The Monster

De : Bryan Bertino

Avec Zoe Kazan, Ella Ballentine, Scott Speedman, Aaron Douglas

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une mère et sa fille terrifiée sont prisonnières et tourmentées par une créature sans pitié.

Avis :

On le dit assez souvent quand on attaque une chronique sur un film d’horreur, mais ce genre reste un terreau passionnant pour découvrir de nouveaux réalisateurs qui risquent fort de devenir culte avec le temps. Cependant, c’est aussi un genre dans lequel s’enferme nombre de cinéastes, n’arrivant plus à sortir d’un style qui demande peu de moyens, et qui continue d’attirer les foules dans les salles. Bryan Bertino fait partie de ceux-là. Producteur, scénariste et réalisateur de ses propres films, il va créer un joli buzz en 2008 en proposant The Strangers, un home invasion bien troussé malgré son manque d’inventivité. On aurait pu croire à l’éclosion d’un nouvel œil, mais rapidement, le type va s’enfermer dans le genre et proposer des films d’horreur de mauvais goût, comme Mockingbird, ou The Monster qui nous préoccupe entre ses lignes.

The Monster est un film d’horreur qui se déroule exclusivement sur une portion de route, avec très peu de personnages. En effet, on va suivre une mère et sa fille qui ne s’entendent pas, qui prennent la route pour aller chez le père de cette dernière. Mais entre la fatigue et la pluie, elles sont victimes d’un accident en percutant un loup. Appelant les secours, les deux protagonistes se rendent compte qu’un monstre rôde autour de leur voiture, et que si elles sortent, elles pourraient servir d’hors-d’œuvre. Le pitch est ultra simpliste, et histoire d’étoffer un peu ces grandes lignes, le scénario va créer une relation mère/fille ultra conflictuelle, et une maman qui est un peu addict à toutes sortes de drogues et d’alcool. Bryan Bertino ne va pas faire dans la demi-mesure sur le message caché de son film, transposant son monstre comme les névroses de la mère.

« The Monster est un film qui parle de rédemption et de pardon, mais il le fait d’une façon maladroite, pour ne pas dire mauvaise. »

Cela aurait pu être intéressant. D’ailleurs, on ne peut en vouloir au réalisateur (et scénariste) d’avoir tenter d’injecter du fond à son film d’horreur. Mais force est de constater que le film ne marche pas du tout dans son message. Afin de créer des personnages plus épais qu’ils n’y paraissent, on va avoir droit à quelques flashbacks qui montrent la relation hyper complexe entre les deux filles. On y voit une gamine caractérielle, qui refuse que sa mère vienne voir son spectacle de théâtre, car elle a peur qu’elle fasse une crise devant tous les autres parents, et lui mette la honte. De même, on va assister à une forte dispute entre sa mère et un autre type, qui recherche de la drogue, planquée par la gamine qui en a marre de voir sa mère s’autodétruire. Cela permet de voir que les personnages ne sont pas lisses.

Mais il y a un gros problème, cela les rend totalement antipathiques. Bien évidemment, le portrait de la mère est bien égratigné, avec son égoïsme, ses addictions et les maltraitances qu’elle inflige à sa fille. Difficile de tomber sous le charme de ce personnage qui va se racheter une conduite pendant le voyage et se sacrifier pour sa fille. Mais la fille n’est pas en reste, puisqu’elle braille tout le temps, fait d’énormes caprices quand sa mère fait des efforts, et ne semble pas disposée à pardonner. Là aussi, il va falloir un drame sanglant pour qu’elle se rend compte de l’amour de sa mère, et que cette dernière et tout de même prête à tout pour la sauver. Bref, The Monster est un film qui parle de rédemption et de pardon, mais il le fait d’une façon maladroite, pour ne pas dire mauvaise.

« Il n’y a même pas d’« iconisation » de la bestiole… »

Et puis il y a ce monstre. S’il met un temps fou à arriver (le film tente de jouer sur le hors-champ), son apparition sera un beau gâchis, notamment à cause d’un costume proprement dégueulasse. Alors oui, il s’agit d’un petit film, avec un petit budget, et on peut louer le réalisateur de ne pas avoir fait appel à du numérique. Néanmoins, le costume est ridicule, puisque l’on voit qu’il s’agit d’un homme dans une tenue en latex noir, avec une gueule béante bardée de crocs. C’est d’une telle laideur que cela nous sort du film. On n’y croit pas un seul instant. De plus, cette créature représente les addictions de la mère, mais c’est fait de façon tellement frontale, sans une once de finesse, que l’on se retrouve face à quelque chose d’attendu et sans surprise. Il n’y a même pas d’« iconisation » de la bestiole…

Le film ne gagne pas non plus ses galons sur la prestation des deux actrices, qui ne sont pas touchantes et se contentent du strict minimum. On ne peut même pas dire qu’il y a une alchimie entre les deux. Zoe Kazan, qui joue la mère, n’est pas touchante, et n’arrive pas à donner de l’épaisseur à son personnage. On se fout même de sa pseudo rédemption. Quant à Ella Ballentine, elle fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. C’est-à-dire qu’elle crie, pique des crises et fait la gueule. Comment ressentir de l’empathie pour cette gamine ? Et on ne pourra même pas se raccrocher aux personnages secondaires, qui sont inexistants et insipides, à l’image de ce pauvre dépanneur qui se démène pour aider les nanas mais qui se fait parler comme à un chien…

Au final, The Monster est un film d’horreur qui n’est pas bon. Si sa mise en scène peut faire illusion, on va rapidement trouver le temps long aux côtés de ces deux personnages insupportables, dont le message de fond est tellement téléphoné qu’il en devient ridicule. Bryan Bertino se trompe complètement dans ce que l’on pourrait presque appeler un huis-clos, avec des protagonistes détestables et un monstre symbolique qui est d’une laideur absurde. Bref, un joli ratage qui peut faire illusion au départ, mais qui va vite nous montrer ses limites, aussi bien scénaristiques que visuelles…

Note : 07/20

Par AqME