mars 29, 2024

Fatale

De : Deon Taylor

Avec Hilary Swank, Michael Ealy, Mike Colter, Damaris Lewis

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Un homme marié est plongé dans une conspiration meurtrière par une inspectrice de police.

Avis :

Certains acteurs ont des moments de gloire dans leur carrière qu’ils ne retrouveront quasiment plus par la suite. Et c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’actrice. Avec Hollywood, il semblerait que l’âge des comédiennes soit un critique de choix, puisqu’il est difficile pour certaines d’entre elles de trouver des rôles après quarante ans. On pense à Jennifer Garner, Jessica Biel ou encore Hilary Swank. Si cette dernière cartonne à ses débuts et confirme avec Million Dollar Baby, elle va avoir une petite traversée du désert par la suite, et on la retrouve désormais dans de petits films destinés au streaming. Pour preuve, Fatale est l’un de ses derniers films, et on le retrouve directement sur Netflix. Réalisé par Deon Taylor, il s’agit-là d’un thriller très classique, très balisé, et qui n’aura comme objectif marketing que de parler de Hilary Swank dans un rôle à contre-courant. Mais est-ce suffisant ?

On va suivre la vie d’un agent de sportifs, ancien champion de basket. On découvre qu’avec sa femme, ce n’est pas la joie et surtout, son associé veut revendre la boîte pour se faire un max de blé. Alors qu’il fête un enterrement de vie de garçon à Vegas, il va se taper une nana qu’il rencontre en boîte. En revenant chez lui, il se rend compte qu’il a fait une connerie et décide de se rabibocher avec sa femme. Manque de bol, au moment où ça devient chaud, il intercepte un cambrioleur chez lui qui essaye de le tuer. Il arrive à faire fuir l’assaillant et appelle la police. Il découvre alors que la femme avec qui il a couché à Vegas est l’inspectrice qui doit mener l’enquête, et que cette dernière n’a pas forcément toute sa tête. Tromperie, duperie, manipulation, voilà ce qui est au programme.

Si l’on regarde de plus près le script en lui-même, il est très hasardeux. Car quel est le pourcentage de chance de coucher avec une nana à Vegas qui est inspectrice par la suite à Seattle ? De plus, on va se rendre compte au fil du film qu’elle est clairement dérangée, qu’elle a des casseroles au cul, mais que cela ne l’empêche pas pour autant d’exercer son métier. Il faut donc passer ces écueils si l’on veut vraiment rentrer dans l’intrigue. Une intrigue qui tire en longueur et qui ne va aller en s’améliorant. Il faut dire qu’il y a peu de chose à se mettre sous la dent, si ce n’est un jeu du chat et de la souris entre le personnage principal et cette inspectrice, qui va dévoiler ses cartes à la fin du métrage, dans un élan manipulateur qui pue un peu du cul.

Pour preuve, elle se donne beaucoup de mal pour rentrer dans la tête de Michael Ealy, le faisant douter, le faisant boire, lui faisant découvrir l’adultère de sa femme avec son meilleur ami et associé. Forcément, on a presque envie de se dire que tout cela est pensé depuis le début, à Vegas, mais le hasard est bien trop important pour convaincre. De plus, l’histoire de cette inspectrice n’est pas crédible. La bavure dont elle est à l’origine concernant sa fille est grossier et a tendance à plus montrer le père comme un tyran pourri, qu’elle comme une flic alcoolique et dangereuse. Bref, il y a tout de même de grosses scories dans le récit, ce qui fait que l’on se fout un peu de ce qui se passe, et on n’y croit pas un seul instant. D’ailleurs, les personnages sont un vrai problème.

Outre le « héros » qui deviendra la victime qui a des regrets après avoir tiré son coup, on flirte constamment dans un monde de connards et de morues. La femme de ce dernier est une profiteuse, qui trompe son mari avec le meilleur ami de celui-ci, cherchant à peine à se cacher, snobant son époux. On aura aussi droit à l’associé en question, qui se moque pas mal des états d’âme de son ami et qui veut à tout prix vendre la société pour se faire de l’argent. Un salopard égoïste qui ne pense qu’à lui, et n’hésite pas à insulter les membres de la famille de son pote, son cousin à l’occasion. D’ailleurs, ce dernier est ridicule, sorte de petit gangster fidèle à sa famille, mais qui ne servira qu’à l’occasion d’une scène au dénouement un peu débile.

Mais difficile d’oublier la pauvre Hilary Swank dans un rôle un peu ridicule, qu’elle ne sait comment jouer. C’est bien simple, l’actrice semble perdue sur le plateau de tournage, et a plus le regard dans le vide que l’envie de vraiment nous percuter. De plus, il s’agit d’une femme manipulatrice et mauvaise, et on va tout le temps nous la faire passer pour une victime, qui cherche juste une tête de turc pour retrouver la garde de sa fille. Il y a un gros problème de traitement qui, à quelque part, tente de nous faire ressentir de l’empathie et de la pitié pour une nana qui est tout simplement malade. Le procédé est dérangeant, et ne fonctionne pas, puisque on n’aura aucune sollicitude pour cette femme qui mérite vraiment son sort, même si elle en a bavé dans sa vie.

D’un point de vue mise en scène, on est aussi dans un truc linéaire et sans aucune réelle surprise. Deon Taylor a déjà prouvé qu’il était un piètre réalisateur et il continue de le confirmer ici. Si son film est plat et se suit avec un désintérêt poli, sa façon de filmer est à la hauteur de l’histoire, n’arrivant pas à passionner ou à trouver un intérêt quelconque. Il y a bien une recherche dans la photographie, avec des couleurs violettes prononcées, mais cela ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à caractériser la vie bling-bling de l’agent, qui sera victime du complot. C’est la même chose au niveau des plans, qui ne sont pas vilains, mais qui ne cherchent pas non plus le beau, mais à être factuels. Bref, même là-dessus, on ne peut pas vraiment se rattraper.

Au final, Fatale est un thriller soporifique qui n’arrive jamais à se sortir d’une certaine torpeur. Si l’idée d’une inspectrice rongée par la perte de sa fille et qui veut se venger de son ex-mari en manipulant un pauvre quidam est bonne, force est de constater que Deon Taylor n’en fait vraiment rien. On se retrouve donc dans l’attente que le film démarre vraiment, pour n’avoir d’un pauvre gunfight dégueulasse et mou dans un ascenseur, avec en prime une morale douteuse sur la fin. Bref, un film transparent et sans aucun intérêt.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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