mars 19, 2024

Umami

De : Slony Sow

Avec Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Bastien Bouillon, Pierre Richard

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Gabriel Carvin est un chef étoilé de grande renommée. Lorsque sa santé et sa vie de famille se détériorent, il décide de partir à l’autre bout du monde. Direction le Japon, à la recherche d’un chef japonais qui l’avait battu à un concours de cuisine 40 ans plus tôt. Ce voyage culturel et culinaire va l’amener à faire le point sur sa vie.

Avis :

Réalisateur assez peu connu, Slony Sow est pourtant un cinéaste qui commence à avoir une bonne carrière derrière lui. Ayant neuf courts-métrages, un téléfilm, ou encore trois longs, Slony Sow commence à la toute fin des années 90 en tant que comédien. De petits rôles dans des courts ou des séries, Slony Sow vivote comme il peut. AU fil des tournages et des rencontres, pour son court « Grenouille d’hiver » en 2011, il prend contact avec Gérard Depardieu qui accepte de tourner dans son film. Depuis le réalisateur et le comédien ne se sont pas perdus de vue.

C’est lors d’une conversation au Japon avec des amis que Slony Sow découvre l’existence de l’Umami, qui se définirait comme la cinquième saveur après le sucré, salé, l’acide et l’amer. Mais lorsqu’il a demandé plus de précision sur cette dernière, personne n’avait vraiment la même définition, et ça, ça lui a donné envie de faire un film dessus. Débuté en 2020, le tournage de « Umami » s’étalera en gros sur un an à cause du covid.

«  »Umami » se posera comme une savoureuse surprise, qui dresse de beaux personnages. »

Sorti discrètement, « Umami » est un film qui me tentait pour son voyage au Japon, car ce dernier avait l’air loin de la carte postale habituelle, et j’ai franchement bien fait de m’y arrêter, car le nouveau film de Slony Sow est plein de charme. S’il manque peut-être de surprises et de subtilité autour de son personnage principal, « Umami » se posera comme une savoureuse surprise, qui dresse de beaux personnages, une belle émancipation, et derrière un Japon inhabituel, bourré de personnages comme on en voit peu. Envoutant, drôle, joliment tenu par ses comédiens, « Umami » est un petit voyage que j’ai beaucoup aimé faire.

Gabriel Carvin est un immense chef de cuisine qui vient de décrocher sa troisième étoile. Si tout lui sourit, Gabriel n’a plus vraiment le goût des choses. Un jour, avec un ami qui est un peu hypnotisant, il se souvient qu’il y a quarante ans de cela, il avait perdu un concours face à un chef japonais. Pensant que la cuisine, et plus particulièrement une essence, l’umami, est ce qui lui manque, Gabriel plante tout le monde et s’envole pour le pays du Soleil Levant.

Envie de bons sentiments, d’un film qui charme, qui envoûte, envie de parler de nourriture, de culture, de voyage, alors ne cherchez pas plus loin, « Umami » est là pour réchauffer les cœurs et les papilles. Jolie surprise qu’on n’attendait pas du tout, ce troisième film pour Slony Sow est une invitation à l’aventure, et si parfois, il va être un peu facile, convenu, ou même cousu de fils blancs, il n’en demeure pas moins un joli moment de cinéma, duquel on ressort le sourire aux lèvres avec l’envie de voyager et de se retrouver.

«  »Umami » développe quelque chose de l’ordre du road trip. »

Écrit pour Gérard Depardieu, il ne fait nul doute que lorsqu’on découvre le personnage de Gabriel Carvin, on ne peut voir aucun autre acteur que Depardieu pour l’incarner, tant le personnage se fond avec l’acteur et inversement.

Séparé en plusieurs intrigues, « Umami« , c’est la recherche d’une essence, une épice qui n’existe pas vraiment et qui se définirait plus comme un sens de la vie. Avec cette idée, Slony Sow pose plusieurs personnages qui vont tous devoir se trouver, et chacun d’eux va être joliment développé. Ainsi, « Umami » développe quelque chose de l’ordre du road trip, et ça, à plus d’une mesure. D’un côté, il y a le road trip vers le Japon, de l’autre, il y a un road trip intérieur, où chaque personnage important doit se trouver, et enfin, il y a un road trip culinaire effectué par Gabriel, en compagnie d’un vieux maître japonais, à la recherche d’une saveur qui n’existe pas de la même manière en chacun d’entre nous.

En plus de cette, ou plutôt de ces, histoires plus ou moins bien menées, « Umami » est aussi un film qui nous immerge dans un Japon qui, comme je le disais, est très loin de la carte postale devant laquelle on peut avoir l’habitude de rêver. Ici, au cours de son récit, on croise des personnages tous plus différents et abîmés les uns que les autres. Un homme surmené, une mère célibataire, une jeune fille cassée par les réseaux sociaux qui a des tendances suicidaires, une femme qui fume dans un restaurant, des personnages aux physiques ingrats… Bref, il y a beaucoup de personnages qui sont intéressants et qui sonnent comme justes et vrais, et ça, ça apporte énormément au film de Slony Sow.

On notera aussi un très joli travail sur les dialogues, qui parfois résonnent comme de la poésie. La présentation de Gabriel en voix off est un bijou de métaphores.

« On pourra toutefois regretter un manque de subtilité parfois, notamment avec son personnage principal. »

Après, on pourra toutefois regretter, comme je le disais, un manque de subtilité parfois, notamment avec son personnage principal, ou encore un final un peu trop angélique, même si, au final, il faut bien avouer que ça a son charme et que l’on n’aurait pas aimé que le film se finisse autrement.

Du côté de sa mise en scène, « Umami » est un joli petit moment de cinéma, et surtout d’évasion, notamment au travers de tous les road trip qu’il propose. De plus, Slony Sow, un peu à l’image de ses personnages, nous entraîne dans un Japon enneigé qu’on n’a pas l’habitude de voir. Loin de Tokyo, c’est dans une petite ville au charme délicieux que le réalisateur pose sa caméra, et c’est tout simplement beau à regarder.

Après, pour les défauts, il faut toutefois dire que les parties japonaises sont si belles que lorsqu’on revient en France pour suivre l’un des fils et la femme de Gabriel, malgré un beau personnage qui ne demande qu’à sortir de l’ombre de son père, le film est quelque peu fade et déjà vu.

Tenu par une formidable Gérard Depardieu, en duo avec un tout aussi formidable Kyozo Nagatsuka, « Umami » se pose comme une délicieuse leçon de vie et de culture, et de manière tout à fait personnelle, j’ai adoré ce voyage à la recherche d’une essence, d’une recette, d’une épice, qui finalement est en chacun d’entre nous. Ainsi, le moment fut petit, mais beau, et même, j’en reprendrais bien un petit peu d’ici quelque temps.

Note : 14/20

Par Cinéted

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