce dernier est plus « commercial » que les finlandais, entre le chant grave, la vitesse et même la mélodie, avec un refrain très marqué, tout cela évoque le groupe d’Anders Friden. Afin de mieux nous étonner, le groupe va ensuite proposer une vraie pièce maîtresse en la présence de Pale Morning Star, qui effleure les neuf minutes. Le titre est une tuerie de tous les instants. C’est puissant, rapide, avec des breaks de dingue, et surtout, une faculté à rester en tête, alors même que le morceau est d’une longueur excessive. C’est toute l’intelligence du groupe de savoir faire des pistes longues, maos dotées d’une véritable identité et atmosphère. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver une version instrumentale en bonus, sur la version collector.

Sans jamais baisser d’un iota, Insomnium continue son chemin dans la qualité avec And Bell They Toll. Là aussi, le titre est long, mais il pose une ambiance à la fois lourde et épique, tout en y insufflant une belle mélancolie, qui se renforce avec le refrain en chant clair. Par la suite, les deux morceaux suivants seront plus nerveux, et donc plus courts. The Offering balance la sauce, tout en restant dans un chemin accessible pour les néophytes. Les guitares peuvent être lourdes, mais en arrière-plan, il y en a toujours une pour apporter de la légèreté avec des sonorités plus aiguës. On retrouve aussi cela avec Mute is my Sorrow, même si le chant clair disparait ici. Pour autant, on ressent cette puissance comme une bénédiction, non pas comme un fardeau à porter. Insomnium, ça donne envie d’en découdre, pas de se foutre en l’air.

Twilight Trails suit à peu près le même chemin, mais avec une mélancolie plus prononcée. Et cela malgré des coups de rein qui font bien mal. Quant à Heart Like a Grave, le groupe arrive à marier une réelle grâce avec une violence qui sait se faire douce et insidieuse. C’est un véritable tour de force, en plus de montrer toute la technicité des musiciens, qui est à tomber par terre. Enfin, Karelia viendra clôturer cet album de la plus belle des manières. Totalement instrumentale, la piste nous foudroie avec une mélodie implacable, et un sens inné de la composition. Ici, point de besoin de paroles pour nous toucher, nous émouvoir, ou même nous faire headbanger. Si, dans la version deluxe, Karelia 2049 se fait moins pertinente, ce final permet de clôturer l’album de la plus belle des façons et de redonner envie d’y retourner, encore et encore.

Au final, Heart Like a Grave, le huitième album d’Insomnium, est tout simplement une pépite brute, un joyau d’une valeur inestimable. Les finlandais délivrent un album qui est à la fois percutant, virulent, mais aussi doux et mélancolique. C’est bien simple, il s’agit d’un petit chef-d’œuvre rare où chaque piste est à sa place. Une réelle réussite, à écouter en boucle, et qui sera parfaite pour les balades dans les bois, en hiver.

  • Wail of the North
  • Valediction
  • Neverlast
  • Pale Morning Star
  • And Bells They Toll
  • The Offering
  • Mute is my Sorrow
  • Twilight Trails
  • Heart Like a Grave
  • Karelia

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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