
Avis :
Depuis la fin des années 80, Therion a toujours voulu faire des albums grandiloquents avec des concepts originaux, et parfois casse-gueule. Si le premier album a une orientation Death, dès le deuxième skeud, les suédois sont partis vers du Symphonique, pour ne jamais en sortir. La grandiloquence est ce qui a fait la renommée du groupe qui, malgré un line-up changeant souvent autour du leader Christofer Johnsson qui gère la guitare rythmique, le synthé et toute la programmation sur des titres en orchestration symphonique. En 2021, le groupe annonce une nouvelle sortie qui sera décomposée en trois albums, qui sortiront alors à un an d’intervalle. Un projet plus digeste que leur précédent effort, Beloved Antichrist, qui était un triple album de plus de trois heures, et dans lequel il était difficile de retenir ne serait-ce qu’un seul titre.
Le premier album Leviathan est donc sorti en 2021, et ce deuxième opus est paru en 2022, continuant une épopée faramineuse, et alliant toujours le symphonique avec des riffs plus brutaux. Ici, tout commence avec Aeon of Maat, un morceau qui pourrait être vu comme une introduction vu sa courte durée (moins de trois minutes), mais qui fait étalage de tout ce que sait faire le groupe. On a du chant lyrique, de bons riffs et un chant clair masculin qui vient donner un peu plus de force à l’ensemble. Bref, il s’agit-là d’une excellente entrée en matière qui donne envie d’en savoir plus sur ce skeud. Avec Litany of the Fallen, le groupe va vers quelque chose de plus calme et de plus fédérateur. On aura même droit à un joli petit solo et si l’ensemble est bien enrobé, on reste un petit peu sur notre faim.
Alchemy of the Soul part un petit peu sur les sentiers, mais la structures est un peu plus compliquée, et surtout, on retrouve des riffs un peu plus vigoureux en deuxième partie de morceau. Après, si globalement, ça peut sembler un peu mou du genou, on reste sur un titre plutôt plaisant, et qui se termine en apothéose avec un joli solo maîtrisé. Lunar Coloured Fields sera un titre plus long, avec une narration plus diffuse. Le chant féminin est parfait, et il s’échappe de ce morceau une certaine mélancolie qui va nous toucher au plus profond. Après, on pourra toujours reprocher au titre d’être sur la même ligne rythmique. Mais Lucifuge Rofocale va venir nous secouer un peu, notamment grâce à ses riffs plus brutaux et son rythme bien plus rapide. De plus, le chant masculin prend le dessus, donnant plus de hargne.

Avec Marijin Min Nar, le groupe renoue avec son côté grandiloquent en offrant un titre pompeux, mais parfaitement maîtrisé. Oui, le début pourrait ressembler à du Bonnie Tyler avec Holding Out for a Hero, mais rapidement, des airs orientaux vont venir donner une autre identité au titre, et ce sera vraiment plaisant. Et les riffs sont tout de même bien plus nerveux. Hadès et Elysium pourra se voir comme une ballade mélancolique orchestrée de main de maître, avec un chant lyrique tout simplement parfait. La pause sera tout de même de courte durée, puisque par la suite, on va avoir Midnight Star, et là, on va prendre une bonne claque. Les échanges vocaux, les riffs virulents, Therion embrasse pleinement son côté Métal symphonique pour offrir quelque chose de puissant et qui vient nous secouer les puces. Il s’agit sans doute de l’un des meilleurs morceaux de l’album.
Cavern Cold as Ice est un titre un peu étrange au sein du skeud. Non pas qu’il soit mauvais, mais il est un peu incongru. La plage est très courte, on a droit à de la flûte, un chant féminin assez classique, et la fin arrive comme un cheveu sur la soupe. Le morceau est sympathique, mais il fait vraiment office de bouche-trou au sein de la tracklist. On retrouvera la superbe de Therion avec Codex Gigas, qui commence doucement avant de se réveiller, et d’ouvrir pleinement les vannes du métal symphonique comme on l’aime fort. Enfin, Pazuzu viendra clôturer la version « normale » de l’album, avec panache, grandiloquence et un certain goût de reviens-y. A noter qu’il existe une version deluxe de l’album, avec une version alternative de Aeon of Maat où les chanteurs échangent leur partition, et une version de Pazuzu en AOR (l’enfer).
Au final, Leviathan II, le deuxième album du triptyque Leviathan de Therion, est un très bon effort. Les suédois restent dans leur zone de confort et offre une pléiade de morceaux qui sont variés et réussis, pour la plupart. En restant dans ce métal symphonique grandiloquent assez classique, le groupe permet de replonger dans des souvenirs pas si lointains, et démontre une faculté agréable à nous faire partir dans un univers onirique, à la fois enchanteur et peuplé de créatures mortelles. Bref, ça reste un bon divertissement.
- Aeon of Maat
- Litany of the Fallen
- Alchemy of the Soul
- Lunar Coloured Fields
- Lucifuge Rofocale
- Marijin Min Nar
- Hadès and Elysium
- Midnight Star
- Cavern Cold as Ice
- Codex Gigas
- Pazuzu
Note : 15/20
Par AqME