avril 20, 2024

Sacrifice

Titre Original : Moloch

De : Nico van den Brink

Avec Sallie Harmsen, Anneke Blok, Markoesa Hamer, Alexandre Willaume

Année : 2022

Pays : Pays-Bas

Genre : Horreur

Résumé :

Betriek, 38 ans, vit avec ses parents et sa fille au bord d’une tourbière dans le nord des Pays-Bas. Lorsqu’une nuit, la famille est attaquée par un inconnu, beaucoup de souvenirs enfouis remontent à la surface. Betriek entreprend de trouver une explication à la malédiction qui semble frapper sa famille. Plus elle creuse, plus elle est convaincue d’être traquée par quelque chose d’ancien…

Avis :

On ne peut pas vraiment dire que les Pays-Bas soient une terre où l’horreur est à l’honneur. Si on connait bien Dick Maas et son amour pour le genre, peu de réalisateur venant du pays des tulipes a réussi à s’imposer à l’international. Excepté Verhoeven, mais c’est un cas à part, puisqu’il est parti aux States pour s’amuser un peu plus par la suite. Nico van den Brink est un nouveau venu dans le monde du septième art, et Sacrifice est son premier film à voir le jour chez nous. Précédé d’une bonne presse et d’avis plutôt élogieux de la part des amateurs de flippe, il était de bon ton de se lancer dans ce long-métrage qui, selon les punchlines, lorgnerait du côté de Hérédité. Et on le sait, souvent, ces phrases toutes faites sont là pour attirer le chaland, et peu sont vraies. Est-ce encore le cas ici ?

L’histoire se déroule dans la campagne néerlandaise, avec une femme qui vit chez sa mère, avec sa petite fille. Autour de cette maison, c’est ce que l’on appelle la tourbière, et une équipe de recherche trouve des cadavres anciens mais parfaitement conservés. En même temps, deux personnes vont trouver la mort en creusant des trous autour de la maison. Un soir, un homme connu du village vient attaquer la famille, réveillant alors des secrets enfouis depuis longtemps, et surtout, une vieille légende folklorique, cette de la Feike. Très clairement, Sacrifice va à fond dans le film d’horreur à tendance folklorique, avec ce qu’il faut de mythe, légende et autre créature qui aime hanter les vivants. Afin de donner du poids à ce récit, le scénariste va alors mettre en avant une famille plutôt dysfonctionnelle, qui semble se méfier de tout, et de tout le monde.

« L’atmosphère est vraiment très travaillée et il y a un superbe travail autour de la photographie. »

Il faut dire que le début n’est pas forcément joyeux. On retrouve une petite fille qui s’enferme dans un placard, et qui va se faire arroser de sang à travers les lattes du plancher. Une introduction percutante qui pourrait nous faire penser à un mari violent et à un premier thème malin autour du patriarcat et des féminicides. Mais rapidement, le film va vers autre chose et présente une mère de famille veuve, qui vit chez ses parents, et tout n’est pas forcément rose. Outre la perte de son mari, sa mère fait des crises et devrait suivre un traitement lourd, alors que son père a un penchant pour l’alcool et dresse des pièges autour de sa maison pour capturer d’éventuels rôdeurs. Bref, un portrait dépressif qui permet d’appuyer une ambiance lourde et presque poisseuse. C’est d’ailleurs là l’un des points forts du film.

En effet, si l’histoire est assez balourde et peine vraiment dans son milieu (on y reviendra), l’atmosphère est vraiment très travaillée et il y a un superbe travail autour de la photographie. Cette maison isolée au milieu de tourbière a tous les ingrédients pour nous inquiéter, et le choix d’une lumière rouge, avec un petit filtre jaunâtre, donne vraiment une aura toute particulière. On sent qu’il se passe des choses pas nettes là-dedans, et encore plus lorsqu’on nous présente les habitants. Ce constat gratifiant autour de l’ambiance va tenir sur toute la durée du film, même dans les moments moins forts et plus intimistes. Le seul défaut que l’on pourra trouver ici, c’est la représentation de la fête païenne qui n’est pas assez présente. Hormis un défilé, on n’a rien à se mettre sous la dent, et c’est bien dommage.

« Le plan final est marquant, montrant un certain nihilisme, une inéluctabilité dans la malédiction qui touche cette famille. »

C’est d’ailleurs à cause de cela que la comparaison avec Hérédité se justifie, dans une sorte de rite folklorique et d’une menace familiale qui ne se tarit jamais. Mais globalement, ça s’arrête là, car le film de Nico van den Brink va souffrir d’un rythme beaucoup trop lancinant et d’un ennui qui va s’insinuer petit à petit en nous. En fait, si l’on regarde bien, il ne se passe pas grand-chose durant une très grosse moitié du film. On a droit à l’héroïne qui discute avec le chercheur, qui raconte un peu sa vie et son passif, puis d’une amitié on passe à une amourette qui aura pour conséquence de faire des recherches autour de la Feike. Bref, rien de bien engageant, d’autant plus que tout cela se mélange dans l’histoire, au point que parfois, c’est difficilement compréhensible.

Fort heureusement, la fin rehausse un peu le tout. On plonge drastiquement dans une horreur plus frontale, avec de l’action et un passage assez glauque. On aura droit à un rituel sanglant et à des images qui restent en tête, avec un joli travail sur la lumière, mais aussi sur la créature que l’on va découvrir. Il est dommage que tout cela n’intervienne qu’à la toute fin du métrage, car il y avait vraiment de l’idée. Et le plan final est marquant, montrant un certain nihilisme, une inéluctabilité dans la malédiction qui touche cette famille. On ne peut que regretter que tout le film ne soit pas du même tonneau, instaurant trop peu de tension avec des personnages empathiques, mais qui manquent de poids et de charisme. Le film aurait été bien plus fort avec des séquences horrifiques parsemées sur toute la durée.

Au final, Sacrifice n’est pas un mauvais film, mais il pêche par un manque de vie et de personnages forts. Si l’ambiance est parfaite et que la réalisation est étonnement plaisante pour un premier film, il n’empêche qu’il manque de l’énergie au film pour pleinement nous embarquer dans son histoire de fantôme. Dans les faits, on est plus proche d’un Ti West que d’un Ari Aster, et il faut se préparer un bon café avant d’entamer ce voyage plus ou moins cauchemardesque dans la campagne néerlandaise. Pas désagréable donc, mais avec un long ventre mou qui peine à nous convaincre…

Note : 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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