avril 19, 2024

Une Famille en Vrille Saison 1

D’Après une Idée de : Hakan Günday

Avec Öner Erkan, Songül Öden, Haluk Bilginer, Ugur Yücel

Pays : Turquie

Nombre d’Episodes : 8

Genre : Drame

Résumé :

En proie à une crise existentielle, un architecte entame une double vie et devient punk. Mais il n’est pas le seul dans la famille à avoir ses petits secrets.

Avis :

Je n’arrive pas à trouver grand-chose sur Hakan Günday, si ce n’est qu’il est scénariste et de temps à autre musicien sur les films et séries sur lesquels il travaille. Débutant au début des années 2010, Hakan Günday travaille tout d’abord sur des courts-métrages, avant de créer en 2017 sa première série, « Sahsiyet« . La série est en douze épisodes et elle sera réalisée par Onur Saylak, qui est aussi le réalisateur de tous les épisodes de cette « … famille en vrille« . Par la suite, Hakan Günday travaille sur un film et une série, avant de créer sa deuxième série qui sera diffusée sur Netflix en 2022.

Arrivée discrètement sur Netflix depuis huit mois maintenant, « Une famille en vrille » est une série turque qui m’a tapée dans l’œil grâce à son affiche, avec ce punk et son immense crête rouge. Franchement, il ne m’en fallait pas vraiment plus pour jeter un coup d’œil à cette série, et je dois bien dire que je ne suis pas déçu. Décalée et terrible dans son fond, triste et drôle en même temps, absurde et essentielle, abordant le sens de la vie et de sa vie, « Une famille en vrille » est une belle surprise pleine de richesse qui se déguste à chaque instant.

Oktay, la quarantaine bien passée, a en apparence une très belle vie. Marié, père de deux enfants, Oktay est architecte et il a une très belle réputation dans son travail. D’ailleurs, il vient d’être choisi pour « construire » la plus grande et la plus moderne prison d’Europe. Bref, Oktay a tout, absolument tout, pour être heureux et pourtant, c’est très loin d’être le cas. On peut même dire qu’il a l’impression de passer à côté de sa vie, et pour pousser le curseur plus loin, il a l’impression d’être prisonnier de sa vie. Alors un soir, il décide de tout plaquer, et de partir loin.

Bon ça ne se fera pas, car un brouillard empêche les avions de décoller ce soir-là. Oktay retourne donc chez lui, et cette envie de partir, d’abandonner femme et enfants, va petit à petit le grignoter, et plus largement, Oktay va se rendre compte que tous ses actes et tous ses choix ont des conséquences.

Venue donc de Turquie, « Une famille en vrille » est une série qui ne fait pas de bruit, qui ne s’impose pas dans le catalogue Netflix et pourtant, cette première saison de huit épisodes de plus ou moins une cinquantaine de minutes chacun se pose comme un délice, qui se déguste quelque part entre un humour grinçant, des questions existentielles, et plus largement un drame familial touchant et profond, dont chacun des personnages tient une belle part, et surtout se fait intéressant.

« Une famille en vrille » est une série qui commence très simplement avec un père de famille perdu qui s’apprête à tout plaquer. De ce point de départ déjà vu, Hakan Günday et Onur Saylak vont ensemble créer et offrir une série intelligente, profonde, et au fur à mesure de ses épisodes, une série qui se fait de plus en plus touchante. Partant du personnage Oktay, « Une famille en vrille » va petit à petit nous faire découvrir chacun des membres de cette famille, et l’on va se rendre compte que tous finalement, se mentent, tous sont mal dans leur vie et tous ne communiquent pas entre eux. Savoureuse et tenant un ton décalé, ceci n’empêchera aucunement la série d’être profonde et d’aborder des sujets aussi beaux qu’importants et essentiels, en plus de se poser comme universelle.

Où se trouve le bonheur ? Que renvoie-t-on comme image à la société ? Les espoirs de la jeunesse qui s’entrechoquent à la vie d’adulte ? Puis il y a pour le père de famille cette idée de punk, souvenirs de jeunesse, avec des émotions élastiques, qui sans envahir sa vie totalement, le font mener une double vie, et grâce à elles, ce père de famille se sent bien (il y a une forte symbolique avec cette idée de construction d’une prison, lui-même étant prisonnier intérieurement, se libérant petit à petit, alors que dans sa vie de tous les jours, il travaille sur la construction d’un lieu de privation de liberté). La série parlera aussi du rapport au travail, de cette façon parfois que chacun peut avoir de mettre sa vie personnelle entre parenthèses pour son travail.

Plus loin encore, avec les autres personnages, cette « … famille en vrille » parle des femmes et de leur place en Turquie. La série aborde les générations et l’éducation, le fait de ne pas reproduire les faits, gestes et paroles des parents… Bref, la série est vraiment riche et elle traite très bien chacun de ses sujets. Puis le scénario tient très bien sa ligne rouge, dans le sens où avec tous ces personnages, elle se compose comme un meuble à tiroirs, et une fois qu’elle les aura tous ouverts, elle mènera tout son petit monde au même endroit, pour un final qui appelle au plus vite à une deuxième saison. Un final qui en un sens, peut être un parfait résumé de cette première saison, avec cette idée que personne, absolument personne, ne s’écoute.

« Une famille en vrille« , c’est aussi une très belle réussite dans son esthétisme. Si parfois on trouvera quelques petites lenteurs, sur l’ensemble, ces huit épisodes passent bien trop vite, et l’on se plaît à suivre ces personnages dans leur quotidien qui est très souvent fait de mensonges. Très bien filmé, avec des couleurs chaudes, Onur Saylak arrive très bien à jouer avec les genres et les émotions, passant de la comédie satirique et décalée au drame tragique et existentiel, qui de par son universalité, est capable de nous questionner nous-même. La série réussit très bien à passer d’une vie à l’autre, avec d’un côté le classicisme du travail, et de l’autre, ces déambulations nocturnes (au départ) de ce père habillé en punk. A noter aussi l’excellente BO qui s’invite à l’écran et qui arrive toujours au bon moment. Une BO pleine de couleurs, qui tient cependant une petite déception, car elle est moins punk que la série le lui demande.

Ce qu’il y a de très bon avec cette série, c’est aussi le fait qu’elle nous fasse découvrir de nouveaux talents et de nouveaux visages. D’ailleurs, c’est une des qualités de Netflix, car si la plateforme, pour beaucoup de ses films et séries qu’elle met en avant, peut décevoir, en parallèle dans son catalogue, elle est une vraie ouverture sur le monde, avec tout un tas de séries et films qui ne font pas de bruit et c’est bien dommage.

Ici cette « … famille en vrille » nous présente tout un tas d’acteurs et d’actrices, qui en plus de trouver de très bons personnages, nous fait découvrir tout un tas de talents. Songül Öden, Haluk Bilginer, Ugur Yücel, Umut Yesildag, Nilay Yeral, Biljana Jovanovska, Serkan Altunorak sont autant de comédiens et comédiennes qu’on prend vraiment plaisir à découvrir, même si devant eux, il faut bien l’admettre, il y a un acteur qui tient le haut de l’affiche et il est puissant d’émotions. Cet acteur, c’est Öner Erkan et dans le rôle d’Oktay, ce père de famille qui cherche à retrouver l’inconscience de son adolescence, et derrière ça, à échapper à la prison de sa vie tout en n’échappant pas à ses obligations de père et de mari est magistral, touchant, avec une fragilité qu’on a rarement vue.

Cette « … famille en vrille » est donc une très belle découverte, et ces huit épisodes, même si on peut y trouver de petites longueurs, sur son ensemble, entre rires et émotions, satire, profondeur, politique et décalages, finalement, on ne les voit absolument pas passer. Aller, vite, vite, vite, la saison 02 !

Note : 17/20

Par Cinéted

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