avril 28, 2024

Les Chants de Nihil – Le Tyran et l’Esthète

Avis :

Si on associe souvent le Black métal aux régions scandinaves, il ne faut pas oublier que la musique est universelle, et que dans chaque pays, on retrouve à peu près tous les genres. Ainsi, en France, il y a aussi une scène Black. Et même si elle a du mal à « s’exposer » au grand public, elle reste solide et contient des groupes de qualité, à l’image de Les Chants de Nihil. Groupe breton fondé en 2007, il faudra du temps à la formation pour sortir un premier album. Après deux démos et un EP, c’est en 2010 que sort leur premier album, La Liberté Guidant le Fer. Rapidement, un deuxième album va suivre en 2011, puis il faudra attendre quatre ans pour voir débouler un troisième effort studio. Mais après quelques changements dans le line-up, c’est six ans de pause qui sont nécessaires au groupe pour sortir leur quatrième album, Le Tyran et l’Esthète.

On associe trop souvent le Black à des thèmes extrêmes et satanistes, et ce n’est absolument pas le cas du groupe français, qui lorgne plutôt vers des chants belliqueux et une envie de raconter une histoire dans un monde créé de toutes pièces. Ainsi donc, après une introduction qui pose une ambiance assez lourde, le groupe balance Entropie des Conquêtes Éphémères qui va rentrer, musicalement, dans tous les codes du Black. On aura droit à du gros blast à la batterie, les riffs sont très rapides, tout comme la rythmique, puis le chanteur envoie une voix gutturale qui oublie totalement le moindre chant clair. Techniquement irréprochable, le groupe fait preuve d’un savoir-faire impressionnant et n’ennuie jamais, malgré les plus de six minutes du titre. Et de toute façon, chaque morceau durera plus de cinq minutes en moyenne, et à chaque fois, on sera cueilli.

Car oui, derrière sa violence et son aspect extrême, le groupe arrive à manier le Black de façon cohérente, et sans jamais tomber dans la surenchère. Ma Doctrine, ta Vanité en est un exemple flagrant, où le démarrage, qui évoque un chant militaire, permet de poser une atmosphère belliqueuse, laissant ensuite toute la colère déborder en tout sens, avec tous les codes du Black. Les néophytes seront peut-être déboussolés, mais qu’importe, ce maelström de violence nous embarque avec une facilité déconcertante. Et la reprise du chant militaire revient de temps à autre dans le morceau, s’incluant parfaitement au style recherché. Bref, la composition a beau être complexe, le titre est parfaitement orchestré. L’Adoration de la Terre sera par contre un titre un peu en deçà du reste. La faute à une mélodie qui traîne un peu et dont le riff n’a pas vraiment d’impact.

A contrario de Danse des Morts-Nés qui va bénéficier d’une excellente ligne de basse pour arrondir son son, et épaissir une lourdeur déjà très prégnante. Long morceau fleuve qui ne laisse indifférent, on pourrait presque y voir un chant parlé qui offre un pamphlet guerrier rageur. Le morceau est d’une qualité impressionnante, et le seul regret que l’on pourrait avoir, c’est de ne pas y avoir inclus quelques arrangements folkloriques, médiévaux ou bretons. Cela aurait ajouter une plus-value pas inintéressante. Puis avec Le Tyran et l’Esthète, le groupe balance son titre phare, sa composition qui dépasse les huit minutes, et qui ne va laisser aucune seconde de repos. Encore une fois, malgré une longueur qui peut rebuter, les bretons balancent une structure addictive, avec de belles fulgurances en son sein, comme ce petit solo de gratte aérien qui contrebalance les blasts de la batterie. C’est fort.

Toujours en restant dans un Black classique très prononcé, le groupe va néanmoins tenter d’adoucir parfois ses élans nerveux. Odes aux Résignés en est un exemple, puisque même si le chant reste crié et percutant, et que l’on retrouve tous les codes de la batterie, on aura quelques moments plus calmes, plus doux, avec notamment une guitare qui se fera plus aérienne qu’à l’accoutumée. Ce qui ne sera pas le cas de Lubie Hystérie qui plonge dans une rythmique diabolique dès le départ, et ne laisse pas une minute de répit. On en prend plein la tronche, et on en redemanderait presque. Enfin, pour clôturer tout ça, le groupe envoie Sabordage du Songeur, qui démarre lentement, de façon mélancolique, pour mieux nous prendre aux tripes par la suite. Un morceau malin, qui donne forcément envie de retourner à la bagarre.

Au final, Le Tyran et l’Esthète, le dernier album de Les Chants de Nihil, est une sacrée réussite et peut même se voir comme une belle porte d’entrée pour ceux qui veulent commencer le Black. Certes, on retrouve un peu de redondance dans les compositions, et on aurait pas cracher sur une paire d’incursions d’instruments folkloriques, mais globalement, c’est très solide, techniquement irréprochable, et on est dans le haut du panier du Black français.

  • Ouverture
  • Entropie des Conquêtes Ephémères
  • Ma Doctrine, ta Vanité
  • L’Adoration de la Terre
  • Danse des Morts-Nés
  • Le Tyran et l’Esthète
  • Ode aux Résignés
  • Lubie Hystérie
  • Sabordage du Songeur

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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