mai 1, 2024

Croc-Blanc

De : Alexandre Espigares

Avec les Voix Originales de Nick Offerman, Rashida Jones, Paul Giamatti, Eddie Spears

Année : 2018

Pays : France, Luxembourg, Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Croc-Blanc est un fier et courageux chien-loup. Après avoir grandi dans les espaces enneigés et hostiles du Grand Nord, il est recueilli par Castor Gris et sa tribu indienne. Mais la méchanceté des hommes oblige Castor-Gris à céder l’animal à un homme cruel et malveillant. Sauvé par un couple juste et bon, Croc-Blanc apprendra à maîtriser son instinct sauvage et devenir leur ami.

Avis :

Parmi les auteurs dont les œuvres sont les plus adaptées au cinéma, Jack London se pose comme l’un des mètres étalons. Et malgré une bibliographie peuplée de romans d’aventures tous plus intéressants les uns que les autres, les scénaristes s’arrêtent souvent sur deux romans précis, L’Appel de la Forêt et Croc-Blanc. Il faut dire que ce sont des valeurs sûres qui font partie d’une culture commune, et qui sont donc le plus susceptibles d’attirer du monde dans les salles de cinéma. Et malgré les années qui passent, les adaptations plus ou moins fidèles sont toujours présentes. En 2018, c’est une coproduction franco-américaine qui tente l’aventure en adaptant Croc-Blanc, mais d’une façon assez inédite, en prenant comme point de vue celui du chien. Ajoutons à cela une animation particulière, et il n’en fallait pas plus pour titiller la curiosité. Mais malheureusement, la magie n’a pas opéré.

Derrière la caméra, on retrouve Alexandre Espigares, un luxembourgeois qui est animateur de métier. On retrouve sa trace sur le Happy Feet 2 de George Miller, et ce Croc-Blanc est sa première réalisation solo, tout du moins sur un long-métrage. Très rapidement, la première chose qui frappe sur ce film, c’est le visuel choisi. En effet, le film a un aspect non fini qui est voulu par l’équipe. C’est-à-dire que l’on a l’impression que les visages des humains, ainsi que l’animation, ne sont pas peaufinés. Il y a une impression de flou lorsque les visages s’animent et cela donne un aspect très particulier. Ce parti pris est très risqué, car il peut rebuter plus d’un spectateur, et ce fut clairement le cas ici. Cette sensation de regarder un bêta-test est assez désagréable et a eu plus tendance à nous sortir du film qu’autre chose.

« On est loin des délires des remakes lives de chez Disney. »

Néanmoins, le film se rattrape sur les décors, qui sont assez beaux, même s’ils s’éloignent d’un certain réalisme. On est loin des délires des remakes lives de chez Disney, où le réalisme prévaut sur la magie. Mais là encore, on peut y apporter un bémol, car niveau magie, on est loin du compte. Certes, l’histoire de Croc-Blanc se suffit à elle-même, avec ce chien qui va se retrouver chez les indiens, puis chez les blancs à devoir faire des combats de chiens pour survivre, mais la volonté de l’équipe étant de faire un film d’animation sans musique et assez adulte dans ses thèmes, on ne retrouve pas le côté enchanteur si propre à l’animation. C’est dommage car avec les décors enneigés du Yukon et toute la faune rencontrée, on aurait pu avoir de belles images à se mettre sous la dent, mais ce ne sera pas le cas.

Il reste alors l’histoire, et les choix de mise en scène. Le film ne prend pas beaucoup de liberté par rapport au livre, et il va droit au but. On va surtout suivre le chien, véritable héros du film, qui va être bourlingué de droite à gauche, et apprendre la vie au milieu des hommes. En adoptant le point de vue de l’animal, on se retrouve avec un début assez mutique, où la nature impose la loi du plus fort. Et ici, l’homme est clairement l’apex prédateur, permettant dès lors au chien de se mettre à l’abri du froid et des loups affamés. La mise en scène va être particulière, puisque tout le film suit le regard de Croc-Blanc, avec parfois une vue subjective, et souvent des plans au niveau des hanches qui sont surprenants. Le parti pris est malin, et il marche mieux dans la mise en scène que dans le graphisme.

« Le film est riche et c’est dommage qu’il se perde dans une trop grande maturité. »

Et on ne peut pas trop en vouloir à l’équipe technique d’avoir essayé de faire un film qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes, notamment dans sa maturité. Le film est souvent sombre, avec un méchant qui ne connait aucune limite et n’éprouve aucune pitié pour les bêtes. On y parle aussi de parcours initiatique, montrant bien que la vie est peuplée d’étapes, parfois dures, parfois joyeuses, et qu’il faut avancer avec cela. Croc-Blanc partage sa peine, mais il sait reconnaître aussi ceux qui lui ont fait du bien, et avec qui il est redevable. Et il y a aussi l’aspect instinctif qui prend le dessus, notamment sur la fin, où il faut savoir dire au revoir et accepter de laisser une personne que l’on aime dans son milieu naturel, avec les siens. Bref, le film est riche et c’est dommage qu’il se perde dans une trop grande maturité.

Au final, Croc-Blanc est un film qui n’est pas inintéressant, mais les partis pris sont très nombreux et ils peuvent porter préjudice à un public qui est plus habitué à du classique. Si l’on outrepasse une animation particulière, qui donne une sensation de film pas terminé, on peut passer un bon moment sur cette adaptation fidèle, mais dénué d’émotion et qui manque cruellement de moments vraiment épiques. Bref, un film aux thèmes importants, mais qui se fourvoie dans des choix discutables.

Note : 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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