avril 27, 2024

The Midnight Man

De : Travis Zariwny

Avec Gabrielle Haugh, Grayson Gabriel, Lin Shaye, Robert Englund

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

La jeune Alex vit avec sa grand-mère malade, Anna. En fouillant dans le grenier, Alex trouve le mode d’emploi d’un jeu qui, joué correctement, réveillera le Midnight Man, un être maléfique qui fait une réalité de votre pire cauchemar. Au début, Alex et ses amis pensent que le jeu est un plaisir inoffensif. Jusqu’à ce que le Midnight Man vienne jouer. Pour de vrai…

Avis :

Tout d’abord chef décorateur à la toute fin des années 90 et au début des années, rapidement, Travis Zariwny va s’intéresser à la réalisation, et il va mener trois casquettes en parallèle dans le domaine du cinéma et des téléfilms. Comme beaucoup de ses confrères passionnés par le septième art, il va débuter dans l’horreur, pour ne jamais le lâcher (si ce n’est pour se remplir les poches sur une paire de tournage en tant que décorateur). Ainsi, c’est à lui que l’on doit notamment le remake du Cabin Fever d’Eli Roth, ou encore Scavengers, un très mauvais téléfilm de science-fiction aux effets spéciaux douteux. Avec The Midnight Man, le cinéaste poursuit sa carrière dans l’horreur, et tente de jouer sur les codes du boogeyman façon Freddy, avec une bande d’ados un peu attardés, qui se lancent dans un jeu dangereux.

Le film débute dans les années 50, où trois gosses jouent à un jeu dans une grande maison. Ils sont alors pourchassés par une entité maléfique qui ne va pas hésiter à les zigouiller. L’introduction est brute de décoffrage, relativement gore, et ne fait pas dans le sentiment, buter des enfants sans vergogne. Malgré quelques sfx douteux en images de synthèse, cette entrée en matière fait le taf, c’est-à-dire qu’elle intrigue autant qu’elle étonne par sa violence exacerbée. Bien évidemment, cela ne va pas forcément durer. On se retrouve soixante ans plus tard, et la seule survivante du début est aujourd’hui une vieille acariâtre qui est surveillée par sa petite-fille, Alex. Très vite, on va voir les intentions du réalisateur de rendre cette vieille dame inquiétante et pénible. Jouant sur les tropes des personnes âgées et de leur désinhibition, le film veut faire peur avec cette mamie.

« En voulant créer une sorte de Jumanji démoniaque, le cinéaste va rendre ses personnages totalement débiles. »

Et globalement, d’un point de vue mise en scène, c’est plutôt bien fichu. Travis Z joue avec tous les codes de l’horreur, avec des plans longs et de bonnes lignes de fuite afin de se laisser du champ pour faire apparaître des choses en arrière-plan. Même au niveau colorimétrie, si on retrouve des choses connues, avec ce gris/bleu inquiétant, on reste dans quelque chose de propre. Il est presque dommage que Lin Shaye, dont le CV horrifique devient aussi long qu’une saison entière des Feux de l’Amour, en fasse des caisses afin de jouer la folie. On aura droit à toute la palette de grimaces possibles, et c’est parfois too much. Heureusement, elle ne sera pas le seul ressort de l’intrigue, mais c’est aussi là que le bât blesse. En voulant créer une sorte de Jumanji démoniaque, le cinéaste va rendre ses personnages totalement débiles, avec des réactions ineptes.

Afin de faire intervenir son boogeyman une deuxième fois, et de mettre en danger la vie d’Alex et deux de se compagnons, le scénario prévoit de les faire jouer au jeu. Sauf que cela n’a aucune logique. En effet, Alex découvre le jeu dans le grenier, y lit des règles inquiétantes, avec des tâches de sang. De plus, elle découvre que les noms de la liste concernent des personnes mortes dans des circonstances inquiétantes. Qu’est-ce qui la motive alors à lancer la partie avec son pote ? Rien, puisque le film élude la question et fait signer le contrat à ses deux jeunes imbéciles, qui vont alors explorer leur peur et faire face à un monstre qui suit tout, sauf les règles qu’il a lui même établies. Cela donne alors lieu à un survival timide, avec un bodycount faible et des révélations qui fleurent bon la note d’intention.

« On sent un potentiel certain, et un amour pour le cinéma d’horreur des années 80. »

En fait, The Midnight Man n’est pas un mauvais film. C’est juste que son scénario n’est pas assez bien écrit, et en plus, il doit rentrer dans un carcan serré, répondant à des codes précis du genre. Par exemple, on sent que le réalisateur ne veut pas que son film dépasse l’heure et demie. En ce sens, certaines choses dispensables sont présentées, comme l’arrivée du médecin et de son apprenti, et d’autres sont rapidement éludées, comme la deuxième arrivée du médecin de façon incongrue pour sauver les deux ados. Alors certes, on est dans un petit budget, mais on sent qu’il y a comme une urgence, et certaines choses sont laissées de côté, avec des explications vaseuses pour nous faire avaler la pilule. Le personnage de Robert Englund fait pâle figure, et on sent presque que le comédien n’est là que pour attiser la curiosité des fans de films d’horreur.

Il en va de même pour le grand méchant, dont le design est assez intéressant, mais trop peu exploité. Pourquoi cette bonne idée des masques pour exprimer des sentiments macabres n’intervient qu’à la fin du film ? De plus, on n’a aucun élément sur ses origines, et c’est dommage car là, il manque d’épaisseur, de background. Pour autant, il est assez violent dans ses interventions, et son pouvoir, qui est de jouer sur les plus grandes peurs de ses victimes, aurait pu donner de sacrées scènes. Et en l’état, on a droit à quelques fulgurances (toujours autour du même personnage), mais ça reste trop peu pour vraiment nous embarquer. On sent un potentiel certain, et un amour pour le cinéma d’horreur des années 80, mais Travis Z se met réellement des freins et c’est bien dommage.

Au final, The Midnight Man n’est pas un navet comme on pouvait s’y attendre. Dans sa mise en scène, le film tient plutôt bien la route, et il contient des éléments qui sont vraiment intéressants, à l’image des quelques mises en mort violentes qui sont présentes. Il est juste dommage que le scénario soit si mal écrit, notamment sur les intentions des ados qui lancent le jeu, ou encore sur une Lin Shaye qui en fait beaucoup, et dont la révélation finale est tirée par les cheveux. On se retrouve donc face à un film qui a le cul entre deux chaises, qui n’est pas mauvais, mais qui n’est pas bon pour autant, n’exploitant jamais pleinement son boogeyman, ou ne proposant pas vraiment de réflexions sur des sujets intéressants…

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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