avril 29, 2024

Motion Device – Wide Awake

Avis :

Certains groupes ont réussi à s’affranchir des maisons de disques et autres labels pour produire la musique qu’ils pratiquent. Outre le fait de passer par des voies d’autofinancement un peu périlleuses, on peut trouver des solutions malines, comme faire le buzz via Youtube et d’autres plateformes de vidéo. C’est le cas pour Motion Device, groupe canadien de Hard Rock à tendance Métal Alternatif, qui a su rapidement s’imposer sur les réseaux sociaux, et à faire parler de lui. En atteste leur deuxième album, Wide Awake, autoproduit en 2017 grâce à un crowdfunding qui atteindra les 60000 dollars assez vite. Album concept qui tient sur deux skeuds pour plus d’un heure quarante-cinq de musique, on peut dire que les canadiens ne font pas les choses à moitié et n’hésitent pas à se mettre en danger pour débuter leur aventure musicale. Mais est-ce bien ?

Bien entendu, la première chose qui frappe avec cet effort, c’est le nombre de pistes. Vingt morceaux, dispatchés en deux fois dix pistes, pour un résultat relativement long qui peut en rebuter plus d’un. D’autant plus que dès le premier titre, Alive, on va avoir droit à une introduction étrange, où l’on entend des lumières s’allumer, comme si l’on pénétrer dans un grand hangar. Le soulagement arrive dès que la musique commence, démontrant un beau talent et une envie de montrer de quel bois se chauffe le groupe. Tout comme ses références. Car si Alive pioche volontiers dans le Métal Alternatif, d’autres morceaux lorgneront vers un petit Hard Rock mélodique, évoquant à bien des égards The Pretty Reckless, notamment avec Livin’ a Dream. Le groupe n’hésite pas aussi à produire quelques breaks avec de courts solos et le résultat est surprenant, dans le bon sens du terme.

Il y a beaucoup de place qui est laissé à la chanteuse, qui va pouvoir montrer de quoi elle est capable, et c’est vraiment très bon. Temptation en est un exemple parmi tant d’autres, mais c’est l’un des titres où sa voix va bien résonner, avec une production aux petits oignons. Elle arrive à rendre certains refrains très addictifs et facilement mémorables. On peut citer You’re so Cold ou Angel (même si sur ce titre, les paroles sont assez mauvaises). On aura même la sensation que parfois, le groupe essaye de multiplier les références, comme pour The Other Side, où le riff peut faire écho à Static-X dans son démarrage. Le titre n’aura rien à voir avec le groupe de feu Wayne Static, mais il y a un petit rapprochement. Puis Divided va se faire bien lourd pour conclure cette première partie, qui nous laisse sur un très bon sentiment.

Seulement, tout n’est pas parfait non plus. Car si la deuxième partie démarre en trombe avec Meltdown, on va retrouver des titres plus longs et qui sont moins percutants que d’autres. On peut citer par exemple Is This Real ? qui peine à convaincre, ou même le dernier morceau, The Infinite Wave qui dépasse les vingt minutes, mais se découpe en fait en plusieurs parties qui sonnent différemment. Outre le fait que ce soit bien trop long, on retrouve des petites anicroches sur certains titres, comme des liaisons qui manquent de finesse, ou encore des morceaux qui accrochent moins de par un manque de variation et de rythmique. Et puis il faut aussi avouer qu’avec vingt morceaux, on a moins le temps de s’appesantir sur les pistes, avec des titres que l’on oublie assez rapidement, pris dans un surplus qui semble interminable.

Parmi ces vingt pistes, on retrouve tout de même des interludes. Et là aussi, il va se passer un phénomène plutôt néfaste pour l’album, le manque de cohérence. Par exemple, le premier interlude est Digital Carousel, et il s’agit d’une musique en huit bits qui fait référence à un jeu vidéo. Pourquoi ? On ne le saura jamais et on tombe dessus comme un cheveu sur la soupe. Il en va de même avec Deeper, qui utilise des percussions orientales pour fournir une ambiance arabique sans que cela n’est de lien concret avec le reste de l’album. Alors certes, cela prouve l’ouverture d’esprit du groupe, mais cela nous sort complètement de l’album, et de son concept même. Heureusement que certains interludes sont plus « rock » que d’autres, à l’image de Golden Strings ou encore Gratitude et son piano qui n’utilise que des notes basses.

Au final, Wide Awake, le deuxième album de Motion Device, est une réussite, dans le sens où malgré le crowfunding et l’autoproduction, on fait face à un objet très (trop ?) généreux et d’une qualité d’enregistrement d’excellente facture. Certains titres sont vraiment forts et on sent bien toutes les références du groupe. Il est juste dommage d’avoir mis autant de titres, à un tel point que ça en devient brouillon par moment, et que l’on se perd dans tout ce bazar musical. Bref, il n’en demeure pas moins que le groupe est une belle découverte, et il mérite amplement son coup d’oreille.

  • Alive
  • The Machine
  • Livin’ a Dream
  • Temptation
  • Digital Carousel
  • You’re so Cold
  • Angel
  • The Other Side
  • Golden Strings
  • Divided
  • Meltdown
  • Is This Real ?
  • Deeper
  • Wide Awake
  • Unbroken
  • Warrior
  • Gratitude
  • Soul Shaker
  • We are the Ones
  • The Infinite Wave

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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