mars 29, 2024

Concordea – Over Wide Spaces

Avis :

Parfois, vivre de son art est un concept très compliqué, surtout quand on officie dans quelque chose d’assez underground. Prenons la musique Métal par exemple. De nombreux groupes tournent, sortent des albums, mais les musiciens sont obligés de bosser à côté, car les ventes ne sont pas forcément au beau fixe. De ce fait, il y a de nombreux groupes qui décident de mettre la clé sous la porte, faute de revenus. Concordea est un groupe de Heavy à tendance Power, originaire de Russie, qui en a fait les frais. Formé en 2011, la formation va sortir un premier EP en 2014 (Before Sunrise), avant de passer le cap en 2017 avec leur premier album, Over Wide Spaces. Un unique album, puisqu’après un single en 2019, le groupe décide de faire une pause en 2022, avec des départs dans le line-up. Bref, un avenir gâché…

Pour autant, cela ne veut pas dire que cet unique album soit bon. En effet, si on se penche un peu sur les détails de production, le groupe n’a jamais signé sur un label, et ce premier skeud a été fait de manière indépendante. Cela signifie en général de petits moyens, pour un genre qui demande une grosse orchestration. Et on va ressentir les faiblesses de l’effort dès le premier titre, Breathe New Life. On pourrait croire à un début un peu folk, avec une cithare et quelques arrangements pour rendre l’ensemble très poétique, mais globalement, ça ne prend pas, la faute à un effet très surfait et convenu. Et Wings’ Motion ne va pas forcément arranger les choses, même si on est sur quelque chose de très convenable d’un point de vue technique. Les musicos sont bons, les riffs sont agréables, mais la production est aux fraises.

Ce qui va bien évidemment choquer en premier lieu, c’est la voix du chanteur, qui est constamment masquée par un vocoder pour la rendre plus chantante. Cela donne une impression superficielle, et surtout, on se pose des questions sur la justesse du chanteur. Il faut ajouter à cela un clavier trop présent, qui fait écho à du Heavy des années 80, et cela ne rend pas forcément justice aux grattes qui s’en donnent à cœur joie. Il y a un gros manque d’équilibre dans ce titre. En fait, on pourrait presque dire qu’il y a un gros côté ringard, que l’on va retrouver dans quasiment tous les morceaux. Confession of my Pride peut se targuer d’avoir de bons riffs, mais tout le reste n’est pas terrible, à commencer par la voix nasillarde du chanteur, qui va partir bien trop loin, gâchant quasiment tout le titre.

When They Want you… to Die constitue un point d’orgue dans l’usage intempestif d’un clavier aigu et mal fichu, qui vient adoucir des riffs qui ne demandent qu’à se faire entendre. On a l’impression que le groupe veut à tout prix rendre sa musique moins agressive, certainement pour coller à la voix du chanteur, mais cela manque de cohérence et d’énergie. Et cela a pour conséquence de rendre tout l’album très moyen, alors que certains moments sont vraiment intéressants, comme le break dans Between Two Worlds qui tabasse bien, même si on regrette amèrement la voix modifiée du chanteur. Mermaid’s Song peut aussi être un titre intéressant, mais qui se gâche avec des effets surannés et sans intérêt. C’est vraiment dommage d’entendre un groupe se mettre des bâtons dans les roues comme ça… Et Portrait ne va pas arranger les choses avec une ballade proprement dégueulasse.

Le groupe remonte la pente avec Listen to the Snow qui, malgré ses défauts, peut se targuer d’avoir un excellent solo et de laisser plus de place à ses guitares, qui peuvent enfin s’exprimer sans que le clavier prenne trop de place. Même s’il est toujours trop présent. On retrouve le même allant avec Rejected and Avowed, qui propose même une double-pédale des plus réjouissantes, et qui laisse parler l’énergie, avec même des back-ups plus nerveux, ce qui donne plus d’épaisseur à l’ensemble. Et pour une fois, le clavier va donner un truc en plus, une ambiance un peu Power qui donne une autre dimension au titre. C’est ce qui manque à tous les autres titres de l’album. Le problème, c’est qu’avec The Unknown, le groupe retombe dans ses travers… Et terminer sur un titre très moyen n’est pas le meilleur atout pour une réécoute.

Au final, Over Wide Spaces, le seul et unique album de Concordea avant une pause indéfinie, reste un effort louable et pas inintéressant, mais qui pêche par des défauts qui prennent cruellement le pas sur tout le reste. Le chanteur est relativement mauvais, forçant sur le trafic de sa voix, le clavier est trop présent et bien ringard, et les compositions ne sont pas forcément originales. Cependant, on a quelques fulgurances qui font que l’on ne passe pas un mauvais moment face à cette écoute, et c’est déjà pas mal. En l’état, le groupe russe reste un petit gâchis quant à sa pause qui risque de leur être fatale…

  • Breathe New Life
  • Wings’ Motion
  • Confession of my Pride
  • When They Want you… to Die
  • Between Two Worlds
  • Mermaid’s Song
  • Portrait
  • Listen to the Snow
  • Rejected and Avowed
  • The Unknown

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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