septembre 26, 2025

Roseville – Plus d’Ennui que d’Effroi

Titre Original : Vila Roza

De : Martin Makariev

Avec Kalin Vrachanski, Lydia Indjova, Plamen Manassiev, Elena Petrova

Année : 2013

Pays : Bulgarie

Genre : Horreur

Résumé :

Vassil et Nadya, un jeune couple en vacances à Roseville, une maison située dans les montagnes des Balkans, y rencontrent le flegmatique George, accompagné de son amie Dora et de son associé américain Stephen Court. La présence de Vassil dans cet endroit reculé déclenche une série d’évènements mystérieux et inquiétants qui mettront à l’épreuve la santé mentale du groupe. Tout un chacun aura à affronter ses peurs les plus profondes tandis qu’une force obscure tentera de prendre le contrôle de leur esprit.

Avis :

À l’image de l’Europe de l’Est dans sa globalité, la Bulgarie constitue une destination prisée pour nombre de projets cinématographiques. Cela tient aux coûts des tournages, à la diversité des environnements, ainsi qu’aux infrastructures et équipements disponibles. Toutefois, il est plus rare de pouvoir se pencher sur de véritables films bulgares. Toutes coproductions internationales écartées, il faut compter moins d’une dizaine de métrages par an. Cela sans oublier un passif historique qui a miné les élans artistiques du milieu, au cours du XXe siècle. Il reste donc toujours intéressant de s’attarder sur un cinéma de niche, peu distribué en dehors de ses frontières.

Avec Roseville, Martin Makariev s’inspire d’un fait divers qui a défrayé la chronique dans les années 1980. À de nombreux égards, l’aura de mystères et d’hébétude qui auréole l’affaire n’est pas sans rappeler le cas du col Dyatlov. Certes, il ne s’agit pas du même pays, encore moins d’un cadre similaire, mais l’isolement au cœur de la nature demeure une occurrence commune. Les faits interpellent par leur connotation sibylline, l’incapacité à les retracer ou à entrevoir une cohérence dans la scène des crimes. On songe aux pneus fondus d’un des véhicules, à la pendaison d’une des victimes ou aux caractères ésotériques marqués à coups de poignard sur une autre.

« Cette reconstitution fictive s’arroge les codes du huis clos »

L’idée de départ et l’histoire vraie dont elle s’inspire sont intrigantes à plus d’un titre. Aux premiers abords, les images d’archive et l’interview de l’enquêteur principal lorgnent du côté du faux documentaire. Pour autant, il s’agit d’une simple introduction qui laisse place à un film « classique » dans sa mise en scène. Le réalisateur propose alors de donner sa propre version des faits, à tout le moins un semblant d’hypothèse. Cette reconstitution fictive s’arroge les codes du huis clos, à mi-chemin entre le thriller psychologique et l’horreur. D’ailleurs, l’une des maladresses du film tient à atermoyer entre ces deux registres, sans vraiment trancher.

S’il reste judicieux d’entretenir le doute pour générer du suspense, il est plus handicapant de faire progresser une histoire, sans trop savoir où elle emmène les protagonistes, comme le spectateur. Ce constat se ressent très vite et demeure constant tout au long du métrage. Au lieu d’instaurer un climat inquiétant, sinon oppressant, on assiste à un enchaînement de palabres stériles entre les personnages. Le caractère poussif et statique n’amène que peu d’intérêt aux séquences. Cela sans compter sur une bande-son irritante au possible et souvent discordante avec les situations présentées. On songe à ses conversations au sortir d’un repas, à ses menaces sous-jacentes entre deux pièces ou ses comportements aussi erratiques qu’incompréhensibles.

« Roseville constitue un film peu convaincant »

On dénote également de gros problèmes dans la réalisation elle-même. Nanti d’une photographie terne, peu avenante pour mettre en valeur les Balkans et la forêt qui enclave la propriété, on ne ressent guère l’isolement ou quelques sombres présences qui guettent à l’orée de Roseville. De plus, il faut compter sur une gestion de l’éclairage catastrophique. Là encore, jouer la carte de la suggestion par le prisme de l’obscurité est intéressant. Noyer ses plans dans les ténèbres pour les rendre illisibles et dissimuler un cadrage approximatif l’est moins. Même de jour, l’ensemble demeure fade et se départit du caractère lugubre des lieux. Et cela ne vient guère étayer l’aspect paranormal des phénomènes qui, soit dit en passant, se contentent de clichés éculés sur la possession.

Au final, Roseville constitue un film peu convaincant. S’il affiche de bonnes intentions et une base narrative intéressante, l’histoire se perd dans une succession de longueurs qui affuble le récit d’un rythme lénifiant. De même, les scénaristes sont incapables de développer une théorie plausible, errants entre des considérations pragmatiques et surnaturelles. On a même droit à quelques allusions propres à la lycanthropie, en filigrane des diableries obsessionnelles d’un des personnages. Cela sans oublier une mise en scène maladroite qui présente un rendu insipide et une atmosphère sonore pénible. Entre le thriller et l’horreur, il en ressort une incursion laborieuse qui suscite davantage l’ennui que l’effroi, ne serait-ce qu’à travers le caractère sordide et insoluble de ce fait divers.

Note : 08/20

Par Dante

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