mars 28, 2024

Vaincre ou Mourir – Le Puy pas si Fou

De : Vincent Mottez et Paul Mignot

Avec Hugo Becker, Rod Paradot, Gilles Cohen, Grégory Fitoussi

Année : 2023

Pays : France

Genre : Historique

Résumé :

1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré́ chez lui en Vendée. Dans le pays, la colère des paysans gronde : ils font appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, déserteurs, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer…

Avis :

Aujourd’hui, c’est un début de chronique un peu particulier, puisque qu’à la place de m’arrêter sur les réalisateurs comme j’aime à le faire, avec « Vaincre ou mourir« , j’ai envie de regarder du côté de sa production, car le film de Vincent Mottez et Paul Mignot est la première production du parc le Puy du Fou. Puy du Fou Film est une société de production créée en 2021 et elle a pour envie de raconter l’histoire de France au travers d’œuvres à grand spectacle. « Vaincre ou mourir » est donc leur premier film, qui s’inspire du spectacle « Le dernier panache », qui se joue dans le parc et qui a déjà attiré des millions de spectateurs.

Ainsi, pour ce premier film, aussi bien pour le Puy du Fou Film que pour les deux réalisateurs, « Vaincre ou mourir » s’arrêtera sur la révolution de Vendée, et plus particulièrement sur celui qui guida cette révolution, François Athanase Charette de La Contrie.

« Vaincre ou mourir » est un film qui s’éloigne de nos habitudes de cinéma, les deux réalisateurs ayant pris un parti pour le moins audacieux, mélangeant le drame, le docu-fiction (en ouverture), et derrière ça, une idée de spectacle à la Puy du Fou, et cet ensemble donnera alors un film inégal, qui a ses défauts, et pas des moindres, mais derrière ça, c’est aussi un film qui propose quelque chose, qui essaie, quitte à se planter, qui raconte une histoire, et au final, entre ses défauts et ses qualités, « Vaincre ou mourir » se laisse regarder, se fait instructif et enfin, il se pose comme un petit divertissement, et ça, c’est déjà bien.

«  »Vaincre où mourir » nous entraîne dans trois ans de guerre, et le film se fait instructif. »

1793, la Révolution française a eu lieu il y a quatre ans de cela, et si elle a été très bien accueillie au départ, très vite, les paysans sont déçus, les impôts augmentent, mais c’est surtout la levée de masses qui met le feu aux poudres. Toutes les régions doivent fournir de jeunes hommes à l’armée de la république et très vite les insurrections paysannes naissent. Parmi elles, en Vendée, les paysans partent chercher François Athanase Charette de La Contrie qui est un militaire royaliste à la retraite. Charette va alors mener la révolution de Vendée. Une révolution qui a pour espoir la liberté, Dieu et le Roi de France.

La révolution de Vendée, en voilà un sujet des plus intéressants, d’autant que dans le cinéma actuel, le sujet, et plus largement les films historiques dans notre paysage, ont tendance à se faire rare. Pour trouver un film qui s’aventure dans ce genre d’intrigue, il faut remonter sur plusieurs années en arrière.

Comme je le disais plus haut, pour leur premier film, Vincent Mottez et Paul Mignot ont pris un parti pris qui est audacieux, puisqu’ils vont raconter cette révolte paysanne à la première personne. L’idée est intéressante, puisqu’elle sonde de manière intime ces années de guerre, étant au plus proche des émotions de ses personnages. Ainsi, « Vaincre où mourir » nous entraîne dans trois ans de guerre, et le film se fait instructif. Enfin, il se fait instructif, pour ceux qui comme moi, connaissent cette histoire de loin, même si l’angle choisi, au travers du point de vue à la première personne, a tendance à être axé royaliste. Après, à la sortie du film, « Vaincre ou mourir » donne envie de faire des recherches sur cette période et d’en apprendre plus.

«  »Vaincre ou mourir » est un film qui a une multitude de défauts. »

Du coup, après une ouverture pour le moins étrange et en même temps audacieuse, puisque le film nous présente plusieurs historiens qui vont recontextualiser l’époque, et le début de la révolte, le scénario de Mottez et Mignot retrace (à grands coups d’ellipses) les batailles, les victoires, les défaites, les grands événements, les massacres, et il va suivre ses personnages jusqu’à leur fin. De ce côté-là, même si on peut lui reprocher de passer tout en revue de manière trop rapide et de ne pas s’attarder sur certains événements qui auraient sans doute mérité plus d’attention (idem, pour ses personnages d’ailleurs), « Vaincre ou mourir » nous tient, et l’on a envie de suivre cette tête brûlée, très bien incarnée par Hugo Becker.

Mais voilà, comme je le disais aussi plus haut, derrière (ou devant, car parfois, c’est vraiment voyant et surtout envahissant), « Vaincre ou mourir » est un film qui a une multitude de défauts, dont le premier qui vient en tête, c’est l’utilisation intense de la voix off. Franchement, il y a trop de voix off dans ce film, et elle est souvent utilisée de manière théâtrale, voire presque comme un spectacle, qui veut te donner les informations que tu n’as pas, comme lorsque tu assistes à un spectacle vivant. De plus, de manière régulière, les deux réalisateurs ont fait le choix d’illustrer cette voix off en posant le personnage de François Athanase Charette de La Contrie dans un décor noir et vide, presque comme si le personnage était piégé avec lui-même, et ces scènes-là donne un côté cheap au film, d’autant plus que le montage, à ces moments-là, se veut au bord de la folie. Ce côté-là a vraiment du mal à fonctionner.

«  »Vaincre ou mourir« , pour accentuer les émotions et marquer les actions, a une tendance à bien trop utiliser sa BO. »

Ensuite, toujours dans les défauts, « Vaincre ou mourir« , pour accentuer les émotions et marquer les actions, a une tendance à bien trop utiliser sa BO. Si la BO en elle-même est belle, la musique lors des séquences est bien trop envahissante, et si l’on ajoute à cela la voix off omniprésente à ces moments-là, ça donne quelque chose de lourd, et fait bien trop dans la démonstration à la place d’être dans une vraie ambiance de cinéma. Le manque de nuance et le côté trop et brouillon de l’ensemble respirent le premier film, où les deux cinéastes ont voulu trop en mettre. Après, il faut aussi dire que côté reconstitution, avec le savoir-faire et surtout l’aide matériel du Puy du Fou, le film de Mottez et Mignot a quand même du cachet, et pour certaines de ses scènes, il offre un bon spectacle, et comme je le disais, même si ses défauts sont là, et insistants, le film se laisse regarder avec un certain intérêt.

Tourné en dix-huit jours, avec un petit budget, je ressors de ce premier film made in Puy du Fou mitigé, partagé entre ses défauts qui prennent beaucoup de place et les maladresses du premier film. Mais malgré cela, je ne peux pas dire non plus que j’ai passé un mauvais moment. Non, le film est intéressant, l’idée et le parti pris de montrer cette guerre à la première personne et au travers d’un homme qui s’insurge contre la république naissance, a piqué ma curiosité et surtout, ne connaissant pas le personnage (et mal cette partie de l’histoire de France), « Vaincre ou mourir » n’a cessé de me donner envie d’aller jusqu’au bout. Certes, ce premier film n’est pas une réussite, mais il a le mérite d’essayer des choses, de proposer quitte à se planter et ne serait-ce que pour cela (et la curiosité qu’il a éveillée chez moi), je ne regrette pas de m’y être arrêté.

Note : 10/20

Par Cinéted

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