mai 8, 2024

Babylon

De : Damien Chazelle

Avec Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva, Jean Smart

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Historique, Drame

Résumé :

Los Angeles des années 1920. Récit d’une ambition démesurée et d’excès les plus fous, BABYLON retrace l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites.

Avis :

Il y a moins d’une dizaine d’années de cela, le nom de Damien Chazelle ne parlait à personne. Le futur cinéaste, qui n’a alors fait qu’un long-métrage en noir et blanc qui fut gentiment remarqué dans certains festivals, s’orientait plus dans l’écriture. Ainsi, on pouvait voir le nom de Damien Chazelle au scénario de « Le dernier exorcisme – part II » ou encore « Grand Piano« . Puis est arrivé en 2014 « Whiplash« , ou plutôt devrait-on dire la claque « Whiplash« . Succès public et critique, auréolé de nombreux prix, dont trois Oscars, dès lors, Damien Chazelle est sous le feu des projecteurs et chacun de ses films sera attendu avec impatience par les cinéphiles, et le mieux dans cette histoire, c’est qu’à chaque film, le metteur en scène étonne, passionne et fait presque mieux que le précédent.

Après un petit détour sur Netflix pour la série « The Eddy« , Damien Chazelle est de retour sur le grand écran pour parler cinéma avec une fresque de plus de trois heures, « Babylon« . Démesuré, dingue, ambitieux, cru, amoureux, ça fuse de partout et tout le temps, « Babylon » est un film tout bonnement incroyable. Avec ce film, Damien Chazelle évoque le cinéma à la fin des années 20, ce moment où d’un coup, le cinéma muet va laisser sa place au cinéma parlant, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on en prend plein les yeux, plein le cœur et l’on en redemande !

« Il est difficile d’aborder « Babylon » tant le film est intense dans ce qu’il aborde, et surtout dans sa façon de parler du cinéma. »

Los Angeles, 1926, ce soir-là, une immense fête est organisée dans l’une des demeures de Jack Conrad, acteur star du cinéma muet. Et ce soir-là, Nellie LaRoy, une jeune femme qui n’est personne mais qui se sait être une star (car on l’est ou on ne l’est pas), s’invite elle-même à la fête. Si ce soir-là, Nellie ne croisera pas Conrad, elle va faire la connaissance de Manny, un jeune homme qui travaille pour Conrad, et derrière ça, elle va surtout se faire repérer…

C’est assez dingue de voir à quel point en seulement cinq films, Damien Chazelle s’est envolé et surtout, a été capable d’offrir un cinéma fou et ambitieux qui commence à se faire rare.

Si je devais résumer en un seul mot son nouveau film, alors j’aurais envie de dire que « Babylon » est une folie. Avec ce film, Damien Chazelle nous entraîne dans la folie des années 20 et dans la folie d’un Hollywood qui s’apprête à naître. Il est difficile d’aborder « Babylon » tant le film est intense dans ce qu’il aborde, et surtout dans sa façon de parler du cinéma et de suivre ces personnages. Bien souvent, il va être répété que « La vie est une fête », et pour ces quatre personnages qui se croisent, collaborent ou pas, avec des hauts et des bas, avec leur ascension vers les étoiles et les chutes qui peuvent aller avec, ces trois heures dix passées en leur compagnie sont une fête géniale, puissante, ravageuse, émouvante et incroyablement cinématographique.

« Damien Chazelle nous offre-là son film le plus dingue dans son envie de cinéma. »

Écrit par Chazelle lui-même, « Babylon » est une intrigue qui part dans tous les sens, qui s’aventure partout, dans les fêtes les plus démesurées, sur les tournages les plus dingues, d’ailleurs, les premières incursions sur des tournages sont tout bonnement incroyables tant ça fuse et ça tourne de partout. Ces moments où on se retrouve avec une dizaine de films tournés au même endroit, avec une verve folle, et une envie de cinéma où beaucoup est à inventer, est sûrement l’un des moments les plus passionnants de la filmographie de Chazelle, et derrière ça, l’un des moments les plus hilarants aussi.

Puis derrière ça, avec ses hauts et ses bas, avec ses rêves brisés, avec ses injustices, et tout simplement avec l’histoire du cinéma lorsque le son et le parlant sont arrivés, Damien Chazelle parle des mutations, des chutes, et de l’industrie, de la machine à rêves qui va se mettre en place. Ainsi, à travers ces personnages, et un plus particulièrement, le réalisateur nous entraînera avec émotion et magie vers un final aussi triste qu’il est renversant et passionnant.

Cette sensation d’être renversé et de folie, on la retrouve aussi dans la mise en scène de Damien Chazelle qui nous offre-là son film le plus dingue dans son envie de cinéma, son ambition et sa démesure. Certes, le film est long, très long, et parfois, c’est vrai, notamment vers la fin, il peut y avoir un relâchement, mais pourtant, malgré ça, la mise en scène de Chazelle est passionnante et rend aussi le film passionnant. Cette plongée au cœur de cette folie à grands coups de plans-séquence est précise et millimétrée, et plus loin encore, le film jouit d’un montage magistral. Un montage survolté, qui donne un punch fou.

« Un art qui n’oublie pas aussi de se faire puissant musicalement parlant. »

Damien Chazelle arrive aussi bien à mettre en scène des scènes de démesure, que des moments plus intimes, et avec ça, il mélange le drame, la comédie et l’horreur même, et il arrive à nous bouleverser, nous faire éclater de rire en un tour de manivelle, pour de nouveau nous bouleverser (notamment ce final à t’en foutre la chair de poule !). Bref, c’est du grand art. Un art qui n’oublie pas aussi de se faire puissant musicalement parlant. Damien Chazelle a toujours livré un cinéma qui est musical, et avec « Babylon« , il offre aussi une leçon de ce côté-là. Fidèle de Chazelle, puisqu’il a signé la BO de tous ses films, Justin Hurwitz compose sûrement la BO la dingue de l’année. Une BO Jazz incroyable, qui est un pur bonheur à écouter.

« Babylon« , c’est aussi une pléiade d’acteurs tous plus investis les uns que les autres. Certes, Margot Robbie, Brad Pitt, Diego Calva et Jovan Adapo sont déments, mais il n’y a pas qu’eux, Damien Chazelle est arrivé à faire que chaque personnage raconte quelque chose d’intéressant et que chaque acteur soit à son meilleur. Mention spéciale pour Li Jun Li, ou encore pour la crise de nerf hilarante de P.J. Bryne (décidément, cette actrice n’est jamais assez mise en avant).

Ainsi, « Babylon » est une ode au cinéma. Avec ce film, Damien Chazelle signe une lettre d’amour au cinéma, tout en en faisant aussi la critique, car « Babylon » montre aussi bien les magnifiques côtés que les côtés les plus sombres et injustes de cette industrie. Fresque de plus de trois heures, on en prend plein les yeux, plein le cœur et plein les émotions. C’est beau, puissant, totalement dingue, tenu par des acteurs flamboyants et débridés… Bref, Damien Chazelle est un grand cinéaste qui est en train de se bâtir l’une des plus belles filmographies actuelles. Pour ma part, j’ai déjà envie d’y retourner !

Note : 18/20

Par Cinéted

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