avril 28, 2024

L’Echo du Grand Chant – David Gemmell

Auteur : David Gemmell

Editeur : Bragelonne

Genre : Fantasy

Résumé :

Grâce à des cristaux magiques, les Avatars étaient devenus immortels et s’étaient proclamés rois d’un empire gigantesque. Mais suite à un séisme d’une ampleur phénoménale, un raz de marée a recouvert la majorité de leur territoire. Ce fut alors le début d’une ère de glaciation, et la fin des cristaux.
Aujourd’hui, l’empire se meurt et les Avatars avec lui. Devant ce déclin, les peuples qu’ils avaient jadis asservis se soulèvent les uns après les autres.
Jusqu’au jour où deux lunes apparaissent dans le ciel et que les armées sanguinaires de la Reine de Cristal déferlent sur eux. Maîtres et esclaves doivent alors faire table rase du passé et s’unir face à l’ennemi commun.
Devant cette fin imminente, cinq personnages vont devenir des héros : Talaban, un guerrier avatar marqué par un passé tragique ; Touchepierre, un sauvage mystique à la recherche d’un amour perdu ; Anu, le Saint-Homme, Bâtisseur du Temps ; Sofarita, la jeune paysanne qui inspirera une légende ; et Viruk, le fou, qui aurait voulu être un dieu.
Ensemble, ils combattront le crépuscule, car perdu pour perdu, autant partir en beauté !

Avis :

On a souvent tendance à associer des auteurs à un style. Par exemple, Stephen King est de suite lié à l’horreur, alors qu’un Frank Herbert sera immédiatement mis en lien avec la science-fiction. Pour la Fantasy, on a rapidement le nom de Tolkien qui vient en tête, grâce au succès phénoménal du Seigneur des Anneaux, mais il n’est pas le seul à entretenir une sorte de culte dans ce genre. David Gemmell fait aussi partie des auteurs qui comptent dans ce domaine, grâce à des histoires comme Druss la Légende, Légende ou encore Waylander. Cependant, réduire un auteur à un seul genre est réducteur, et Gemmell va un peu en faire les frais avec des romans qui auront moins de retentissement que d’autres. On peut donc citer L’Echo du Grand Chant qui, sous ses airs de Fantasy classique, offre en fait un tout nouvel univers.

Il est clair que dès le départ, on a tendance à associer cela à de la Fantasy. On trouve un peuple dominateur, des Avatars, qui se considèrent comme des Dieux, car ils peuvent vivre presque éternellement grâce à des cristaux dont ils puisent l’énergie. Ils entretiennent des relations dominant/dominé avec le peuple Vagar, qu’ils considèrent comme des sous-hommes. Mais le problème, c’est que les cristaux se font rares, à cause d’une catastrophe climatique qui a forcé les Avatars à fuir leurs terres prospères. Et les choses se dégradent encore plus lorsqu’un nouveau peuple, provenant d’un univers parallèle, fait son apparition et se révèle aussi fort qu’eux. C’est dans ce contexte que David Gemmell va tisser les tenants et les aboutissants d’une guerre épique, qui trouve un écho dans un chant antique chanté par les peuples anciens.

Comme à son habitude, l’auteur raconte une histoire qui va devenir un immense champ de bataille, avec des personnages atypiques et des affrontements gargantuesques. Sauf qu’ici, il délaisse volontairement la Fantasy classique ou les mythes arthuriens pour tenter d’inventer un nouvel univers. On reste dans de la Fantasy simple, avec une absence de nouvelles technologies et des peuples qui vivent presque comme au Moyen-Âge, mais il y a quelques itérations intéressantes, comme ces cristaux magiques qui permettent de ne pas vieillir, d’utiliser de la magie ou encore de faire naviguer les bateaux et tirer des flèches explosives à l’arc. On obtient une sorte de mélange étrange entre de la SF rétrograde et une Fantasy connue, pour un résultat qui aurait pu laisser sur le carreau, mais qui permet en fait de brasser des thèmes intelligents.

Par exemple, le peuple Avatar est sur le déclin. Ils sont peu nombreux, mais maintiennent un simulacre d’autorité sur les peuples vagars, en les rabaissant, en les menaçant ou encore montrant leur puissance suprême. De ce fait, on tombe dans des rouages politiques qui seront remis en cause avec l’arrivée d’un envahisseur sanguinaire, proche cousin des avatars. Et de se rendre compte que sans ce peuple, les avatars ne sont rien. David Gemmell joue avec les codes de notre société, où les opprimés vont devenir les dirigeants, et les opprimants vont définitivement disparaître par sélection naturelle. On aura aussi droit à du mysticisme, avec les forces de la Nature, ou encore un sujet malin sur la puissance des anciens rites, qui sont toujours plus puissants que les nouveautés qui arrivent. Bref, sous ses airs de Fantasy simpliste, l’auteur raconte beaucoup de choses.

Et il est épaulé par des personnages charismatiques que l’on va rapidement apprécier. Talaban est un Avatar qui se remet en question et ne juge pas les autres peuples. Pour preuve, il adore Touchepierre, un sauvage mystique pour qui il va donner sa vie. Viruk est un Avatar plus capricieux, qui ne trouve son bonheur que dans la mort et la torture. On pourrait le croire insupportable, mais l’auteur lui confère une sorte de bonhomie inespéré et un background finalement plus complexe qu’il n’en a l’air. Quant à Sofarita, c’est peut-être le personnage le plus touchant. Cette femme, qui va s’unir au cristal et permettre aux héros de trouver la voie de la victoire, se révèle la plus humaine de tous, et la plus juste. Tout ce petit monde permet d’avoir une réelle implication dans l’histoire, même si parfois, on trouve des errances dispensables.

Au final, L’Echo du Grand Chant est un roman assez addictif et qui possède un univers singulier, mais dans lequel on rentre facilement. Il faut dire que la plume de David Gemmell est toujours aussi plaisante, et qu’il n’a pas son pareil pour ouvrir le champ des possibles dans des univers inédits. Sans être son meilleur roman pour autant, il n’en demeure pas moins un véritable plaisir de lecture, avec du fond, et une forme élégante, octroyant toutes ses lettres de noblesse à un page-turner de qualité.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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