avril 19, 2024

Cradle of Filth – Existence is Futile – Le Malêtre est Fertile

Avis :

S’il y a bien un groupe qui, depuis sa naissance dans les années 90, suscite les angoisses de tous les bienpensants et les culs bénis, c’est bien Cradle of Filth. Considéré depuis toujours comme un groupe de métal extrême aux paroles sauvages et diaboliques, la formation anglaise a pourtant su prouver qu’elle était loin du simple groupe sataniste qui pervertit nos jeunes têtes blondes. Jouant constamment sur son image sulfureuse, alimentant sans cesse la polémique avec des clips gores, Cradle of Filth s’est fondé sur les médisances des incultes et des profanes du genre. Mais s’il y a bien une preuve de qualité musicale, c’est la longévité. Existence is Futile est le dernier album du groupe, son treizième, en trente ans de bons et déloyaux services. En grande forme depuis son contrat chez Nuclear Blast Records, Cradle of Filth prouve encore une fois qu’il est le meilleur en son domaine.

Comme à son habitude, le groupe débute avec une introduction qui donne d’emblée le ton. The Fate of the World on our Shoulders a tous les atours d’un titre horrifique et va permettre au groupe d’enchainer avec Existential Terror, un long morceau qui possède tous les tics de Cradle. A la fois violent et lyrique, le groupe démontre, dès le départ, ses ambitions et sa volonté de plonger à cœur perdu dans un métal extrême aux sonorités doucereuses. Fidèle à son image, mais sans jamais tomber dans la surenchère, le groupe offre une longue plage puissante et entêtante. Dani Filth a toujours la flamme dans sa gorge et délivre quelques cris dont seul lui a le secret. Avec Necromantic Fantasies, Cradle of Filth va encore plus loin dans sa démarche lyrique. Les voix féminines contrebalancent un rythme assez lourd, et permettent d’aérer l’ensemble. Et que dire de cet orgue !

L’album va prendre une autre dimension avec Crawling King Chaos. Son introduction, qui fait très cinéma, va déboucher sur un torrent de violence et d’ambiance lugubre. Le groupe joue à fond la carte du Black, avec en fond des insertions lyriques qui permettent d’approfondir une ambiance malsaine et pesante. Certainement le titre le plus lourd de tout l’album, jouant, en prime, sur les vocalises du chanteur, pour partir encore plus loin dans un délire lugubre. Black Smoke Curling From the Lips of War continue ce petit bonhomme de chemin autour d’un métal extrême qui tape fort, mais qui s’adoucit aux sons des chœurs féminins, de toute beauté, mais aussi des violons, qui apportent un peu de tendresse. On retrouve un peu de ça dans The Dying of Embers, même si c’est moins virulent, le groupe dosant savamment ses élans percutants.

D’ailleurs, Cradle of Filth n’a pas perdu son énergie et ses excès de violence. On peut évoquer Sisters of the Mist et ses sept minutes complètes, où l’on va en prendre plein les tympans. Ou encore Unleash the Hellion, qui clôture l’album de la plus belle des façons, avec toute une synthèse de ce que le groupe propose depuis une bonne dizaine d’année maintenant. Mais le plus intéressant dans tout ça, c’est que l’on retrouve une forte sensibilité dans chaque morceau. Le groupe arrive, derrière cette violence inhérente à leur image, à produire des moments de grâce ultimes. Sisters of the Mist, par exemple, sous ses atours de gros hit gothique, propose des nappes de chants lyriques qui sont à tomber par terre. Alors certes, le break, avec le gros blast de la batterie, défonce tous nos organes, mais il y a toujours une belle sensibilité derrière.

Ce côté vampirique se retrouve même dans plusieurs autres morceaux, à l’image de Discourse Between a Man and his Soul. Les riffs sont moins agressifs, le groupe semble se nouer d’amitié avec une sorte de Power/Death Mélo qui n’est pas pour nous déplaire. D’autant plus que la formation garde aussi ce côté grandiloquent dans la composition. Cela rejoint aussi Suffer Our Dominion et son aspect lyrique qui revient de façon régulière. Et sans parler des interludes, d’une rare beauté, évoquant une ambiance lugubre et presque malsaine, que n’aurait pas renier un certain Edgar Allan Poe. Enfin, si on outrepasse l’aspect lyrique et doux de cet album, on peut aussi se réjouir de retrouver un tube en puissance avec Us, Dark, Invincible, qui possède un vrai refrain catchy en diable, où Dani Filth s’amuse comme un petit fou.

Au final, Existence is Futile, le dernier album de Cradle of Filth, est une véritable réussite. Le groupe britannique offre un effort dantesque, épique et d’une rare générosité. Long sans jamais susciter l’ennui, perclus de pistes qui débordent d’énergie et de compositions lyriques à couper le souffle, Dani Filth et ses acolytes sont inspirés et cela fait plaisir. Perdurant encore et toujours cette image sulfureuse, Cradle of Filth délivre tout de même un album sensible, dans lequel plusieurs écoutes sont nécessaires pour en saisir toutes les subtilités. Un grand album.

  • The Fate of the World on our Shoulders
  • Existential Terror
  • Necromantic Fantasies
  • Crawling King Chaos
  • Here Comes a Candle… (Infernal Lullaby)
  • Black Smoke Curling From the Lips of War
  • Discourse Between a Man and his Soul
  • The Dying of Embers
  • Ashen Mortality
  • How Many Tears to Nurture a Rose ?
  • Suffer Our Dominion
  • Us, Dark, Invincible
  • Sisters of the Mist
  • Unleash the Hellion

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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