avril 28, 2024

La Petite

De : Guillaume Nicloux

Avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler, Juliette Metten

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Joseph apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de périr dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune flamande au caractère farouche et indomptable…

Avis :

Guillaume Nicloux est l’un de nos cinéastes dont personnellement, j’apprécie beaucoup le cinéma. Même si sa filmographie n’est pas toujours très juste, Guillaume Nicloux a un univers et au-delà de ça, il essaie plusieurs genres et cherche en permanence à se renouveler. Chez Nicloux, on trouve du polar, des films policiers, de la comédie, du biopic, du cinéma fantastique, des trips et puis de la série, ou encore des trilogies, car l’homme a l’air d’affectionner cette façon de faire pour explorer un thème de fond en comble.

2023 pour Guillaume Nicloux est une année, particulière, car c’est la première fois que le metteur en scène sort deux films. En début d’année, il y a eu le très bon et passé totalement inaperçu « La tour« , et voici que sept mois après, Guillaume Nicloux nous revient avec « La petite« , un film qui, tout comme « La tour« , se pose comme inédit dans la filmographie de son auteur. Loin du côté fantastique, sombre et oppressant de sa « … tour« , Guillaume Nicloux s’essaie cette fois-ci au film émouvant, porteur d’un sujet de société, la GPA, autant dire un sujet casse-gueule.

« Plus d’émotion, c’est tout ce qui lui manque. »

Porté un excellent Fabrice Luchini, « La petite » est un joli film qui parle avec intérêt et respect de son sujet. Un film qui prend le temps de présenter de jolis personnages, mais malheureusement, alors que cette « … petite » a beaucoup d’arguments pour être magnifique, à force de vouloir éviter les émotions fortes, pour ne pas dire le pathos, finalement Guillaume Nicloux livre un joli film qui oublie de se faire émouvant, et c’est dommage, car de l’émotion, ou plutôt plus d’émotion, c’est tout ce qui lui manque.

Joseph, soixante-huit ans, voit sa vie voler en éclats lorsque son fils meurt dans un crash d’avion. À l’aube de leurs quarante ans, le fils de Joseph, avec son compagnon, avait fait appel à une mère porteuse en Belgique pour concevoir un enfant, et si cette femme n’était pas dans l’avion, cela veut dire qu’elle est vivante et que le bébé est toujours là. Joseph se met alors en tête de retrouver cette femme, la convaincre de l’approcher, et surtout, être présent dans la vie de sa petite fille, mais cela va se révéler bien plus difficile que prévu.

Ce que j’aime avec Guillaume Nicloux, c’est son imprévisibilité, et dans cette matière, le cinéaste vient de faire un grand écart avec « La tour » en début d’année et cette « … petite » à la rentrée.

«  »La petite » est un joli film, tout en pudeur, qui sait très bien parler de ses personnages. »

Comme je le disais plus haut, « La petite » est un film assez osé, car il s’aventure à explorer un sujet pour le moins brûlant, la GPA. Il y avait beaucoup de moyens pour parler de ce sujet-là et il y avait pas mal d’embûches, mais Guillaume Nicloux va être plus intelligent que ça, car ici, il ne va pas juger la GPA. Non, le réalisateur nous raconte un parcours de vie, où il se trouve qu’au milieu de sa route, il y a une GPA et un drame qui sont liés. Ici, plus que ça, le réalisateur nous raconte surtout un homme qui perd son fils, et qui s’accroche à ce bébé, qui est le dernier « lien » qui lui reste avec son enfant.

Sorte de quête filiale, « La petite » est un joli film, tout en pudeur, qui sait très bien parler de ses personnages, et derrière ça, le film nous offre une bien belle rencontre entre un vieil homme en deuil, et une jeune femme pleine de vie et d’avenir. Ce qui fait que cette « … petite » marche bien, c’est l’alchimie qui se dégage du duo Fabrice Luchini/Mara Taquin (d’ailleurs, la jeune actrice est une belle découverte). Il y a quelque chose qui sonne comme une évidence entre les deux, et si l’intrigue est assez prévisible, l’humanité que dégage le film arrive sans mal à nous tenir et nous toucher jusqu’à sa dernière scène.

« Il faut rajouter à « La petite » un excellentissime Fabrice Luchini. »

Avec ce film, Guillaume Nicloux aborde tout un tas de sujets, avec évidemment la mort, qui est l’un de ceux qu’il préfère explorer. Mais avec ça, « La petite » parle de la famille, des regrets et des erreurs. La GPA est au cœur du film, mais Guillaume Nicloux a l’intelligence de ne pas en faire un film militant, ou moralisateur, ce qui est très bien ainsi, et au-delà ça, la façon de faire de son metteur en scène rend le film assez touchant, même si, comme je le disais aussi, à force de vouloir ne surtout pas tomber dans le trop plein d’émotions, Guillaume Nicloux oublie en un sens de rendre cette « … petite » plus touchant encore. Ainsi, il manque clairement quelque chose à l’ensemble pour réellement tenir nos émotions et nous marquer.

Cette sensation est dommage, car avec tous ces bons points, il faut rajouter à « La petite » un excellentissime Fabrice Luchini, qui est très loin de ce à quoi le comédien nous a habitués. Tout en retenue, Luchini parle très peu, et Nicloux lui a enlevé tous ses tics et autres mimiques qu’on lui connaît, et c’est avec plaisir qu’on trouve donc un Luchini étonnant d’humanité. Comme je le disais aussi, « La petite« , c’est la découverte de cette jeune comédienne, Mara Taquin, qui, dans le rôle de cette jeune femme enceinte, perdue et touchée par le drame et le deuil, livre une prestation aussi belle que pleine de nuances, avec un rôle loin d’être facile.

Drame lumineux, doublé d’un joli film tenu par deux excellents comédiens, ce nouveau Guillaume Nicloux se pose comme un bon film et parle bien de ses sujets et de ses personnages, mais avec ça, il va pourtant manquer à « La petite » un souffle d’émotions pour nous conquérir totalement et nous toucher. Je ressors donc séduit d’un côté et de déçu de l’autre, car si joli et bien fait soit-il, « La petite » n’aura pas réussi à se faire aussi bouleversant que l’affiche nous le vendait fièrement.

Note : 12,5/20

Par Cinéted

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