De : Matthias Luthardt
Avec Christa Théret, Luise Aschenbrenner, Leonard Kunz, Matthias Habbich
Année : 2023
Pays : Allemagne, France
Genre : Drame, Historique, Romance
Résumé :
Octobre 1918. La Première Guerre mondiale s’étire. Luise, 25 ans, vit seule dans une ferme isolée en Alsace, territoire allemand depuis 50 ans. Hélène, jeune Française en fuite vers les Pays-Bas, y trouve refuge, poursuivie par un soldat allemand, Hermann, qu’elle aurait blessé pour une raison mystérieuse. Il la retrouve et s’impose dans la ferme bien que cela fasse de lui un déserteur. Luise accepte de les héberger tous les deux sans rien connaitre de leur passé. Un dangereux jeu à trois se met en place…
Avis :
Cela faisait bien longtemps qu’on n’était pas parti au Pays-Bas, pays des cinéastes que son Paul Verhoeven, Jan De Bont, ou encore Dick Mass et Anton Corbjin, et ça, ce n’est que pour citer les plus connus. Aujourd’hui, on s’arrête sur la carrière de Matthias Luthardt, cinéaste à la carrière discrète, ayant étudié le cinéma entre la France et l’Allemagne. Réalisant des documentaires pendant ses études, c’est en 2006, peu après la fin de celles-ci, qu’il tourne son premier film, « Pingpong« . Par la suite, on retrouvera principalement le réalisateur en Allemagne, où il enchaîne entre téléfilms, séries télé et documentaires pour le cinéma.
Seize ans après son premier film de fiction, Matthias Luthardt est de retour dans les salles obscures avec un film singulier, « Luise« . Posant sa caméra à l’automne 1918, en Alsace, le metteur en scène nous invite à suivre au cœur d’une petite ferme, un trio de personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer et pourtant, ils vont cohabiter l’espace de quelques mois, pour le meilleur et pour le pire.
« »Luise » sera un film intéressant dans ce qu’il raconte, porté par tout un tas de sujets forts. »
« Luise » sera un film intéressant dans ce qu’il raconte, porté par tout un tas de sujets forts. Puis il y a ce trio d’acteurs qui se posent comme excellents dans leur rôle, tout particulièrement l’Allemande Luise Aschenbrenner qui se retrouve à jouer dans trois langues. Mais derrière ça, même si l’on passe un bon petit moment de cinéma, on restera aussi quelque peu déçu face à un film auquel il manque de l’émotion et une intrigue forte en surprise.
Octobre 1918, Luise vit seule quelque part en Alsace qui est un territoire allemand depuis une cinquantaine d’années. Un matin, elle voit débarquer chez elle Hélène, une jeune femme française qui cherche à fuir aux Pays-Bas. Très vite, derrière elle, Hermann, un soldat allemand, fait irruption dans la ferme, étant à la poursuite de la Française qui vient de passer la ligne de démarcation. Hermann est blessé et Luise décide d’aider les deux. Très vite, Hermann est considéré comme un déserteur. Luise va alors se couper en deux, faisant le tampon entre ces deux êtres. Petit à petit, ce qu’aucun d’eux n’est alors capable de voir, c’est que de petits détails se mettent en place, ce qui va bientôt les mettre en danger tous les trois.
Sortie discrète de ce début Juillet, « Luise » est un film qui s’est posé comme un joli moment de cinéma devant lequel je ne regrette pas de m’y être arrêté, même si le film de Matthias Luthardt est imparfait, et surtout, il lui manque de l’intrigue et des émotions pour pleinement nous embarquer.
« »Luise » est un film qui souffre d’un manque d’émotion. »
« Luise » est donc la rencontre amoureuse entre trois personnages au crépuscule de la Première Guerre mondiale. Intéressant dans ce qu’il raconte et dans les personnages qu’il fait cohabiter, « Luise » est un film riche dans sa trame, abordant la guerre, les traumas de la guerre, abordant « la normalité des gens » et leur violence, face à un conflit extraordinaire qui les dépasse. Puis derrière ça, le réalisateur y parle d’amour, d’espoir et de paix, faisant cohabiter l’espace d’un temps tous ces personnages. Avec « Luise« , Matthias Luthardt s’aventure dans une romance qui est très loin d’être bien vue à l’époque, et là encore, le metteur en scène offre de quoi fournir son intrigue. Dans un sens, on est pris, et forcément touché par ces personnages, par leur envie d’avenir, leur envie de voir le conflit se finir, et reprendre, si toutefois cela est possible, leur vie d’avant.
Mais voilà, derrière tous ces éléments qui nous font passer un bon moment de cinéma, « Luise » est un film qui souffre d’un manque d’émotion. Certes, les personnages sont touchants, d’autant plus qu’ils sont très bien tenus par le trio d’acteurs qui les portent avec conviction et envie, mais malgré ça, il manque un souffle de romance à « Luise » pour pleinement nous emporter. Ici, il y a quelque chose qui donne la sensation que le film n’ose jamais vraiment enfoncer la porte du romantisme, comme s’il avait peur d’aller dans un cliché, et à force de se retenir, « Luise » finit par simplement être touchant, alors qu’avec cette histoire et ces personnages, il aurait pu être beaucoup plus.
« »Luise » se retrouve à être simplement touchant et pas plus. »
S’ajoute à cela le fait que l’intrigue est malheureusement très prévisible. Dès que l’attirance entre deux personnages est montrée, très vite, on sait où et comment cette histoire va se conclure. Il y aurait presque quelque chose qui fait qu’on est impuissant face à la fatalité de ce qui va arriver, et tout ce que l’on avait pu imaginer pour la conclusion arrive malheureusement point par point. Assurément, c’est l’un des gros arguments qui fait que « Luise » se retrouve à être simplement touchant et pas plus.
C’est donc une petite chronique pour un petit film qui entre ses défauts et ses qualités, aura su quand même me tenir avec intérêt. Très bien filmé, jouissant d’une belle ambiance brumeuse, plongé dans de bons décors et un plan final incroyable sur la « campagne » alsacienne, tenu par trois acteurs impeccables, Luise Aschenbrenner, Christa Théret et Leonard Kunz, « Luise » est un bon film. Un film qui aurait pu être plus intense s’il ne s’était pas fait si prévisible, mais face à cela, le réalisateur aborde tout un tas de sujets et de personnages qui sont intéressants et comme on le disait, malgré tout, « Luise » nous tient de bout en bout de film.
Note : 12/20
Par Cinéted