avril 26, 2024

Goodnight Mommy

De : Matt Sobel

Avec Naomi Watts, Cameron Crovetti, Nicholas Crovetti, Peter Hermann

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Lorsque des frères jumeaux arrivent à la maison et trouvent leur mère perturbée avec le visage couvert de bandages chirurgicaux, ils commencent à soupçonner que la femme sous la bande de gaze pourrait ne pas être leur mère.

Avis :

Dans le cinéma d’horreur, les enfants tiennent une place particulière. S’ils ne sont pas malmenés par un boogeyman cauchemardesque, ils peuvent aussi être les démons qui vont s’en donner à cœur joie avec leurs parents. Bien évidemment, on pense à La Malédiction de Richard Donner, mais on trouve une pléiade d’exemples, comme récemment avec The Innocents ou encore The Children. En 2014, c’est en Autriche que l’on va trouver des enfants terribles, mais de façon inopinée. En abordant Goodnight Mommy, on est autant dans le thriller froid que dans l’horreur grandissante, avec un fils qui ne reconnait plus sa mère, allant jusqu’à mettre en doute l’identité de cette dernière. Le succès fut présent, et il n’en fallait pas plus à Amazon pour pondre un remake à la sauce américaine. Mais était-ce bien nécessaire ?

Il faut savoir que Goodnight Mommy est une histoire qui fonctionne avec un twist, et que lorsque ce dernier est dévoilé, il nous laisse sur le cul, mais il empêche de faire un remake aussi surprenant. C’est exactement ce qui va se passer avec la version de Matt Sobel. Dès le départ, les dés sont pipés et on va griller l’un des twists, ce qui enlève une part de mystère autour de cette famille dysfonctionnelle et de cette mère qui refuse de vieillir. De plus, concernant ce retournement que l’on ne peut dévoiler entre ses lignes, il va être très mal mis en scène. C’est-à-dire que rapidement, on voit qu’il y a un problème entre ses deux frères, que quelque chose cloche, et que les rapports avec les autres protagonistes de l’histoire sont très superflus. Il manque de la nuance dans ce remake, une finesse d’écriture qu’a pourtant l’original.

« Le réalisateur américain se laisse aller à quelque chose de plus binaire, de moins désespéré. »

Mais ce n’est pas tout. Comme il s’agit d’un film américain, il va rentrer dans tous les mauvais codes du genre, à savoir des effets spéciaux plus lourds, plus gros, mais qui annihile toute la froideur de l’original. Beaucoup moins lumineux, beaucoup moins clinique, Matt Sobel ne filme quasiment que la nuit afin de créer une atmosphère sombre, mais il tombe dans le panneau du surplus sans intérêt. A l’image de cette scène où la mère s’arrache la peau pour devenir un monstre sanguinolent qui va hanter les cauchemars du fiston. Le but était de créer de petits monstres, qui n’arrivent plus à faire la part des choses envers leur mère, mais malheureusement, le réalisateur américain se laisse aller à quelque chose de plus binaire, de moins désespéré. On se retrouve alors avec quelque chose sans âme et qui manque d’une approche plus maline.

Bien sûr, tout n’est pas à jeter dans ce film. A commencer par Naomi Watts qui joue très bien cette mère qui pète un peu les plombs. Sans trop en dire, le script est suffisamment intelligent pour distiller quelques pistes sur son travail, et sur le pourquoi du comment elle a ces gazes sur le visage. Actrice, fraîchement divorcée, elle refuse de vieillir, et subit donc un gros acte de chirurgie esthétique pour se supporter devant le miroir. Le film renvoie donc à cette quête d’éternelle jeunesse, qui va lui coûter cher, et notamment sa relation avec ses fils, qui ne va faire que se dégrader. Le choix des enfants est aussi intéressant, piochant des sujets psychologiques assez malins, même si sur la fin, le réalisateur met de gros sabots pour partir sur un délire schizophrène téléphoné et qui manque de finesse.

« Une finalité un peu timide, avec une fin moins nihiliste et effrayante. »

Au niveau de la mise en scène, Goodnight Mommy se tient. Certes, il est très loin du côté lumineux de l’original, qui se passait durant l’été et n’avait quasiment aucune scène de nuit, mais certaines séquences sont plaisantes, et on retrouve quelques éléments intéressants, comme cette montée en tension sur la nature même de la mère. Le film arrive à nous mettre le doute avec quelques détails, et des scènes qui sont troublantes, comme ce moment où elle danse toute seule devant un miroir. Sans être vraiment effrayant ou dérangeant, le film arrive à transmettre des moments ambigus qui font que l’on ne sait pas trop dans quelle direction va partir le script. En ce sens, il se détache de son aîné, même s’il lui ressemble un peu trop dans sa finalité. Une finalité un peu timide, avec une fin moins nihiliste et effrayante.

Au final, Goodnight Mommy version américaine n’est pas une purge, mais ce n’est pas non plus la panacée. Si l’original était fort sympathique, il avait aussi un goût prononcé pour le nihilisme et surprenait tout le monde avec un final glaçant, ce que n’a pas ce remake. Si Matt Sobel essaye de créer de la tension avec un monstre et un tournage quasi exclusivement de nuit, mais l’ensemble manque cruellement d’identité, et se transforme en n’importe quel film d’horreur américain lambda. C’est dommage, il y avait matière à faire, notamment avec Naomi Watts qui est très investie dans son rôle. Bref, pas de quoi cauchemarder la nuit…

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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