avril 27, 2024

Perfect Days – La Vie est Belle

De : Wim Wenders

Avec Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano, Aoi Yamada

Année : 2023

Pays : Allemagne, Japon

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

Avis :

S’il y a un représentant du cinéma allemand moderne, c’est bien Wim Wenders. Depuis les années 60, il fait briller le cinéma allemand à travers le monde. Si l’on cite souvent « Paris Texas » ou encore « Les ailes du désir« , Wim Wenders, ce sont vingt-quatre longs-métrages de fiction, et à cela, il faut ajouter une bonne dizaine de documentaires. Artiste complet, en plus de ça, il faut aussi ajouter que Wim Wenders est scénariste. Puis à ses heures perdues, il est aussi photographe. D’ailleurs, cette passion pour la photographie est quelque peu retranscrite dans son dernier film, « Perfect Days« , avec un personnage qui se plaît à photographier ce qu’il voit, juste pour le plaisir, avec un appareil photo qui ne le quitte jamais, un peu comme Wim Wenders, lorsque ce dernier s’est mis à la photo.

Très prolifique, il faut toutefois remonter six ans en arrière pour retrouver un film de fiction de Wim Wenders. Ce retour de l’allemand était attendu, et quelle ne fut pas la surprise lorsque ce dernier a choisi le Japon pour y poser sa caméra, et d’autant plus que ce « Perfect Days » sera un film entièrement tourné en japonais. Puis avec ça, le film a un sujet particulier, puisqu’il s’intéresse à un homme qui nettoie des toilettes publiques.

« Le réalisateur nous offre un film doux, lumineux. »

Curieux de voir cela, je dois dire que ce nouveau Wim Wenders se pose comme l’une des plus belles surprises de cette fin d’année, le réalisateur nous offrant un film doux, lumineux, culturel, et au-delà de ça, dans sa simplicité et sa modestie, ces  » … journées parfaites » envoûtent et arrêtent le temps, pour un très, très, joli moment de cinéma. Un moment de cinéma décuplé grâce à Koji Yakusho, que Wim Wenders filme avec énormément d’amour.

Hirayama, la soixantaine, travaille dans l’entretien de toilettes publiques de la ville. Hirayama a une vie très simple, qui est entretenue par une routine qu’il affectionne. Mais si son quotidien est fait de cette routine, dans son « monde intérieur », Hirayama est bien moins routinier, car le vieil homme cultive un homme fou pour la musique, la lecture et la photographie. Ainsi, au cours de ces journées qui se ressemblent toutes en apparence, Hirayama s’évade, se laisse transporter et profite finalement de chaque instant de manière très simple.

Une petite merveille vient d’arriver en salle, et je suis tellement content de m’y être aventuré. C’est vrai que lorsque l’on survole son scénario qui nous présente un homme qui prend un soin tout à fait particulier à nettoyer les toilettes de la ville, ce n’est pas ce qui donne le plus envie de s’y arrêter, mais ça, c’était sans compter sur le talent de son metteur en scène, qui avec cette idée de départ, nous entraîne dans un film tout simplement beau.

« Wim Wenders arrive à tout transformer en merveilleux. »

« Perfect Days » est une très belle réflexion sur la beauté au quotidien, et il va être très difficile de résister à Hirayama, tant le sourire et le visage épanoui de ce personnage, dès les premières images du film, sont un rayon de soleil dont on a envie de profiter à chaque instant.

Ce qui est assez incroyable avec le film de Wim Wenders, c’est qu’il est très calme. Le réalisateur nous entraîne dans un film contemplatif, au sein duquel le temps s’arrête. Alors qu’on a l’habitude de courir en permanence, tout comme on a l’habitude de film où il faut toujours qu’il s’y passe quelque chose, comme si le spectateur ne pouvait pas suivre un film qui prendrait le temps de ralentir les choses, Wim Wenders fait le pari inverse et veut absolument prendre le temps de profiter du quotidien de son personnage, tout comme il veut prendre le temps qu’on écoute la ville, qu’on écoute Tokyo, qu’on se laisse envahir parce que Hirayama voit, entend et imagine.

Tout comme son personnage, le scénario de « Perfect Days » est tout à fait routinier, avec des scènes qui se répètent de jour en jour, et pourtant, c’est avec beaucoup de subtilité que finalement chacune de ces journées ne sont pas vraiment les mêmes, et Wim Wenders arrive à tout transformer en merveilleux. Ce qui est très bien aussi avec ce film, c’est le fait qu’avec quelques informations qu’on trouve ici et là, Wim Wenders nous laisse juge d’imaginer l’histoire de son personnage. Personnellement, je me suis beaucoup plu à lui imaginer un passé, et un pourquoi une telle déconnexion avec « la folie » du monde et avec sa famille.

« Koji Yakusho est superbement merveilleux. »

Avec ce film, en plus de parler de son personnage, Wim Wenders parle beaucoup du Japon, et c’est vraiment intéressant de voir la vision d’un Occidental sur ce pays. Loin du paysage de carte postale, ici, on se laisse envahir par le calme de la ville. Ici, on va au bain, on fait du vélo, on prend le temps de se laisser vivre, on respire dans les parcs, on va au temple, on sourit, et l’on mange dans de petits bouis-bouis tellement charmants. C’est beau, c’est simple, et c’est tellement bien mis en scène que là encore, il est très difficile de ne pas se laisser happer.

Puis pour accompagner cette jolie balade, Wim Wenders souligne son film avec une BO sublime, fait d’une playlist extraordinaire, qui fait sens à chaque fois. Ici, évidemment, on retrouve Lou Reed, dont le titre fait directement écho à la chanson, puis avec ça, on aura le droit aussi a du Patti Smith, The Animals, ou encore The Kinks.

Enfin, l’un des énormes charmes de ce « Perfect Days« , c’est évidemment son acteur principal. Reparti du dernier festival de Cannes avec le Prix d’interprétation, Koji Yakusho est superbement merveilleux. Filmé comme rarement devant la caméra de Wim Wenders, son visage lumineux et positif devient l’un des plus beaux paysages de la ville. L’acteur est de tout plan du film, et il est impossible de se lasser de ce personnage, qu’on aurait envie de suivre encore très longtemps, ce qui est assez fou.

Ainsi donc, ce dernier Wim Wenders est un petit bijou, pour ne pas dire un petit chef-d’œuvre. Alors qu’il ne s’y passe pas grand-chose, alors même que les scènes ont une tendance à se répéter, Wim Wenders nous envoûte, nous séduit et nous touche avec ce personnage sublime qui ralentit le temps et profite des petits, tout petit, détails que la vie lui réserve. Bref, le moment fut sublime et le seul regret que j’ai pu avoir en salle, c’est le fait que les plus de deux heures que dure le film soient passées bien trop vite.

Note : 20/20

Par Cinéted

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